Blogs - 09.10.2009

" Plus haut, plus vite, plus fort "... mais pas à n'importe quel prix

La planète foot est en ébullition. Les éliminatoires de la phase finale de la Coupe du Monde sont entrées dans la dernière ligne droite. Si certains pays comme le Danemark, l'Italie, la Serbie, la Côte d'Ivoire ou le Ghana ont décroché leur billet pour l'Afrique du Sud, d'autres comme la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte ou le Cameroun devront attendre les 14 ou 15 novembre prochain, dates du dernier match de qualification pour connaître leur sort.

Une attente interminable pour les joueurs mais aussi et surtout pour les supporters ou plutôt pour les peuples. Car la qualification est devenue un enjeu national pour tous les pays quels que soient leur race, leur religion ou leur niveau de développement au point de reléguer au second plan tous les autres sujets de préoccupation. Exit la grippe A, la crise économique, les aléas climatiques : il fallait voir Tunis hier pendant la retransmission du match Tunisie-Kenya pour mesurer l'impact du football : des rues complètement désertes alors que dans les maisons ou les cafés des gens étaient agglutinés autour du poste de télévision pour suivre la rencontre ( c'était aussi le cas dans la plupart des pays dont les équipes nationales sont encore en lice pour le Mondial ).

Cet engouement est révélateur de la place que le sport et notamment certaines disciplines comme le football et à un degré moindre le basket ball pour les sports collectifs et l'athlétisme pour les sports individuels occupent dans les sociétés modernes. On sait que l'esprit de compétition est un sentiment inné chez l'individu. Depuis les sociétés primitives et jusqu'à la première moitié du XXème siècle, les rivalités entre les peuples se réglaient à coup de lances, de flèches, d'arbalètes ou de canons, c'est pourquoi la puissance d'un pays se mesurait exclusivement à l'aune de ses capacités militaires.

On connaît la célèbre boutade de Staline : " le Vatican, c'est combien de divisions ? " Dans les années 60, c'est l'économie qui a pris le pas sur la puissance militaire bien que la puissance économique devait être associée ou adossée à une puissance militaire  pour mieux défendre ses intérêts. Ce fut le cas de la RFA et du Japon au lendemain de la Deuxième Guerre. Depuis une trentaine d'années, c'est le sport, autrefois activité ludique qui est devenu une composante essentielle dans la puissance d'un pays au côté de la puissance économique et militaire.

Les précurseurs dans ce domaine ont été les pays communistes puisque plus de la moitié des médailles olympiques ont été remportées par des athlètes des pays de l'est avant la chute du mur de Berlin. Mais c'est feu la RDA qui  a su le mieux tirer profit  du sport en l'érigeant au rang de système au point de devenir au milieu des années 70, la première puissance sportive mondiale, ce qui est tout à fait remarquable pour un pays qui ne comptait que 17 millions d'habitants.

La chaîne franco-allemade ARTE a diffusé dernièrement un documentaire sur la politique sportive de cet Etat. On y apprend bien des choses sur les méthodes employées pour fabriquer des champions capables de damer le pion aux plus grands et ce, dans toutes les disciplines. C'est en grande partie grâce au sport que la RDA a pu obtenir la reconnaissance de la communauté internationale en devenant, en 1973 et en même temps que la RFA, membre de l'ONU et acquis la respectabilité qui lui faisait défaut. C'est grâce aux performances de ses champions que ce pays a pu bénéficier d'un prestige sans égal dans le monde. Ces champions étaient choyés, entouré de tous les égards parce qu'ils étaient considérés comme les meilleurs ambassadeurs de leur pays. " Nous étions considérés comme des diplomates en survêtement ", se rappelle le nageur Matthes, ancien champion olympique en natation. 

Il a suffi que le mur de Berlin tombe pour que tout l'édifice s'écroule, pour que  tout le système présenté comme le meilleur à la fois dans l'ordre de la morale et de l'efficacité s'effondre et pour qu'éclate au grand jour l'un des plus gros scandales sportifs de l'après-guerre: le dopage systématique des sportifs. Dailleurs, privés de leurs anabolisants, les sportifs est-allemands ne vont pas tarder à rentrer dans le rang tandis que d'anciens athlètes de haut niveau commençaient à souffrir de certaines maladies musculaires en rapport avec les produits qu'on leur faisait ingurgiter, maladies qui devaient, d'ailleurs en emporter quelques uns.

Le cas est-allemand est intéressant dans la mesure où il constitue un concentré de toutes les dérives du sport. Non pas qu'il soit l'unique mais parce qu'il a eu recours à ces méthodes de manière aussi systématique et en faisant aussi peu de cas de la santé des sportifs.

" Toujours plus haut, plus fort, plus vite ", mais pas à n'importe quel prix même si cela doit doit rehausser le prestige d'un pays. Une activité où l'on apprend à tricher, à gagner de l'argent sans trop se fatiguer n'a rien à voir avec le sport. Pour ne l'avoir pas su beaucoup d'anciens athlètes se déplacent aujourd'hui en chaise roulante ou ont terminé leur vie dans un hôpital psychiatrique. Il n'est pas indifférent de constater une prise de conscience chez les sportifs à ce niveau. Beaucoup d'athlètes ayant remporté des épreuves dans des conditions louches, pris de remords quelques années plus tard, ont décidé de rendre leurs médailles.

Hèdi

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