Success Story - 08.01.2009

Ces Tunisiens de New-York

A l’instar de Chinatown ou de Little Italy, y aura t-il un jour un « Tunisia Village » à New-York ? Rien n’est impossible, d’autant plus que nos compatriotes qui choisissent de  s’y établir sont de plus en plus nombreux. On y retrouve, depuis l’installation de l’ONU dans son palais de verre à Manhatten, des fonctionnaires internationaux qui ont essaimé dans l’ensemble des agences onusiennes. Mais aussi, des étudiants dans les universités de la région et, de plus en plus de golden boys, très recherchés par la fameuse Bourse de New-York et les firmes financières de Wall Street. Les Bouhafa, Benaissa et Robbana, en sont les figures emblématiques, de vrais leaders dans leurs domaines dignes de success story. Comment y sont-ils arrivés? Par vagues successives. Depuis le début du siècle dernier. Flashback rapide et un premier visage de Manhattan.

Les premières expositions universelles au tout début des années 1900, avaient déjà attiré nos pionniers à New-York. Principal port d’accostage pour les transatlantiques en provenance du Vieux Continent , la ville a été le premier contact avec le rêve américain. Artisans tunisiens, notamment les potiers et spécialistes des tapis (Kharraz, Mechri, etc.) y sont partis, pour participer aux foires de Philadelphie et autres contrées. Une histoire cocasse qui s’est passée en 1936, mérite d’être racontée.

Ali Achour (frère de Si Lahbib), et Salah Mechri (père de Si Hédi), deux jeunes kerkenniens, d’une vingtaine d’années chacun, déambulent sur les quais du fameux Chott Krekna et du port de Sfax, échafaudant plans et ambitions pour bâtir leur avenir. A la vue des bateaux battant divers pavillons, ils rêvent de partir, quittent à se cacher dans les cales de l’un d’entre-eux, le temps d’une traversée pour se retrouver de l’autre côté de la méditerranée, à Marseille. Aussitôt décidé, aussitôt  fait, ils embarquent, avec de maigres provisions pour deux à trois jours, sans savoir ce que le destin leur réserve. Manque de pot ou coup de chance, le bateau choisi partait pour… le Panama. Imaginez tout le reste. Un matelot  Djiboutien les découvre, affamés, assoiffés, leur sauve la vie, mais encore, intercède en leur faveur auprès du Commandant de bord et leur trouve du travail à bord. Arrivés à Panama, ils repartent vers New-York. La ville est merveilleuse, irrésistible, Broadway ne vous laisse pas dormir. On chante, danse... et travaille. L’argent coule à flot pour ceux savent le gagner.

onu Mais l’heure du choix est décisive. Ali Achour décide d’y rester. Et fera une longue et prospère carrière, avant de revenir, sur le tard, au pays natal. Il sera particulièrement utile à son cousin Farhat Hached et son frère, Si Lahbib, lors de leurs missions auprès des syndicats américains et à la Tunisie  pendant la lutte de libération. Quant à « Am Salah », il préféra revenir dans « la région » pour servir pendant plus de vingt ans, sur divers bateaux, surpris par la deuxième guerre mondiale, impliqué dans celle d’Indochine et encore  de Suez, transportant troupes et produits. Il finira par jeter ancre et sac à Sfax où il retrouvera amis et parents qui lui ont tant manqué.

Dans les années 40, on y retrouve aussi El Abed Bouhafa, jeune cinéaste, écrivain, journaliste, multi-talents qui finira par devenir la cheville ouvrière du Néo-Destour à New-York, jusqu’à l’arrivée de Si Bahi Ladgham. L’amitié qu’il avait nouée avec des Américains ayant pris part à la campagne de Tunisie, lors de la deuxième guerre mondiale, le fera succomber aux sirènes de New-York. Il y brillera de mille feux et nombre de ses descendants et parents y feront carrière, jusqu’à ce jour.

