News - 21.04.2014

Slim Besbes: Qualifier la situation financière et économique de «catastrophique» n'est pas juste

Qui mieux que Slim Besbes peut parler de la situation économique et financière laissée par  la Troïka qui alimente toutes les discussions après les révélations du porte-parole du gouvernement et ministre chargé des affaires économiques auprès du Chef du gouvernement, M. Nidhal Ouerfelli. M. Besbes  a été au cœur de la gestion économique et financière des deux gouvernements qui se sont succédé de fin 2011 à fin 2013. Il était au centre du dispositif en tant que secrétaire d’Etat aux finances avant de diriger ce ministère par intérim suite à la démission du titulaire Hassine Dimassi. Il devait ensuite rejoindre l’équipe de conseillers du Premier ministre Ali Laraeydh au sein du Pôle économique et financier.

« Qualifier la situation économique et financière laissée par le gouvernement de la Troika de catastrophique et parler de crise » est contraire à la vérité . Slim Besbès ne mâche pas ses mots pour défendre la gestion des gouvernements auxquels il avait appartenu. Mieux, il affirme que la Troïka a « réussi à sortir le pays de  la récession économique, à sauver  le pays en évitant le retour de cette récession malgré les difficultés inévitables accompagnant toute transition démocratique, et en dépit d’une conjoncture mondiale et régionale difficile ». Néanmoins il tempère en disant que « les indices de la croissance et de l’emploi sont resté néanmoins en deçà des taux permettant de régler les problèmes structurels de notre économie, notamment le chômage et le déséquilibre régional ».

M. Slim Besbes à qui on a confié la direction générale des Assurances Salim depuis son départ de la Kasbah répond aux interrogations de «Leaders».

Avant d’arriver à ce que vous avez laissé en partant, qu’est-ce que vous aviez trouvé en arrivant ?

Le gouvernement de la Troïka issue des élections du 23 octobre 2011 s’est trouvé dès le départ dans une situation économique très difficile pour des raisons externes avec la crise  économique mondiale notamment en Europe notre principal partenaire qui est passé par une phase de récession grave ainsi qu’avec le renchérissement des produits de base et des carburants. Sur le plan interne, on a enregistré un recul de la croissance qui a chuté d’un niveau égal à 3,2% en 2010 à -2% en 2011, une augmentation du taux de chômage passé de 13% en 2010 à 19% en 2011 avec une hausse de 10 points du chômage des diplômés du supérieur (33%) ainsi que la paralysie ou l’arrêt de secteurs de production pourvoyeurs de devises comme les mines, la chimie et le tourisme. Tout cela s’est traduit par une détérioration des indices macro-économiques (accroissement du déficit du budget de plus 2 points à 3,3% en 2011, aggravation du taux de la dette de 40,4 %du PIB en 2010 à 44,6% en 2011 et une érosion des avoirs en devises qui ne couvraient plus  en fin  2011 que 114 jours d’importation contre 144 en  fin 2010).

Face à cette situation, qu’avez-vous fait?

Le gouvernement issu des élections du 23 octobre 2011 s’est mobilisé au cours des premiers mois de 2012 à mettre en place un programme économique à court terme pour la période transitoire 2012-2013 axé sur 3 objectifs à savoir 1, la paix sociale et la sécurité-2, le redressement économique- 3, le démarrage des réformes structurelles pour préparer la voie à un nouveau modèle de développement. Ce programme conjoncturel se fonde sur une politique fiscale expansionniste en vue d’assurer dans une première étape la reprise économique,  la relance par la demande,  le développement de l’investissement et dans une seconde étape, la maîtrise et la rationalisation des dépenses publiques. Cette politique du «Go and Stop» n’a pas de finalité  de régler les problèmes structurels hérités  et qui ont déclenché la révolution comme le chômage, la pauvreté et le déséquilibre régional mais d’assurer la reprise de l’économie et de la sortir de la récession. Sur le plan de  l’investissement public, on a réalisé plus de 9 milliards de dinars en deux ans, soit mieux que ce qui a été alloué par le régime de Ben Ali en deux années stables (2009-2010). Ainsi les dépenses  au titre des investissements de développement ont dépassé le total des emprunts conclus avec l’étranger (5500 millions de dinars soit 3246 en 2012 et 2315 millions en 2013). L’investissement privé n’a pas suivi ce rythme, puisque le taux est resté à hauteur de 21%  soit moins qu’en 2010.

Quelles sont les réalisations des années 2012 et 2013?

