News - 15.02.2013

En attendant lundi : Jebali en train de réussir un tour de force positif ?

Réunion de concertation avec les parties Ni annonce d'un gouvernement, ni démission ce samedi: un nouveau round commence. Hamadi Jebali est-il en train de réussir un coup de force positif ? En parvenant à faire asseoir et dialoguer autour d’une même table Rached Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi, Mohamed Abbou, Mustapha Ben Jaafar, Ahmed Néjib Chebbi, Mohamed Hamedi et d’autres représentants des forces politiques significatives, comme il l’a fait vendredi après-midi, ne préfigure-t-il pas le dialogue national tant prôné par l’UGTT et désormais réclamé par la Tunisie entière, alors qu’il avait été boudé en octobre dernier par Ennahdha et le CPR à cause de Nida Tounès.

Le double électrochoc de l’assassinat de Chokri Belaïd et l’annonce le jour-même de la détermination de Jebali à constituer un gouvernement de personnalités non-politiques aura fonctionné. Ce vendredi soir, après près de quatre heures d’intenses débats, un vent d’optimisme a flotté sur Dar Dhiafa à Carthage où se tenait, pour la première fois, ce grand conclave historique. En se donnant un délai de réflexion et de consultation des instances, voire des bases, durant le week end et convenant d’observer une consigne de confidentialité et une trêve de déclarations publiques, en attendant de se retrouver ce lundi, une sortie de crise, convenable pour tous se profile à l’horizon. Timidement, peut-être, mais sous de bons augures.

Hamma Hammami, Raouf Ayadi, Houssine Abbassi, Ouided Bouchammaoui et les autres

Certes, il manquait Hammma Hammami (Front populaire), mais aussi, Raouf Ayadi (El Wafa), les Hassine Abbassi (UGTT), Ouided Bouchammaoui (UTICA), Chawki Tebib (Ordre des Avocats), Abdessettar Ben Moussa (LTDH) et autres figures significatives, mais un premier noyau dur est déjà à l’œuvre.  Le dialogue est amorcé. Il fallait voir les chefs de partis arriver vers peu avant 16 heures, raides, l’air grave, le visage tendu. Une fois dans le patio de cet hôtel particulier construit par Chedly Bey, début des années 1950, dans une architecture néo-mauresque et resaturé sous la République, ils ont commencé à briser la glace en se saluant les uns les autres avant d’aller prendre place autour d’une table carrée.

Jebali avait à sa droite Rached Ghannouchi et à sa gauche, Mustapha Ben Jaafar en tant que leader d’Ettakatol, puis Mohamed Abbou (CPR). Essebsi, n’était pas loin. Ahmed Néjib Chebbi, aussi, venu accompagné de Maya Jeribi et Yassine Brahim (celui-ci non annoncé au protocole). Mohamed Hamedi avait invité avec lui Moncef Cheikhrouhou.

Haute sécurité

Sous haute protection, gardes de corps en gilets pare-balles, Hamadi Jebali était à l’heure, amaigri, cachant mal sa tension derrière sons sourire énigmatique.  Le temps que plus d’une cinquantaine de photographes et caméramens saisissent ces moments historiques, et le huis clos commençe.

Par mesure de sécurité, les réseaux de communication sont brouillés. Point de connexion internet ou téléphonique. Blackout total. Il ne restait plus qu’à patienter. La centaine de journalistes, dont nombre d’envoyés spéciaux de la presse internationale n’avaient plus qu’à s’adonner au jeu favori des spéculations, prétendues fuites et fausses alertes. Des listes de nouveaux ministres sont passées en catimini et chacun y va de son remaniement. L’heure de la prière du Maghreb approche, juste une courte pause, Ghannouchi lance l'appel à la prière et certains le suivront. Les aiguilles de l'horloge continuent à tourner, on frôle la prière d’El Ichaa. Ce n’est que vers 20 heures que la grande porte s’ouvre pour laisser sortir Béji Caïd Essebsi, premier à partir. Avec son don de faire semblant de tout dire, sans rien dire, il déclarera : « nous avons bien avancé et les concertations se poursuivront ». Voilà un bon signe déjà.