La Tunisie indépendante, Mongi Slim, Président de l’Assemblée Générale de l’ONU, Représentant à New-York, Ambassadeur à Washington,  décrochera des bourses d’études et parrainera nombre de jeunes étudiants, mais aussi futurs hauts fonctionnaires. Ses successeurs, notamment, son frère Si Taieb, Mahmoud Mestiri, Néjib Bouziri, Noureddine Mejdoub, Ali Hachani, et Habib Mansour, continueront sur la même voie. Si Mohamed Ghrab, deviendra Chef de Cabinet du Secrétaire général des Nations Unies (Kurt Waldheim), Hemdane Ben Aissa (Harvard) et Mohsen Belhaj Amor, atteindront le grade le plus élevé de la fonction publique internationale, Mourad Cheraiet, sera Directeur à l’UN-DTCD, feu Jamel Ben Yahmed, à la Direction de l’Information, Brahim Khelil, Secrétaire général de la Chambre de Commerce Arabe (puis Ambassadeur à Séoul), et d’autres encore.

Sans pouvoir concurrencer les Yéménites, épiciers de Brooklyn, certains s'essayent au commerce, à la restauration et même au  commerce de luxe. L’une de nos compatriotes les plus dynamiques nous gratifiera d’un superbe magasin de mode sur l’une des plus grandes avenues de New-York, à quelques pas de Times Square. On trouve des Tunisiens propriétaires de merveilleux appartements dans les gratte-ciel, près de Central Park, ou encore, de vrais ranchs, en banlieue, dans le New Jersey. Bref, toute une communauté, certes réduite en nombre, mais qui fait honneur à la Tunisie. Nous y reviendrons.

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10 Commentaires
Les Commentaires
Karim Nicholson - 09-01-2009 02:25

Plus New Yorker que jamais Raouf Benzakour , Contact Raoufbenzakour@nyc.rr.com 10 Magasinds Madison ave Park Ave a ouvert Le Printemps Magasin et 4 French designer a Denver et encore

Naima Remadi - 09-01-2009 03:58

C'est bien une realite, les Tunisiens de New York et leurs succes. N'oublions pas de mentionner la creation du Centre Tunisien de Culture et Information. Le premier dans le monde Arabe, moyen-orient et Afrique. Un chez nous loin de chez nous..Il faut s'y rendre pour oublier que l'on se trouve a New York. Il se situe au 168 Madison Avenue et la 33ieme Rue, etendue sur une bair vitree qui fait le coin de Madison et 33ieme. Visitez-le et vous serez positivement surpris de l'oeuvre d'une petite femme Tunisienne qui a fait honneur a son pays et a sa communaute.

Farid Sellami - 09-01-2009 15:05

C\'est bien sympa tout ça, mais il est très clair que les tunisiens (les maghrébins en général) ne réussissent que très moyennement et très rarement à l\'étranger surtout quand on les compare aux libanais, palestiniens et syriens vivant en Europe ou en Amérique du Nord (et meme en Amérique Latine). Les ressortissant du proche orient ont beaucoup plus de \"succes stories\" meme quand ils vivent dans un pays depuis peu et quand leur nombre est faible. Les maghrébins vivent depuis longtemps en France et y sont très nomreux mais ils sont connus selon les stéréo-types pour etre des ouvriers du batiment, des femmes de ménage, des taxistes etc. En Italie, ils sont connus pour etre très représentés dans certaines spécialités... Les maghrébins ne s\'intègrent quasiment jamais et ne réussissent pas à devenir de grands hommes d\'affaires ou de grands cadres en partant de rien à l\'étranger. C\'est ça l\'amère réalité.

Abdallah Labidi - 09-01-2009 23:23

Farid Sallami n'a pas idée du nombre de Maghrébins et des Tunisiens en particuliers, qui ont réussi en Europe et ailleurs, dans la recherche scientifique, les affaires, les organisations internationales et le management d'importantes sociétés industrielles et commerciales. Nombreux parmi eux le font discrètement et évitent tout tapage autour de leur succès. La listes des compétences tunisiennes de très haut niveau vivant a l'étranger, compte prés de dix mille noms. Les travailleurs du bâtiment, analphabètes pour certains d'entre eux, dont les enfants sont diplômés de grandes écoles et des meilleures universités de France et de Navarre ne se comptent plus. Ces nombreux Tunisiens émigres, qui rentrent chaque été chez eux au volant de grosses et luxueuses voitures, ne sont tous des "Ghabara", comme certains de leurs compatriotes, souvent envieux, voudraient le faire croire.

