News - 10.02.2009

Le développement du secteur bancaire maghrébin

Le réseau tunisien, le plus dense de la région

La Lettre d'informationde l'Union des Banques Maghrébines vient de publier une étude sur le secteur bancaire maghrébin. Il en ressort que ce secteur comptait fin 2007 108 banques et établissements financiers composés ainsi :
• 30 banques commerciales à capitaux nationaux publics
• 32 à capitaux mixtes (publics et/ou privés et étrangers)
• 16 à capitaux totalement privés étrangers
• 20 sociétés de leasing et 10 établissements spécialisés.

Les banques à capitaux publics représentent encore 28% du secteur bancaire de la région et plus particulièrement en Libye malgré les efforts de privatisation. Le paysage bancaire maghrébin a beaucoup changé ces dix dernières années et les banques à capitaux privés ou associant des partenaires étrangers prédominent avec un total de 50 sur 78 banques agréées. Les banques à capitaux mixtes, publics et privés étrangers ou privés étrangers et privés locaux, sont les plus nombreuses en Tunisie. L’évolution du système bancaire maghrébin est due essentiellement au cadre légal très incitatif mis en place en matière d’investissement dans le secteur bancaire et financier d’une part et à la taille du marché de la région et de ses besoins économiques d’autre part.

Les réalisations du secteur bancaire maghrébin sont très encourageantes pour le développement économique de la région
Pour cette étude, 62 banques sur les 78 agréées ont répondu aux questionnaires ou ont transmis leurs rapports de gestion. Ce nombre, qui regroupe les plus grandes banques de la région, est assez significatif pour apprécier le secteur sur la base des données arrêtées à la fin de l’année 2007

  • Les 62 banques étudiées disposent de 5.131 agences et emploient un effectif de 84.756 agents dont 21.241 femmes seulement soit 25% du total des effectifs. L’Algérie et la Tunisie, avec respectivement 12.126 et 5.863 employées, arrivent en tête en réalisant des taux de 38% et de 34% des emplois féminins.
  • Le personnel informaticien représente seulement 2% des effectifs ce qui semble très insuffisant en rapport avec les besoins de modernisation des systèmes d’information et de gestion des banques.
  • L’effectif type par guichet est le plus élevé en Algérie avec une moyenne de 28 agents contre 24 en Libye, 22 en Mauritanie, 16 en Tunisie et seulement 11 pour le Maroc ; la taille des effectifs par guichet se répercute inévitablement sur les performances de la banque.
  • Le réseau bancaire marocain est le plus dense avec 2.632 agences soit 51% de l’ensemble, suivi de l’Algérie (1.131 agences) et de la Tunisie (1.102). Rapporté à la taille du marché, le réseau algérien est le moins développé de la région. En termes de bancarisation, l’Algérie compte une (01) agence pour 31.000 habitants, le Maroc une (01) agence pour 12.540 habitants et la Tunisie qui se place en première (1ère) position compte une (01) agence pour 9.530 habitants.
  • Les banques de la région qui ont fait l’objet de l’étude ont totalisé un bilan de 212.828 millions USD en évolution de 24 % par rapport à 2006.
  • Les dépôts de la clientèle ont atteint le montant de 163.035 millions USD contre 130.242 millions USD en 2006 et les encours de crédits à la fin de l’année 2007 sont de 108.276 millions USD.
  • Le taux de transformation (ou d’intermédiation) a atteint 66% en 2007 et est en baisse de 2 points par rapport à 2006. La distribution de crédits est la plus faible en Algérie (moyenne de 53%), le Maroc se situe à un niveau de transformation de 68% et la Tunisie à 96%.
  • Le ratio de solvabilité - rapport fonds propres/crédits - est de 16% en moyenne en léger dépassement du ratio de 8%. Ce ratio se situe à plus de 60% pour la Mauritanie, entre 30 et 35% en Libye et autour de 14% pour le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.
  • En ce qui concerne les performances, la rémunération des fonds propres est en moyenne de 23% pour la région. Le ROE est en évolution rapide au Maroc et enregistre 32% en 2007 contre 26% en 2006, il est constant en Algérie avec 28% et il se situe autour de 10% pour la Tunisie et la Mauritanie.
  • Le ROA, quant à lui, est de 2% en Algérie et au Maroc et de 1% pour la Tunisie.
  • La carte bancaire connaît un développement très significatif dans la région; les cartes émises par le système ancaire passent de 2,6 millions d’unités en 2006 à 3,5 millions en 2007. Les sociétés de monétiques annoncent 4,9 millions de cartes émises par les banques à fin août 2008 en excluant les services de la Poste et les cartes privatives.

Les pays qui sont les plus en avance sont le Maroc (59% du total des cartes émises, soit 2,07 millions) et la Tunisie (1,1 million, soit 31%). La monétique est en montée de cadence en Algérie (273.000 unités) et en démarrage en Libye et en Mauritanie.
Les banques leaders dans le domaine de la monétique sont la Banque Centrale Populaire, la BMCE et Attijariwafa Bank au Maroc, la BIAT et la Banque de l’Habitat en Tunisie, le Crédit Populaire d’Algérie et la Société Générale en Algérie.

