News - 01.03.2013

Il n'est pas interdit de rêver : le mouvement Ennahdha est-il en train de changer ?

Que les sondages en Tunisie ne soient pas très fiables, personne n’en disconvient pas, mais le fait qu'ils indiquent tous une progression régulère de Nida Tounès au détriment d'Ennahdha donne à penser qu'il s'agit d'une tendance lourde.

C’est la première fois depuis la révolution qu’un parti tient la dragée haute à Ennahdha. Et dire que celui-ci, après sa victoire électorale en octobre 2011 se voyait déjà au pouvoir pour « trente ans au moins ».Très tôt, Ennahdha a essayé d'enrayer cette progression en multipliant les coups bas contre ce parti. Derrière les réactions du genre « ces chiffres ne valent pas grand chose», se cachait pourtant une réelle inquiétude. Ce parti comptait sur une majorité confortable aux prochaines élections pour imposer son projet de société et parachever le contrôle des institutions de l'Etat. Or voilà qu’un parti que personne n’attendait se présente comme une alternative crédible. Mais au fond, l’émergence d’une deuxième grande formation politique ne ferait que renforcer la démocratie dans le pays. Car on aurait beau s’entourer de tous les garde-fous possibles .La prédominance d'un seul parti équivaudrait à une porte ouverte à tous les dérapages, à toutes les tentations totalitaires. C'est dans la logique du système. D’ailleurs, depuis une année, le Mouvement Ennahdha ne s’est pas fait faute d’abuser de sa position dominante pour pratiquer l’entrisme sur une grande échelle. Le régime du parti dominant  n’est finalement qu’un ersatz du parti unique. L'antichambre de la dictature. Ennahdha serait bien inspirée d'en prendre son parti au lieu de chercher par tous les moyens à ostraciser son adversaire.

On a cru déceler à travers l'initiative de Jébali ou les déclarations de ses dirigeants d'Ennahdha , ses derniers temps, comme une remise en question, un changement dans le ton et parfois même dans le fond concernant  notamment Nida Tounès, présenté désormais comme un acteur incontournable de la vie politique, en attendant d’être considéré comme un interlocuteur valable. Peut-être, sont-ce les prémices de changements plus profonds au sein d'Ennahdha. Tout cela pourrait certes relever du double langage auquel nous avaient habitués les responsables nahdhaouis. Mais il n'est pas interdit de rêver...

HB


 

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