R FERCHIOU - 14-01-2009 03:57

N OUBLIONS PAS UN RAOUF BEN ZARROUK ARTISTE PEITRE DES ANNEES 60.UN FEU BRAHIM BEN YOUSSEF UN OW BACCAR AYACHI .UN CERTAIN NOREDDINE DE KERKENACHEVILLE OUVRIERE DE NOTRE AMBASSADE DE N EW YORK DEPUIS PRESQUE UN DEMI SIECLE ET D AUTRESQU IL NE FAUT PAS OUBLIER

Imed Trabelsi - 14-01-2009 22:54

Il y a tellement de choose a dire sur NY, mais je suis ravi de voir sur Leader un article non seulement sur NY mais aussi sur la communaute Tunisienne. J'ai eu l'honneur ainsi que le plaisir de rencontrer Mme. remadi qui fait un fabuleux travail au centre culturel et d'information, ainsi que de visite notre mission a l'ONU. Je pense que l'heure est venue d'avoir un consulat a NY car comme le dit si bien l'article il y a de plus en plus de Tunisien vivant dans les five boroughts. Hate de voir la suite.

Ammar - 18-07-2009 05:10

N\'oublions pas le fondateur du seul \"think tank\" consacré exclusivement aux 4 pays d\'Afrique du nord et basé a Washington DC, et qui en outre de promouvoir une meilleure connaisssance des pays du Maghreb, permet de donner voix au chapitre aux Maghrebins-americains: Le \"Maghreb Center\": http://maghrebcenter.org/

nour maiez - 01-12-2009 16:58

je suis tombé par les plus grand hasard sur ces témoignages, très chaleureux pour certains,particulièrement celui de mr abdallah labidi ou mr farid sallimi réussite des Tunisiens en France par apport a ceux d Amérique du nord ou par rapport au moyen orientaux les libanais etx arrivent avec leurs capitaux sous le bras et en général ils ne s attardent pas trop en France parce le terrain est ostille il ya qua voir ce qui ai arrivé a dodi elfayed et son père si les Amériques sont des pays d immigrants la chance est pour tout le monde la France est au français et c est tout ils n acceptent pas qu un Tunisien ou autres les bousculent et si par hasard la chance souris a un d entre eux la tache n est pas facile , et on ne vous la facilite pas du tout car vous devenez trop en vue et cela ne fait pas plaisir c est pour cela qu on essayent d être discret parce que nous avons nos familles et nous sommes parfois obligé de faire avec. j ai rencontré dans un de mes voyages un vieux sage chinois nous avons fait un trajet d avion il était mon voisin de siège et dune chose a une autres il ma dit la plus belle réussite que l on peut avoir c est celle qu on peut réalisé chez sois même si c est modeste c est toujours une réussite.

AICHA BELARBI - 10-09-2010 16:10

bonjour, Je suis Aïcha Bélarbi, journaliste. Je recherche, dans le cadre d'un documentaire pour une chaîne de télévision française, une bande de copains français d'origine maghrébine qui ont vécu en banlieue parisienne et qui seraient partis à NYC pour réaliser leur rêve à travers un projet. Ils ont ouvert un resto à Manhattan, un commerce, une entreprise ou autre projet de vie... Merci de l'aide que vous pourrez m'apportée. Chaleureusement, Aïcha email : aicha_belarbi@yahoo.fr

Chokri - 07-05-2015 07:52

La majorité des arabes De New-York vivent dans le Queens, un quartier misérable. Les arabes font un visa pour la misère et l'emporte dans leurs valises avec eux car ils y sont très attachés. Et moi même qui travaille à Monaco et vis à Antibes vue mer et à Brive-La Gaillarde dans la campagne en France je suis allé rechercher la misère en visitant le Queens.

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