  • Le développement de la carte bancaire est lié à la taille et à la configuration du réseau de guichets et distributeurs de billets d’une part et de la densité du réseau de commerçants acceptant d’autre part. Le parc de DAB et GAB installé par les banques dépasse actuellement les 4.500 unités et atteindra 5.700 unités à la fin de l’année en cours.
  • La place des banques maghrébines en Afrique
  • Vingt (20) banques maghrébines apparaissent en bonne place dans le classement africain des 200 grandes banques qui a été établi en octobre 2008 par « The Africa Report» sur la base du seul critère « total bilan ».
  •  Parmi les banques maghrébines classées se trouvent sept (07) banques marocaines, six (06) tunisiennes, cinq (05) algériennes et deux (02) libyennes. En tête se place la Banque Extérieure d’Algérie (BEA) suivie du Crédit Populaire du Maroc (BCP), d’Attijariwafa Bank, de la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE) et la Banque Nationale d’Algérie (BNA).
  • Les sept (07) banques marocaines totalisent un bilan de 76 milliards de dollars US sur un total de 166 milliards des 20 banques classées soit 46%, les cinq (05) banques algériennes totalisent 63,5 milliards (38%) et les six (06) banques tunisiennes 20,2 milliards (12%). Les performances des grandes banques du Maghreb
  • Le montant des dépôts collectés par les vingt (20) premières banques de la région a atteint 130,6 milliards de dollars US à la fin de l’année 2007 représentant 80% de l’ensemble des dépôts d’un montant de 163,1 milliards de dollars US collectés par les 62 banques étudiées.

La Banque Extérieure d’Algérie vient en tête avec 27,5 milliards de dollars US collectés, suivie du Crédit Populaire du Maroc (17,1 milliards de dollars US), Attijariwafabank (16 milliards de dollars US), BMCE (10,8 milliards de dollars US) et Caisse d’Epargne et de Prévoyance (9,4 milliards de dollars US).

  • L’encours des crédits accordés par ces banques a atteint, quant à lui, 81,2 milliards de dollars US sur 108,2 milliards de dollars US soit 75%. Les mêmes banques se trouvent en tête pour ce qui concerne la distribution des crédits : Crédit Populaire du Maroc (11 milliards de dollars US), Attijariwafabank (10,1 milliards de dollars US) et BEA (9,6 milliards de dollars US).
  • Le taux de transformation moyen est de 62%; ce taux est de 132% pour le Crédit Immobilier et Hôtelier marocain et de 126% pour la Banque de l’Habitat de Tunisie, ce qui laisse supposer que ces deux établissements bénéficient de soutiens financiers publics. Par contre, trois (03) banques algériennes (CNEP, CPA et BEA) et une (01) banque libyenne (Wahda bank) enregistrent des taux d’intermédiation inférieurs à 50%.
  • Les vingt (20) premières banques maghrébines ont réalisé un PNB de 5,55 milliards de dollars US sur un total de 7,9 milliards de dollars US réalisés par l’ensemble du système bancaire de la région, soit 70%.
  • Cinq (05) banques se partagent les premières places en termes de PNB dans le Maghreb : Crédit Populaire du Maroc (16%), Attijariwafabank (14,5%), BMCE (10,5%), Banque Extérieured’Algérie (9,2%) et Banque Nationale d’Algérie (7,3%).
  • Les cinq banques qui ont réalisé le meilleur ROE sont : Crédit Populaire d’Algérie (36%), Crédit du Maroc (34,5%), BMCI (30%), Soc Gén Marocaine de Banques (21%) et la Banque Extérieure d’Algérie (19 %). Les données détaillées sur le secteur bancaire maghrébin sont sur le site de l’UBM :  www.ubm.org.tn

Les missions  de l'Union des Banques Maghrébines

L’Union des Banques Maghrébines (UBM) est une association professionnelle régionale qui regroupe les banques des cinq (05) pays du Maghreb et dont le siège est à Tunis.

Les missions de l’UBM s’insèrent dans les objectifs d’intégration économique fixés par l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et visent à :

  • étudier toutes les questions relatives aux activités bancaires et financières et faire des recommandations aux autorités de régulation des pays du Maghreb,
  • oeuvrer à la coordination et à l’harmonisation du cadre légal et organisationnel des activités bancaires et financières,
  • mettre en relation les banques et établissements maghrébins dans le cadre de projets de coopération et partenariat, développer les relations professionnelles avec les institutions et les associations bancaires et financières régionales et internationales.

A ce titre, l’UBM s’assigne comme objectif de participer à la promotion de l’intégration bancaire et financière maghrébine en contribuant à :

  • développer des services communs aux banques et établissements financiers maghrébins,
  • engager des actions spécifiques de formation et de perfectionnement du personnel bancaire d’encadrement,
  • diffuser de l’information sur les nouveaux produits bancaires, sur les nouvelles règlementations applicables ou en préparation et sur les travaux menés par les commissions techniques de l’Union.

L’adhésion à l’Union est libre et ouverte à toutes les banques et les établissements financiers agréés et résidant dans les pays du Maghreb : banques, caisses de développement, sociétés et organismes d’investissement, sociétés de financement (leasing, factoring…) et d’épargne, associations professionnelles et toute autre société (monétique..) ou organisme admis par l’Assemblée Générale.