News - 01.03.2013

Hamadi Jebali : quitter Ennahdha, cela dépend de nous deux

« Quitter Ennahdha, la décision en revient à Hamadi Jebali et à Ennhadha », a fini par lâcher le chef du gouvernement démissionnaire et secrétaire général du parti au pouvoir. Maintes fois relancé par Wassim Ben Larbi qui l’interviewait vendredi matin sur Express FM, Jebali a déclaré : « je passe par une période de réflexion et de meilleure compréhension de la situation sans que cela me dispense d’un rôle utile au service de mon pays ».
Il souligne cependant qu'il aujourd'hui une idée fixe, la réussite de la formation du nouveau gouvernement conduit par son successeur Ali Larayedh.

« Les hésitations ne doivent pas se prolonger, dit-il, la situation ne le permet pas et le pays ne peut plus attendre. Saper la composition du nouveau gouvernement, ce n’est pas bloquer Ennahdha mais compromettre les chances de la Tunisie tout entière, en cette phase très délicate ». Comment peut-il contribuer à l’aboutissement réussi du nouveau gouvernement ? « En prêtant conseil à ceux qui me le demandent, de tous les partis, y compris Ennahdha, répond-il. Je ne m’établi pas en bureau de consulting politique et je me suis engagé à ne pas faire de déclarations, à ne pas intervenir ni essayer de revenir au gouvernement d’aucune manière que ce soit, mais j’œuvre pour soutenir la composition du nouveau cabinet ».

La Tunisie n’est pas l’Iran et Jebali est Jebali et non Bani Sadr

Jebali serait-il le Bani Sadr de la Tunisie ? La réponse immédiate : «La Tunisie n’est pas l’Iran et Jebali est Jebali».
Nourrit-il une ambition présidentielle et y fait-il campagne ? « C’est prématuré, répond-il. Je n’y pense pas. Ma plus grande préoccupation, actuellement, c'est le passage du témoin à l’équipe va prendre la relève. Certains m’on prêté cette intention suite à ma visite au marché de gros. D’ailleurs, je voulais me rendre à Gabès, présenter mes condoléances aux familles de la grippe porcine, mais j’ai dû y renoncer pour ne pas en rajouter aux rumeurs. Aujourd’hui, s’il y a campagne à faire, c’est «pour voter Tunisie ».

Au micro, Wassim Ben Larbi s’évertue à lui arracher le scoop de sa vie : sa rupture d’avec Ennhadha et sa candidature aux présidentielles. Avec son sourire énigmatique qui s’entend sur antenne, Jebali tranche : « Je fais confiance à votre intelligence, à votre perspicacité et votre lecture de la situation ».

Ennahadha se ralliera-t-elle à Jebali ?

Pas l’ombre d’un doute, Hamadi Jebali qui a pris son courage à deux mains et refusé d’accepter les conditions de son propre parti pour rempiler à la tête d’un nouveau gouvernement, réaffirme ses positions. Sans se prononcer encore sur un éventuel départ d’Ennahdha, il laisse entendre qu’il ne voudra pas s’aligner sur une ligne conservatrice, radicale, enfermée sur elle-même et exclusive.

Les lignes de frontières sont tracées : en attribuant sa décision finale aux deux parties concernées, c’est-à-dire Ennahdha et lui-même, il sous-entend, qu’il n’acceptera pas n’importe quoi. Ennahdha devra évoluer, se débarrasser de ses boulets, renoncer à certaines pratiques désuètes et épouser des positions de modernité et d’ouverture. Faute de quoi, Jebali s’en sentira affranchi pour envisager d’autres engagements politiques. Les dès sont jetés.