News - 06.03.2013

Décidément, le parti de Rached Ghannouchi n'est plus ce qu'il était

 L'élu d'Ennahdha à l'assemblée nationale constituante, Abou Yaarab Marzouki a annoncé mercredi sur sa page facebook sa démission de l'ANC. Cette décision a été confirmée par Ennahdha sur son site officiel. Il a été immédiatement remplacé par Warda Turki, candidate de ce parti sur la liste  de la circonscription de Tunis I.

Sur sa page facebook, Marzouki s’en prend vivement à son ancien parti qu’il accuse d’avoir tourné le dos à ses principes qui consistent selon lui «à libérer l’appareil de l’Etat et à respecter le principe de l’égalité entre les citoyens dans l’exercice des fonctions, à l’exception des postes politiques qui sont liés à l’alternance au pouvoir». Il a précisé à cet égard qu’Ennahdha, en agissant de la sorte, ne fait que consacrer des pratiques qui consistent à combattre le mal par le mal et à distribuer le butin  au sein du gouvernement, aux proches et aux amis sans tenir compte du principe «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut», ajoutant que si ce principe avait été appliqué, nombre de ministres du gouvernement sortant n’auraient pas été reconduits  dans le nouveau cabinet.. Il a enfin reproché à la direction actuelle du mouvement de ne pas suivre les conseils qui leur sont donnés».

C’est assurément un coup dur pour Ennahdha, pour plusieurs raisons : d’abord, si l’on excepte le cas de l’élue, Fattoum Attia qui a démissionné puis s’est rétractée devant les pressions dont elle a fait l’objet, M. Marzouki est le premier élu d'Ennahdha à présenter sa démission du parti, de l’ANC et même de son poste de ministre-conseiller. Son départ fait voler en éclats cette vision idyllique d’un parti pas comme les autres, celle d’une grande famille où règne une osmose parfaite entre les militants et la directionEnsuite, Marzouki n’est pas un militant comme les autres. C’est un brillant universitaire qui bénéficie d’un prestige certain au sein du mouvement au point d'y exercer un véritable magistère.

Quand on sait que ce départ intervient après la démission de Hamadi Jebali,  les critiques acerbes de Cheikh Mourou contre la direction et les prises de position de Samir Dilou, on se dit que, décidément, le parti de Rached Ghannouchi n’est plus ce qu’il était.

Hédi