Malgré la poursuite de la récession dans la Zone Euro et les difficultés qu’ont connues les secteurs productifs dans des conditions sécuritaires, sociales et politiques instables, le gouvernement de la Troïka a réussi à relever le défi et à réaliser la relance de la croissance économique en grimpant de son taux négatif à un taux moyen positif de 3,2% (3,6% en 2012 et 2,6% en 2013) qui a dépassé les prévisions et ce malgré les grands soubresauts politiques qui ont caractérisé la dernière année. Cette reprise de l’économie s’est accompagnée d’un recul du chômage passé de 18,9% au cours  du dernier trimestre 2011  à 16,7% à la même période de 2012 avec la création de 85000 emplois sans compter les recrutements dans  la fonction publique pour reculer ensuite à 15% en 2013. L’investissement étranger a cru de  79, 2% en 2012  alors qu’il a diminué de 28, 9% en 2011, ce qui dénote une indication de l’amélioration du climat des affaires. Ainsi le taux de l’endettement est demeuré quasi-stable passant de 44,4% en 2011 à 44% en 2012 avant de remonter légèrement à 45% du PIB en 2013. Quant au taux de déficit du budget, malgré une politique volontairement expansionniste, il a été maitrisé à 5,1% en 2012, puis retombé à 4,5% en 2013. Ainsi il apparaît clairement que les prêts contractés ont permis de créer de la richesse. S’agissant des réserves en devises le gouvernement de la Troïka l’a maintenu à peu près à son  niveau initial alors que le gouvernement précédent avait consommé 30 jours de couvertures des importations, soit environ 3000 MD.

Une polémique est née quant à la qualification de la situation laissée par la Troïka au gouvernement de compétences. Qu’en pensez-vous?

On ne peut légitimement qualifier la situation économique laissée par l’expérience de la Troïka de catastrophique comme il n’est pas vrai de prétendre que cette situation a généré une crise économique. Le gouvernement de la Troïka a réussi à sortir le pays de la récession et à sauver le pays en évitant que cette récession perdure et ce en dépit des difficultés propres à la transition démocratique (grèves, sit-in, explosion des revendications sociales, terrorisme, assassinats politiques, tiraillements partisans…) d’une part et d’autre part des conditions inappropriées de la conjoncture mondiale (persistance de la crise économique et financière notamment en Europe), et régionale (instabilité en Libye, accroissement du terrorisme transfrontalier). Cependant l’amélioration des indices de la croissance et de l’emploi restent en deçà des taux nécessaires pour régler les problèmes structurels dont souffre notre économie (chômage, déséquilibre régional…)
Il n’est pas non plus vrai de dire que la situation des finances publiques laissée par la Troïka menace l’Etat de faillite ou d’incapacité à honorer ses engagements.

Je peux même affirmer que les politiques poursuivies ont bien permis de maintenir la solidité financière de l’Etat grâce à la maîtrise de la dette et des déficits publics malgré un niveau record de dépenses. Ainsi, l’Etat a remboursé en 2012 et 2013, quelque 8525 millions de dinars arrivés à échéance, un montant supérieur à ceux remboursés par les gouvernements de Ben Ali en 2010 (3608MD) et Caïd Essebsi en 2011 (3618MD). Les dépenses liées aux subventions  ont connu un glissement aigu avec un taux d’accroissement de 260%  en 2012-2013 alors que la masse des salaires s’est accru de 50% en comparaison avec 2010 suite à l’approbation d’une hausse importante des traitements et salaires et à l’activation des accords sociaux, ainsi qu’à la régularisation des modes d’emplois précaires (contrats, mécanismes, sous-traitance..) et à la mise en œuvre de programmes de recrutements exceptionnels dans les secteurs de la sécurité, du contrôle de même en matière de  réparation des dommages subis au cours du régime précédent ( ayant droit des martyrs, blessés de la révolution, bénéficiaires de l’amnistie, priorité de l’emploi basées sur des considérations sociales). Faire face à l’aggravation de la situation  économique et maintenir un seuil minimum de stabilité sociale,  n’ont pas empêché le gouvernement de la Troïka d’engager les grandes réformes structurelles dont le pays a besoin dans les domaines économiques, financiers et institutionnels.

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2 Commentaires
Les Commentaires
Kanzari - 21-04-2014 20:59

Votre feuillet internet n'a jamais été neutre. Défendre aujourd'hui les diables frères musulmans et leurs relais ne jouera qu'un tour de vis épineux à votre encore. On va raisonner, autrement, dire que dans le cadre de cette révolution contre vos ancêtres politiques vous avez le droit de jouer la diversion sans que quelqu'un ne vous reproche vos actes: libertés de la presse et d'expression: quelle république printanière .

T.B. - 21-04-2014 21:22

Ainsi il apparait, malgré le cri d´alarm que l´Etat tunisien n´est pas au bord du gouffre, ne va pas vers le faillite,la croissance est sur les rails, la dette exterieure n´est pa anormale, il ya eu creation de richesse et il faut ajouter la redaction de la Constitution etc. C´était le resultat de la Troika.Il faut esperer que le gouvernement actuel fasse plus et tout le monde en sera content.

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