Quand Ben Jaafar devient Monsieur Météo

Ahmed Néjib Chebbi en dira juste un peu plus : « C’est positif, nous progressons ». Yassine Brahim fait très IVème République, avec des pirouettes. Mustapha Ben Jaafar préfère parler de météo : « il fait beau ce soir et pas très froid… » Bref, les journalistes l’ont compris : pas de clash ou de blocage, un nouveau rendez-vous est pris et une consigne d’abstention de déclaration à la presse. Les journalistes abandonnent vite l’entrée principale pour se ruer vers la grande salle où un podium a été dressé. Hamadi Jebali arrive, les traits cette fois-ci détendus, mais visiblement exténué par ces 15 jours en flux tendus. Son conseiller politique, Nejmeddinne Hamrouni, le suit du regard, son conseiller de presse, Ridha Kazdaghli est à ses côtés alors que son chef de protocole Olfa Dhahak avait tout vérifié. 

Devant une forêt de micros, puis une ligne de caméras, il livre son message. « Il y a une bonne progression, dit-il, une évolution sur toutes les questions et nous avons convenus de nous revoir lundi, dans l’intérêt du pays pour parvenir à un consensus. Le facteur temps est certes important, mais l’intérêt du pays l’est sans doute plus. Nous oeuvrons à une issue honorable pour notre peuple et notre révolution, en élargissant notre initiative à d’autres parties. Nous capitaliserons les points positifs et réduirons les écarts. Pour préserver cette démarche, nous avons convenu d’éviter toute déclaration à la presse, le temps n’est pas à la surenchère publique. Ce que je peux vous dire, c’est que les résultats sont probants : nous mettons sur la table des solutions convenables à tous les partis. Le fait même d’engager ce débat de tous avec tous est en lui-même un acquis précieux ! » Des confrères essayent d’en savoir plus. Courtoisement, Jebali remercie la presse de sa compréhension. Le week end portera conseil. Nouveau round, ce lundi.

« Nous revenons de loin, de très loin, chuchotera un participant à la réunion à nos oreilles. Certains ont finalement pris conscience de la réalité dans le pays. Ce vendredi soir, on s’attendait à ce que ça passe ou ça passe. Avec son doigté, Jebali nous a tendu une issue de secours que nous avons tous empruntée. J’ose espérer qu’on se rapproche de la sortie de crise. Chacun y mettra du sien, sans y laisser des plumes. La Tunisie en sera la grande gagnante ».

Ont notamment part à la réunion, Rached Ghannouchi (Ennahdha), Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol), Béji Caïd Essebsi (Nidaa Tounès), Kamel Morjane (Al Moubadara), Maya Jeribi, Ahmed Néjib Chebbi et Yassine Brahim (Parti Républicain), Mohamed Hamdi et Moncef Cheikhrouhou (Alliance Démocratique), Mohamed Abbou (Congrès Pour la République), Jouneïdi Abdeljaouad (Al-Massar), Mohamed Brahmi (Mouvement Al-Chaab), Mohamed Goumani (Réforme et Développement) Lazhar Bali (Al-Amen), Boussaïri Bouabadelle (Parti Maghrébin) et Ali Romdhane (Parti du Travail Tunisien). Sont absents de la réunion, le parti Al-Aridha et le Front Populaire, qui avaient préalablement annoncé leur refus d'y assister.
 

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
7 Commentaires
Les Commentaires
MASSINISSA - 16-02-2013 06:25

Attendons pour voir, Jebali joue au trapeziste avec filet Nahdha et non au funambule. Il semble que Nahdha tente de sauver les meubles mais c'est trop tard. Le pays est presque en ruine, bravo la troïka malveillante. Que fera le Front Populaire? Le centre se renforce pour partager le gateau. Pauvre Tunisie, d'une dictature mafieuse à un simulacre de démocratie, Chokri Belaïd combien tu nous manques.

