News - 13.09.2010

Derrière l'enlèvement de la petite Sarra se profile la question de la prise en charge de l'aide médicale à la procréation

Le dénouement heureux, 41 jours après, de l'enlèvement de la petite Sarra, enlevée dans un hôpital de Tunis où sa maman l’avait emmenée pour une vaccination, pose une série de questions. La plus importante est sans nul doute celle relative aux raisons (déraisons ?) qui ont poussé la kidnappeuse à commettre un acte aussi insensé et, inéluctablement, voué à l’échec.

Voilà une jeune femme de 26 ans qui découvre que son conjoint est atteint d’une maladie à l’origine de son infertilité. Sans trop réfléchir aux solutions appropriées, telles que la procréation médicale assistée ou l’adoption, elle décide par ignorance et mue par sa fixation à enlever un bébé à ses parents. Un acte inadmissible que nul ne saurait admettre.

Pourtant, nous vivons dans un pays qui autorise l’adoption des enfants,  de façon parfaitement réglementée, pour  sauvegarder l’intérêt suprême des enfants  qui restent l’objectif premier  de l’adoption. Celle-ci permet ainsi d'introduire un rayon soleil et de bonheur dans certains foyers qui, malheureusement et malgré les techniques médicales actuelles qui sont depuis deux décennies parfaitement maitrisées, n’arrivent pas à engendrer.

Nous connaissons tous les progrès significatifs que l’aide médicale à la procréation (AMP) a réalisés ces dernières années en Tunisie, faisant de notre pays une destination régionale très prisée. On y recourt en effet, non seulement des pays voisins, mais aussi de nombreux autres pays, tant les résultats et les coûts sont édifiants.

Certains essayent  de trouver des excuses à cette jeune personne, entre autres la difficulté  d’accéder aux services de l’aide médicale à la procréation (AMP), en raison du coût élevé de ces techniques. Or, l'accès à l’AMP est largement facilité en Tunisie par  la prise en charge par  la CNAM des frais des médicaments qui représentent plus de 50% des frais engagés ce qui est une aide importante. Sur prescription de son médecin traitant, qu’il soit conventionné ou non avec la CNAM, la patiente reçoit en effet directement un lot de médicaments approprié. Il ne reste plus au couple qu’à régler les frais de  la clinique qui incluent la biologie, les analyses et les honoraires médicaux. ceux ci-, il est vrai,  ne sont pas encore pris en charge.

Les pratiques de certaines cliniques font que cette partie est sujette à des variations parfois difficiles à comprendre: les centres qui appliquent rigoureusement la nomenclature et la tarification officielle des actes médicaux sont plus précis :

  • Ponction + replacement ICSI : 1505 DT
  • Ponction + replacement FIV : 1205 DT
  • Replacement Embryon décongelé : 395 DT
  • BTA : 810 DT
  • IAC : 232 DT 


Il va sans dire que ces indicateurs sont approximatifs et que les honoraires sont régis par la tarification des honoraires médicaux établis par le Conseil de l'Ordre : ils sont habituellement  calculés  sur la base de 7dt le Kc   

Pour une plus grande prise en charge de la CNAM

Il est compréhensible qu’en l’état actuel des choses, la CNAM se limite à l’octroi direct des médicaments sans étendre sa couverture aux frais de clinique (biologie, anesthésie, etc.) et honoraires y afférents. Mais, elle gagnerait, cependant à mettre en place un dispositif conventionnel approprié à convenir avec les établissements et médecins qui le souhaitent, fixant un tableau précis des coûts et honoraires remboursables.
 
La prise en charge intégrée par la CNAM, même si elle devait être plafonnée, de cette pathologie qui est de plus en plus fréquente aurait  un impact très important  sur la psychologie du couple et même sur l'équilibre familial, professionnel et même social des personnes affectées. Celles-ci se retrouvent actuellement fragilisées  et désarmées devant leur détresse.

La CNAM  peut être un facteur de régulation  protecteur pour ces couples  la prise en charge des médicaments en vue d’une AMP est actuellement accordée au couple en fonction de son dossier, sans tenir compte du statut  du médecin et du centre qui prennent en charge la procédure de l’AMP, alors que pour la prise en charge des autres pathologies médicales ou chirurgicales, elle exige que le médecin et la clinique soient  tous les deux conventionnés avec elle: c'est-à-dire que  les deux s’engagent à appliquer une  tarification conventionnelle bien établie.

Il y va de l’intérêt de tous.

O.M

 

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4 Commentaires
Les Commentaires
Herr - 13-09-2010 23:42

Si la petite Sarra ressemble à la photo illustrant l'article, c'est en Suède qu'on a dû la retrouvée...

Thouraya H.B. - 14-09-2010 11:51

Votre article soulève, à juste titre et loin des effets sensationnels et racoleurs ayant entouré cette affaire fortement médiatisée, les vraies questions qu'il y a lieu de soulever. Certes, la CNAM prend en charge les médicaments dans le cadre de la procération médicalement asssitée(aux environs de 1500 DT pour chauqe tentative) . Cependant, cette prise en charge n'est octroyée que pour 3 tentatives seulement, sachant que pour la majorié des couples dans ce processus, il faut compter de nombreux essais, souvent infructueuex. Ainsi, le coût financier global unitaire (2500 DT dans le privé, moins dans le public) reste tout de même élevé et inaccessible pour certaines classes sociales. Mais au-delà de la prise en charge financière, c'est surtout sur la prise en charge psychologique et sociale de ces couples, et particulièrement des femmes, qu'il faut se pencher. Les techniques médicales ds notre pays ont certes évolué, ces couples restent livrés à eux-mêmes face à des médecins qui ignorent souvent ou qui n'ont pas le temps de prendre en compte la détresse psychologique qui accompagne ce parcours du combattant, le désarroi face à complexité des traitements, surtout pour les patientes peu éduquées.... Quant à la pression sociale infligée par l'entourage et par la famille, et souvent par le conjoint lui-même, il faut imaginer ce que subissent au quotidien ces couples et ces femmes, pour être acculés à kidnapper l'enfant d'un autre. La mise en place de structures d'accompagnement psychologique est ainsi indispensable, dans les hôpitaux ou à travers des associations. La prise de conscience par les médecins de l'importance de cet aspect dans le suivi des partients en PMA est également primordiale et heureusement que certains d'entre eux y accordent le temps nécessaire. Enfin, le travail sur soi au niveau social et familial pour ne pas punir doublement ces femmes et ces hommes en leur infligeant un véritable harcèlement moral sur cette question, et relativiser du mieux qu'on peut ces échecs en replaçant la procréation dans le cadre d'un projet de vie global et multidimensionnel plus épanouissant.

Dr Jalel BEN GHOZZIA - 14-09-2010 21:09

La Tunisie est un pays qui prend en considération ces situations sociales,soit par l'adoption ou bien la prise en charge par la CNAM d'une procréation médicale assistée.

Amel - 21-09-2010 15:18

Faut il qu'elle soit affiliée à la CNAM pour avoir les droits mentionnés ! Ce qui m'etonne fort !!!!

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