News - 19.01.2009

Opticiens : Un secteur opaque ?

Myopes, s’abstenir ! Comment peut-on voir plus clair dans le secteur de l’optométrie ? Quel est le nombre des opticiens (diplômés) installés en Tunisie ? Y aurait-il aussi des opticiens non diplômés, tolérés ou exerçant illégalement ? Quel est le chiffre d’affaires du secteur? A combien s’élèvent nos importations en lunettes, verres et lentilles de contact ? Comment s’organisent les filières d’importation et de distribution ? Et la formation des opticiens ? Souffre-t-on de la concurrence déloyale du marché parallèle ? Y a-t-il danger pour la santé optique du Tunisien et pour sa poche ? Autant de questions et d’autres attendent réponse.  

Certes, la Chambre syndicale nationale et ses sections régionales s’emploient depuis ces dernières années à dresser l’état des lieux et à émettre les recommandations appropriées. Certes, un salon professionnel, Visual Expo, s’efforce depuis 2002, de dépasser le simple cadre commercial de l’exposition des nouveaux modèles et des équipements et outillages, pour engager le débat autour de ces questions cruciales.Mais, faute de registre professionnel complet et actualisé, et d’étude sectorielle approfondie, nous demeurons dans le flou, ce qui est paradoxal pour un secteur dont la finalité est, notamment, de permettre à ses clients d'avoir une meilleure visiblilité. Tout ce que l’on sait, c’est que le nombre des opticiens ayant pignon sur rue serait de l’ordre de 500, voire même de 600. Avec une moyenne (très basse) annuelle de 50 000 D de chiffre d’affaires par personne, le secteur pèserait aux environs de 25 à 30 MD. La liste des importateurs serait forte de … quelques centaines, entre petits et grands. La formation, jadis à l’étranger, est désormais, possible en Tunisie, dispensée par 4 institutions supérieures, au moins.

Prothèse et/ou Accessoire de mode?

Si les prix sont libres, y a-t-il des prix de référence ne serait-ce que pour les verres, afin que professionnels et clients puissent s’y retrouver ? Pas encore, nous dit-on. Quant au fameux syndrome de « Sidi Boumendil », synonyme du marché parallèle, il pèse encore de son poids, imaginaire et effectif.

Le marketing agressif a gagné le secteur, ces dernières années, comme en témoignent d’une part, les campagnes de communication pour les lunettes de soleil déployées par de grandes marques et, d’autre part, la multiplication de magnifiques magasins soigneusement agencés et l’émergence de nouvelles enseignes multi-boutiques qui s’installent progressivement dans les grandes villes. Les marques rivalisent de séduction. La prothèse oculaire devient accessoire de mode et vecteur de look. Les prix flambent et la contrefaçon s’en empare. Cela concerne les lunettes et, plus grave,  les verres et  les lentilles. « Pas de problème, disait il y a quelques temps, un revendeur. N’ayez  aucune crainte sur les délais et les  coûts. J’envoie votre prescription par mail a mon fournisseur à Taiwan, et nous recevrons vos verres, progressifs et antireflet  dans moins d’une semaine, par DHL, le tout à un prix dérisoire, »

Une meilleure connaissance et organisation du secteur est cependant très utile. Soumis à la double tutelle des Ministères du Commerce et de la Santé, dont la rigueur est de mise, il pourra mieux se restructurer pour se développer, s’étendre à toutes les localités, offrir davantage d’emplois et assurer de meilleures prestations, dans l’intérêt du consommateur.

La prochaine session de Visual Expo 2009, le « salon des professionnels de l’optique, de la contactologie et de l’optométrie » qui se tiendra du 20 au 22 février 2009 à la Charguia, offre une belle occasion pour en parler. Habituellement organisé à Yasmine Hammamet au printemps, ce grand rassemblement qui draine de nombreux visiteurs tunisiens et des pays voisins qui va se rapprocher, cette année, de la capitale se tiendra désormais en février. Ses organisateurs entendent prendre les problèmes du secteur à bras le corps. Si le programme des manifestations parallèles n’est pas encore révèlé sur le site (www.visual-expo.com ),  ils ont confirmé à Leaders, qu’outre les manifestations purement scientifiques,  les questions professionnelles ne seront pas omises. Une bonne initiative qui mérite le suivi et le soutien des autorités de tutelle, ainsi que celle de l’Organisation de Défense du Consommateur.