News - 01.09.2014

Ben Jaafar : Quelles chances réelles pour remporter la présidentielle ?

Mustapha Ben Jaafar, leader d’Ettakatol, a fait annoncer officiellement ce lundi, sa candidature aux élections présidentielles. C'est son porte-parole et fidèle compagnon de route, Mohamed Bennour, qui a confirmé cette candidature, à la faveur de la présentation des listes d’Ettakatol aux législatives, comme pour d'autres dirigeants de ce parti. Pour M. Bennour, l’accession de Mustapha Ben Jaafar au deuxième tour ne fait pas l’ombre d’un doute. Tout sera alors possible.

Au lendemain des élections du 23 octobre 2011 et en ralliant la Troïka, Ben Jaafar se destinait à la présidence de la République dans le cadre de la répartition des trois présidences avec Ennahdha et le CPR. Moncef Marzouki, arrivé deuxième à la tête de son parti, la lui ravira. Entre les deux médecins, cela s’était joué comme lors des choix d’affectation entre spécialités et services durant le cursus de résidanat notamment. Premier noté, premier servi. Cette fois, le plébiscite étant au suffrage universel, le chef d’Ettakatol se présentera devant la décision des Tunisiens.

Ses chances sont-elles réelles ? Son parti a-t-il conservé la popularité qu'il avait à l’aube de la révolution ? Dispose-t-il, en plus de l’attractivité indispensable, d’un réseau solide, étendu à toutes les localités des 33 circonscriptions, alors qu’Ennahdha, par exemple, revendique plus de 300 sections locales ? Ettakatol a-t-il aussi pu surmonter les difficultés financières, après l’opulence de 2011, pour faire face à des dépenses de plus en plus élevées ? Autant de questions purement matérielles qui restent à prendre en considération.

Le plus important est quel bilan présente aujourd’hui Mustapha Ben Jaafar et quels engagements prend-il pour les cinq années à venir. Le bilan peut se résumer à l’adoption de la Constitution et de la loi électorale ainsi qu’à la mise en place de l’ISIE. « Les Tunisiens peuvent aujourd'hui voter librement, ils le doivent en grande partie à Mustapha Ben Jaafari », soulignent ses proches. Les trois années de perchoir, de hautes tensions, d’épuisantes concertations pour sceller les accords et les coups de sang, ont été gérées dans le calme et avec le minimum de dégâts possibles. « Même s’il ne réalise pas le consensus autour de son œuvre, estime un analyste, Mustapha Ben Jaafar aura été très utile durant cette période. Il est vrai qu’il a été parfois long à la détente, silencieux lors de certaines réunions importantes de la Troïka et peu mobile à l’intérieur du pays, mais il est resté accessible à tous, à l’écoute et jouant un rôle d’équilibre essentiel que beaucoup ne savent pas ».

Doit-il démissionner de la présidence de l'ANC?

A  moins deux mois et demi des élections présidentielles fixées aux 23 novembre prochain, Mustapha Ben Jaafar doit-il démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale constituante. Lors de son interview à Leaders Magazine publiée dans le numéro de mars 2014, il s’y était engagé en cas de candidature. Pour lui, c'est l'évidence même et doit s’appliquer aussi à l’actuel président de la République, s’il se porte candidat, pour que la compétition soit à armes égales. L’interview a été recueillie fin février dernier et trouvait alors sa pleine justification. Difficile aujourd’hui d’exiger ces démissions. Autant rester en poste, lui au Bardo et Marzouki à Carthage, mais sous haute vigilance pour s’assurer que ni l’un, ni l’autre n’utilise les moyens de l’Etat et les deniers publics.

Duel au sommet, le 23 novembre 2014 : Mustapha Ben Jaafar espère le livrer et l’emporter. Faut-il encore qu’il réussisse à en convaincre les Tunisiens. Plus que son compétiteur.

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2 Commentaires
Les Commentaires
el khlifi mokhtar - 02-09-2014 00:35

La troika a laissé un très mauvais souvenir à plus d'un tunisien.Ce Monsieur en faisait partie alors que sa place était dans l'opposition.C'est sous la Troika que le terrorisme s'est implanté et s'est ramifié.C'est sous la Troika que l'économie a croulé.C'est sous la Troika que l'Etat a connu une déliquescence.C'est sous la troika que nous avons mis un temps fou à rédiger une constitution que ce monsieur était fier de nous la présenter le 1er juin.La copie a heureusement été revue et corrigée grâce à la pression de la rue.Voter pour la troika cela veut dire que les tunisiens ont tout oublié.Est-ce sérieux?

Hédi - 02-09-2014 07:14

Il n'ira pas trop loin, lui qui n'a pas su comment gérer une foule de "députés". Quasiment absent, un candidat aux présidentielles ne doit pas fuir les situations difficiles car elles seront nombreuses et les défis à soulever plus lourds que les épaules de M. le président de l'ANC ne peuvent supporter.

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