News - 24.08.2012

Youssef Seddik: Encore une lettre à un(e) inconnu(e) intelligent(e) parmi nos gouvernants provisoires

Je crois avoir parlé déjà, ici même, de ce philosophe antique du nom de Diogène dit le Cynique dont les exploits, gestes ou pensées, brisent tant de lieux communs et de bêtises, dénoncent tant de laideurs dans la Cité, sans rien demander à personne, surtout pas au tout-puissant Alexandre surnommé "Le Grand", son roi à l'époque, sinon qu'il s'écarte de son soleil et disparaît de sa vue !

Notre pays en ce moment ne laisse plus le choix aux acteurs et actrices las et simplement "honnêtes" égarés dans les méandres et les tourments de cette Révolution qui n'en finit pas de  mordre la poussière. Que faire d'autre, en effet, que de se retirer dans sa nudité protégée seulement par une amphore en guise de cache-sexe, d'allumer une bougie en plein jour pour chercher un homme, un vrai, de tendre la main aux muettes et sourdes statues du musée, rien que pour se rendre supportables l'indifférence et les silences de ces soi-disant vivants qui nous gouvernent ?

 Parlons, sans grand espoir d'être entendus, de la toute dernière "sortie" de ce "régime" qui s’est mis en place dès le lendemain du 23 octobre 2011 pour ne rien faire d'autre que fermer le jeu et dessiner son horizon à lui et celui des siens. Parlons de cette dernière qui m'implique et me concerne, membre de cette famille de Dar As-Sabah, et pour avoir été accueilli libre et responsable par sa prestigieuse équipe héritière et ses innombrables disciples… Comment accepter qu'un monument national tel que Dar As-Sabah soit aussi misérablement traité? Sans la moindre habilitée, sans la moindre annonce (…)

Le texte de protestation adressé par mes consœurs et confrères aux trois présidents (censés être le vrai pouvoir en cette phase de transition) et à l'opinion publique (censée arbitrer dans les vraies démocraties),  m'épargne  l'effort d'en rajouter. Mais s'il m'est permis d'apporter ma modeste pierre à la construction d'un débat que je souhaite encore s'ouvrir, je m'adresserais en petit Diogène, (nommément) à MM. Moncef Marzouki, Hamadi Jebali et Mustafa Ben Jaafar, mais aussi à celui par qui tous les scandales arrivent ou n'arrivent pas, s'il le veut bien, au Cheikh Rached Ghannouchi, pour leur faire, ma bougie à la main en ces jours de ciel éclatant et d'aveuglantes lumières, une suggestion : Pourquoi ne pas suspendre cette vilaine décision, le temps de lancer un appel à candidature sur projet et nommer une commission de gens du métier pour en choisir le meilleur, le plus imaginatif, le plus méritant en vue d'améliorer tirage, distribution et vente ; le plus tendu vers l'avenir dans une Tunisie fatiguée de la pensée unique et des mensonges sur ondes et colonnes ? Et pourquoi  empêcherait-on M. Lotfi Touati, jadis promu de l'IPSI (...) d'y participer et de concourir tout comme  les autres bons citoyens ?

Si, Messieurs les trois présidents, vous ne vous rendez pas à cette juste évidence, si vous ne parvenez pas à en convaincre Sa Transcendance politique, le Cheikh Rached, où voulez-vous que le citoyen et la citoyenne qui vous ont un jour élus, reconnaissent votre sens de l'honneur et de courage ? Vous tenez là une chance, la vôtre de vous reprendre enfin, mais aussi la chance de ce fol et impayable Diogène, puisqu'il aura trouvé enfin un homme qui, en chacun de vous, en vaut trois.

Youssef Seddik
 

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9 Commentaires
Les Commentaires
Moufida L. - 24-08-2012 15:05

Autant prêcher dans le désert!!! 'ââla min tâayet ya chraiet)

Gharbi - 24-08-2012 17:54

Ghannouchi dégage! qui a dit que les tunisiens avaient besoin d'un gourou? En faisant la revolution nous avons"tué le père" , plus besoin de tuteur, de parrain, de garant, de protecteur, les tunisiens refusent qu on les infantilise et entendent etre maitres de leur destin! Quand au journal essabah il y a fort a parier que ghannouchi avait déjà des vues sur ce journal du temps de Sakhr...

Mhamed Hassine Fantar - 24-08-2012 21:35

Diogène le Cynique refusa d'adresser la moindre requête à Alexandre de Macédoine dit le Grand.Il méprisait les richesses de ce monde et se détourne de toutes les conventions sociales. Cela dit, je soutiens le cractère pour ainsi dire sacro- saint de la liberté de la presse.Défenseurs de la liberté de la presse, unissez-vous et conjuguez harmonieusement vos efforts. Toutefois, méfiez-vous des exclusions! La corruption relève de la jusice. Toute liste noire en génère une autre avec la haine destructrice. Il faut éviter ce cycle infernal.

EMDE - 25-08-2012 18:09

Je rejoins notre philosophe islamique national dans ce qu'il a écrit ...maintenant..mais je me demande ou était-il quand la floppée de scribouillards de Dar Esaabah ont commencé à vanter les mérites du régime et...de Sakhr El Matri.... leur spoliateur??

ben13 - 26-08-2012 10:35

en réponse a votre article vous citez Diogène pour être complet je vous cite La Boétie soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libre .Peuple Tunisien on mérite les dirigeants qu'on a

Habib OF - 26-08-2012 14:50

IL EST LOISIBLE QUE LE LINGE, TOUS LES LINGES SALES OU PROPRES SOIENT ETALES AU SOLEIL DE LA VOIE PUBLIQUE SUITE A LA REVOLUTION TUNISIENNE INEDITE DU 14/01. DIOGENE S’ETAIT APPROPRIE DE LUI-MEME EN RECUPERANT UNE AUTONOMIE QUI FAIT DEFAUT DANS LA CULTURE JUDEO-CHRETIENNE ET PAR EXTENSION MUSULMANE OU L’ESPACE PERSONNALISE EST PHAGOCYTE PAR LE GROUPE ET LA COMMUNAUTE, SOUVENT IMPERSONNELS ET DESINCARNES. QUE CETTE PERIODE, ENCORE UNE TRANSITOIRE, DE GOUVERNANCE PUISSE OUVRIR LES YEUX ET LES ESPRITS DE CEUX ET CELLES QUI AMBITIONNENT POUR LA TUNISIE DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT DANS LA PAIX SOCIALE, LA JUSTICE ET LA LIBERTE.

touihri - 26-08-2012 15:06

J ai adore la lettre de Me Youssef bien que douce encore mieux j ai aime le commentaire de MrwGharbi un vrai cri de ralliement j adhère a cette attitude

el ayech - 27-08-2012 14:34

Bravo pour cette lettre Mr l'éminent philosophe.C'est une sage réflexion métaphorique pour l'appréhension de la vie politique traversée de long en large par les traumatismes profonds et de lancinants problèmes qui nous font brûler aux braises glaciales.On n'est pas sûr que cette lettre arrive à sa destination ."Vous pouvez cogner à la porte d'un sourd il ne vous répond pas" disait un proverbe africain

lassoued bechir - 23-09-2012 12:44

Solidarité totale avec tous ceux qui pronent la liberté de la presse, comme youssef Seddik! Tous les sacrifices consentis par notre peuple,depuis des siècles, ne doivent pas être vains, par un retour "au précédent régime"! Car "museler" la presse, aujourd'hui, en sera la preuve la plus formelle....

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