News - 24.02.2013

Nouveau contrat social UGTT - UTICA , tout repenser

Reprendre ensemble la construction de l’univers de l’entreprise en repensant les relations professionnelles, en rééquilibrant les rapports et en bâtissant une plateforme commune : l’impératif est fondamental pour l’UTICA, l’UGTT et le gouvernement. Pour Khalil Ghariani, M. Social au sein de la centrale patronale et l’un des principaux auteurs du nouveau contrat social signé en grande pompe  le 14 janvier, cet accord est précieux, surtout qu’il reposera sur une institution tripartite indépendante et autonome, sous forme d’un Conseil national de dialogue social qui sera créé cette année pour servir de cadre et de levier.

«Nous initions une expérience jusque-là inédite sur le continent africain et dans le monde arabe, dit-il, et nous devons la réussir. Tous les repères ont été changés par la révolution : explosion déchaînée des revendications, ce qui peut être compréhensible après de longues années de verrouillage des libertés et de noyautage politique du dialogue social, remise en cause de toute la législation du travail». Au lendemain de la chute de l’ancien régime, le contexte était bien particulier.

D’un côté, une UGTT triomphante auréolée d’un statut d’artisan significatif qui s’ajoute à tout son héritage militant et, de l’autre, une UTICA accablée, visée de toutes parts. Sur le terrain, le climat général de violence, de dérapage et de surenchère ne pouvait que frapper de plein fouet l’entreprise et menacer sérieusement ses fondements. D’urgence, il fallait essayer de tout rattraper, recadrer et repenser. La sagesse a fini par l’emporter: la nouvelle équipe de l’UGTT issue du congrès de Tabarka voulait ouvrir une nouvelle page à laquelle l’UTICA aspirait profondément. Et c’est ainsi que les équipes des deux centrales se sont mises au travail. Le gouvernement ne pouvait que s’en féliciter, proposant de s’y joindre.

Pas moins de six mois ont été nécessaires pour concevoir cet accord-cadre sous forme beaucoup plus de déclaration de principes et d’intentions que d’avantages spécifiques, rédigé en termes clairs mais ouverts, devant s’inscrire dans la durée. Il repose sur cinq grands chapitres, à savoir :
1. La croissance économique et le développement régional
2. Les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle
3. Les relations professionnelles et le travail convenable
4. La protection sociale
5. L’institutionnalisation du dialogue social.

La philosophie de ce nouveau contrat social, nourrie des valeurs de la révolution, mais aussi des exigences de la période à venir, a été exposée en préambule. Mais ce sont les dispositions opérationnelles qui retiennent plus l’attention. Un seul exemple suffit pour l’illustrer, la création d’un fonds d’assurance contre la perte d’emploi. Ni assurance chômage classique, ni simple assistance, mais une véritable assurance financée par les partenaires sociaux qui protège le salarié et déculpabilise l’employeur.

Comment se fera sa mise en œuvre? «A deux niveaux, explique Khalil Ghariani. Le premier concerne la Commission des 15, formée à raison de 5 représentants des trois parties signataires, qui continuera à se réunir pour traiter les affaires courantes et surtout les dossiers urgents, tels ceux des régimes de retraite et autres. Le deuxième niveau est celui de la préparation de la création du conseil national du dialogue social et du lancement des chantiers prioritaires.»

«S’agissant du fonds d’assurance contre la perte d’emploi, par exemple, explique Ghariani, il va falloir initier dès à présent les études actuarielles  et il en est de même pour nombre d’autres études nécessaires pour repenser l’intermédiation du marché du travail, la protection sociale, la formation des qualifications et compétences, les modèles de relations de travail et autres. Courant février, le coup d’envoi de la mise en œuvre sera donné. C’est ainsi qu’une mission d’experts du Bureau international du travail (BIT) se rendra à Tunis pour discuter ensemble l’agenda général.»

L’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), grande absente de ce contrat, y sera-t-elle associée à l’avenir. Ghariani regrette son absence du fait de son propre contexte interne mais espère qu’elle s’y joindra prochainement.


 

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