News - 06.02.2013

Ils ont tué Chokri Belaïd

Ils ont tué Chokri Belaïd. Le N°2 du Front populaire et chef du parti des patriotes démocrates, 49 ans, a été assassiné mercredi devant son domicile à Menzah VI, de quatre balles tirées à bout portant dans la tête et  la poitrine. Son meurtrier a réussi à prendre la fuite à moto avec un complice.

Il était 8 heures. Dix minutes plus tard, la nouvelle annoncée par les stations de radio, puis relayée sur les réseaux sociaux, se propage comme une traînée de poudre. D’abord  incrédules, les Tunisiens doivent se rendre à l’évidence.

Aussitôt, de violentes manifestations éclatent  à travers le pays. D’abord à Tunis,sur l'avenu Bourguiba, devant le ministère de l’intérieur où la police intervient pour disperser les manifestants à coup de gaz lacrymogène
des manifestations ont  lieu aussi à Sidi Bouzid, berceau de la « révolution », avant de gagner de proche en proche toutes les régions du pays. Les postes de police, les sièges de gouvernorat sont pris d’assaut, les sièges d’Ennahdha, incendiés.à Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax.

L'opposition a appelé à une grève générale, suspendu sa participation à l'assemblée constituante et réclamé la démission du gouvernement « parce qu’il avait perdu sa légitimité. Moncef Marzouki, a écourté une visite qu'il effectuait au parlement européen à Strasbourg et annulé sa participation au Sommet de l'organisation de la coopération islamique (OCI) jeudi au Caire. « Il y a une tentative de déstabilisation de mon pays », a dit Marzouki, « cet odieux assassinat n'a pas d'autre objectif que d'opposer la composante laïque à la composante musulmane de la société pour susciter le chaos », a-t-il ajouté.

Rached Ghannouchi, a déclaré que son parti était totalement étranger à cet assassinat. « les seuls auxquels profite cet assassinat, ce sont les ennemis de la révolution ».

Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, a condamné un « assassinat politique » et un coup porté à la révolution tunisienne ». Le meurtre de Belaïd est un assassinat politique et l'assassinat de la révolution tunisienne. en le tuant, ils ont voulu le faire taire », a-t-il dit.

A l’étranger, François Hollande a condamné l'assassinat « avec la plus grande fermeté ».

« Chokri Belaïd s'est engagé tout au long de sa vie publique dans les combats pour la liberté, la tolérance et le respect des droits de l'homme avec cette conviction profondément enracinée en lui que le dialogue et la démocratie doivent être au coeur de la nouvelle Tunisie"

Pour leur part, les Etats Unis ont exhorté «le gouvernement tunisien à mener une enquête juste, transparente et professionnelle, afin de garantir que les auteurs de ces actes soient traduits en justice conformément à la loi tunisienne et aux normes internationales».

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