Rachid Barnat - 16-02-2013 09:58

FALLAIT-IL LA MORT DE CHOKRI BELAÏD, POUR QUE LES RESPONSABLES DEVIENNENT RESPONSABLES ? Tout le monde glose sur l'homme d'Etat qu'est devenu Hammadi Jebali, en cherchant le consensus minimum pour sortir le pays de la crise politique de plus de 8 mois et qui a mis la Tunisie à genou ! Fallait-il 16 mois d'amateurisme et de "stage du pouvoir" à l'échelle d'un pays pour responsabiliser ces hommes politiques ? Or la crise était perceptible depuis longtemps et les forces vives du pays ont maintes fois tiré la sonnette d'alarme. De leur coté, opposition et UGTT ont proposé des solutions .... en vain par autisme têtu de Ghannouchi ! Il aura fallu l'assassinat de Chokri Belaïd pour provoquer l'électrochoc devenu nécessaire pour que les responsables des partis deviennent réellement responsables ! ... et pour que Jebali reprenne à son compte les solutions proposées depuis l'été et réitérées en septembre 2012 par l'UGTT et l'opposition ! Au bout de plus de 8 mois de tergiversation de Jebali, on voit un peu plus clair dans ce qui est déjà acquis et qui reste à concrétiser : - l'échec de Jebali et de son gouvernement, est reconnu par le chef du gouvernement lui-même, - la troïka est finie, - l'exclusion de Nida Tounes par le CPR et par Ghannouchi c'est du passé, puisque Jebali a pu enfin les réunir autour de sa table de discussion, - un gouvernement restreint, de technocrates ou mitigé, mais consensuel est accepté dans son principe par les parties présentes, - un agenda pour les 6 mois est accepté dans son principe, - la neutralité des ministères régaliens constituant le minimum pour tout accord de la part de l'opposition semble être admis par Jebali ! Espérons qu'il ne faille pas d'autres "martyrs" pour sortir définitivement de cette deuxième phase provisoire du processus démocratique ... que certains souhaitaient éterniser, jouant le temps en instrumentalisant les constituants faisant d'eux des législateurs ... alors qu'ils n'ont été élus qu'en tant que constituant pour un mandat de un an !!

Mhamed Hassine Fantar - 16-02-2013 10:58

En guise de commentaire, espérons pouvoir traverser ce tunel long, sombre et plein d'embûches pour retouver la lumière, la paix et la concorde nationale au profit d'une République citoyenne, éprise de paix et prête au labeur qui produit les richesses matérielles, culturelles et spirituelles partout en Tunisie et pour tous.

lamiri - 16-02-2013 12:17

enfin heureusement que monsieur jballi a eu le courage,la volonté, le mérite, la sagesse et l’audace de prendre cette initiative et s’affronter meme à son propre parti. voila un vrai combattant qui offre une issue de secours. une solution positive et constructive. j’espère que les autres politiciens se réveillerons et ferons l'effort de suivre l'initiative de monsieur jballi et arrêter leurs égoïsmes et la soif du pouvoir car le chemin est encore trop long; et ils ont le temps devant eux pour nous montrer leurs compétences au moment opportun après le sauvetage de la Tunisie. aujourd'hui c'est une période de construction, de travail et d'union pour l'amour de notre bien aimée Tunisie et l’intérêt des tunisiens et de l'avenir de nos enfants. on doit travailler dix fois plus, ont doit être passion,bon patriote et penser qu'à l'interet de pays ,car c'est l’avenir de nous tous.

Pour l´amour du peuple - 16-02-2013 20:30

60000 personnes ne peuvent jamais emprisonner un peuple qui dépasse les 10 millions et cherche toujours le début de la démocratie. Le model espagnol reste le meilleur et le plus garant pour la paix. Arrêtez de comparer le tunisien avec le turque. Ce n´est ni la même race ni la même culture. SVP continuez monsieur Jebali! Il faut créer les faits avant de les exposer pour négociation. Le peuple va sûrement perdre patience, si l´ANC s´opposera contre votre décision. Vous etes plus fort que Nahdha.

Chedley Aouriri - 17-02-2013 03:40

Heueusement,,,nos politiciens ont peut etre finalement realise qu'il etaient en train de jouer a un jeu a somme negative, un jeu ou la Tunisie, y compris eux perdront!!

Mansour Lahyani - 17-02-2013 10:51

"Leaders", vous cultivez allègrement le pléonasme ! Un tour de force ne peut être que positif !! Dans le cas contraire, on parle d'échec !!!

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.