Opinions - 23.10.2014

Développement régional : Les partis politiques peuvent apporter une contribution utile

Parmi les thèmes qui reviennent le plus souvent durant la présente campagne électorale, celui du développement régional.

Il est vrai que les attentes des régions les moins développées de Tunisie sont grandes, et que les réalisations depuis la révolution demeurent en deçà des besoins.

L’appel de la part des régions et de certains partis à l’investissement public productif dans ces espaces, est à notre avis irréaliste. Ce type d’investissement a fait son temps, en Tunisie et ailleurs. En outre, le secteur public ne peut entreprendre et réussir dans un environnement national, où les opérateurs privés sont actifs et concurrentiels non seulement au niveau local, mais aussi au niveau international.

En parallèle, nous enregistrons d’une manière récurrente, des discours de la part de la quasi-totalité des partis politiques sur les importantes potentialités de ces régions, en matière de ressources aussi biens naturelles qu’humaines.

Ce qui vient en premier lieu à l’esprit est qu’en raison du grand nombre des partis politiques sur la place, qui regroupent une partie non négligeable de l’intelligentia tunisienne, il serait dommage que la majorité d’entre eux se limite au simple discours, et dans quelques semaines à se cantonner dans un rôle d’opposition quasi systématique à tout ce qu’entreprendront ceux qui seront au pouvoir.

Supposons que dans un élan de patriotisme qui est loin de leur être étranger, ces partis, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, se fixent pour objectif, d’apporter à travers leurs structures de base, un appui multiforme aux jeunes et moins jeunes entrepreneurs dans les régions les moins développées.

Sur la base de 50 partis politiques volontaires, qui agiraient à travers leurs structures installées chacun au niveau de 5 gouvernorats et cinq délégations par gouvernorat, nous aurons 25 projets par parti et au total 1250 projets dans différents secteurs de l’activité économique, en peu de temps.

Dans ce cadre, le parrainage de pépinières d’entreprises peut également être envisagé.

La nature des projets

Il s’agira en premier lieu de se rapprocher des différentes structures d’appui dans les régions  et de recenser les potentialités en la matière, notamment dans les principaux secteurs ci-après:

  • Agriculture et agro-alimentaire;
  • Petite et moyenne industrie;
  • Tourisme et artisanat;
  • Services liés à l’agriculture, à l’industrie et aux nouvelles technologies.

L’objectif est non seulement de créer de l’emploi et de la richesse dans ces régions, mais de constituer une amorce qui permettra plus tard de créer un tissu varié d’entreprises, et de capitaliser un savoir-faire qui constituera le socle du développement durable dans ces régions.

En effet, le développement économique est le fruit d’un travail de longue haleine, qui nécessite un changement progressif du mode de vie et des mentalités. Les cas de Sfax - ville au climat semi-désertique, qui tirait ses principaux revenus de l’agriculture au cours des années 50 -, Djerba, et d’autres villes et régions qui ont connu une véritable métamorphose depuis l’indépendance, sont édifiants, et méritent d’être étudiés de près.
Dans le cas des régions précitées, le mérite revient essentiellement aux promoteurs locaux, qui provenant d’horizons divers, se sont investis corps et âmes dans leurs projets. Certains ont échoué, et d’autres ont connu les réussites de différents niveaux.

Les entrepreneurs

La priorité sera accordée aux jeunes diplômés, qui seront motivés pour l’entrepreneuriat, au lieu d’attendre de nombreuses années, un hypothétique emploi public.

Ceci n’exclut pas les autres catégories de chercheurs d’emploi parmi les jeunes et moins jeunes, ayant ou non une formation universitaire. Le monde des affaires, en Tunisie et ailleurs, est riche en réussites spectaculaires, à toutes les époques,  d’entrepreneurs autodidactes.

Quel serait le rôle les partis politiques dans le cadre de cette approche

Il portera notamment sur:

  • La motivation des entrepreneurs potentiels et l’étude des marchés;
  • L’appui dans l’accomplissement des formalités,  le bouclage du capital s’il y a lieu, et l’implantation sur site;
  • L’accompagnement au démarrage et durant les premières années de lancement du projet;
  • L’accompagnement à l’exportation s’il y a lieu, avec l’appui les structures nationales d’appui à l’exportation et celui des adhérents au parti, installés à l’étranger;
  • La participation à l’instauration d’un climat propice aux affaires dans les régions concernées: infrastructure de base, formation professionnelle, paix sociale, etc. 
  • La motivation des personnes originaires de la région qui ont réussi ailleurs (en Tunisie ou à l’étranger), afin de les amener à lancer des activités dans leurs régions natales. Il sera alors plus aisé de faire appel à d’autres investisseurs de Tunisie ou d’ailleurs, afin d’y entreprendre.

Les responsables politiques qui s’impliqueront dans ces activités, auront en plus d’une meilleure connaissance des réalités qui les entourent, la satisfaction de participer à l’amélioration de la situation économique et sociale dans leurs régions respectives. Par ailleurs, leurs interventions futures au niveau des structures nationales de concertation et de dialogue, ne seront que plus pertinentes.

Il est à signaler à cet égard, que dans les pays démocratiques avancés, les politiciens qui réussissent le mieux au niveau national et international, sont généralement ceux qui ont eu le plus de pratique sur le terrain, d’abord au niveau local et régional.

Taoufik Ben Salah
Consultant en Commerce International

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2 Commentaires
Les Commentaires
mourad regaya - 24-10-2014 15:50

Nous demandons une gouvernance régionale et locale,assez de centralisme et de centralisation à outrance,il est temps d'opter pour la vrai décentralisation

sadokdriss - 25-10-2014 17:37

François Perroux,éminent économiste français,faisait la distinction entre"croissance"et"développement"et parmi ses ouvrages ,on ne peut pas ne pas faire allusion à"l'Economie du XXème siècle",égalemetn un hommage"posthume"à Colin Clark,auteur de l'ouvrage"Conditions of Economic Progress,paru en 1937.En 1969,Dudley Seers,économiste auprès de la Banque Mondiale s'est posé la question"The Meaning of Economic Development?"suivi par l'Université de Chicago qui s'est posée une autre question pertinente:"Faut-il investir dans les amchines ou les personnes humaines?"ainsi,a-t-on considéré"L'Education comme le moteur de la croissance économique."On ne peut éviter de penser en termes de "paradoxes"ou"cercles vicieux"le long des années 1970s,et les polémiques n'ont cessé de surgir,voire en 1979,l'attribution du Prix Nobel de l'économie,à deux illustres économistes,Dr Théodore Schultz de l'Université de Chicago et Sir Arthur Lewis,alors que leurs théories sur la croissance et l'emploi,étaient diamétralement opposéées,ce qui a provoque la colère de l'économiste américain,d'origine Allemande,Dr Albert Otto Hirschmann,spécialiste de l'Amérique Latine,et son ouvrage"Journeys Toward Progress"entre autres,qui n'a pas hésité à critiquer le Comité des Nobels d'Oslo,via son style simple et élégant.

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