News - 28.09.2012

Jebali à la TV: Plus réaliste, mais le suspense continue sur la date des élections

On s’attendait à des effets d’annonce. Le Chef du gouvernement s’est surtout montré réaliste, se refusant à donner de« faux espoirs» aux Tunisiens. Pour la première fois, Hamadi Jebali s’est livré, lors de son interview tèlèvisèe vendredi soir, à une autocritique en reconnaissant que le gouvernement n’avait  pas pris suffisamment la juste mesure des difficultés qui l’attendaient. Interrogé par Abdellatif Fourati, Fatma Karray Ben Abdallah et Imad Barboura, il n’a pris aucun engagement ni sur la formation d’un gouvernement d’union nationale ou d’intérêt national, ni sur un éventuel remaniement. Il s’est également montré évasif sur la date des élections que l’opinion publique attendait  se contentant de tancer les élus de l’ANC pour n'avoir pas fait l’effort nécessaire s'agissant de la rédaction de la constitution.  

On sait que M. Jebali avait évoqué précédemment  la date du 20 mars 2012. Il reconnait cette fois-ci que le pari sera difficile, sinon impossible à tenir  faute de consensus sur la nature du régime projeté. Il faudrait des concessions de part et d'autre pour arriver à un accord. Faute de quoi, a-t-il averti, on s'acheminerait vers un referendum qui aurait pour résultat de retarder davantage la rédaction de la constitution. Sans oublier,  le code électoral, le mode de désignation du président de l’ISIE, par consenus ou par élection, ainsi que les autres instances indépendantes (presse et magistrats). Il a néanmoins reconnu que des réunions se tiennent au sein de la troika pour débloquer la situation et  arriver à organiser ces élections avant…la fin de l’année au plus tard. Il a révélé que l’initiative de l’Ugtt va servir de cadre à un dialogue national entre tous les partis sur la phase à venir. Cela éviterait les surenchères et les susceptibilités fréquentes entre les partis.

Le Chef du gouvernement a critiqué vivement ceux « dont l’âge avancé et l’expérience politique aurait dû inciter à ne pas donner des jugements aussi saugrenus que la fin  de la légitimité de l’ANC après le 23 octobre». Une allusion à peine voilée à Béji Caïd Essebsi.  Sur le dossier économique, le Chef du gouvernement n’a pas convaincu, se contentant de reprendre certains chiffres concernant le nombre d’emplois créés ou le taux de croissance peu crédibles aux yeux de nombreux  économistes tout en appelant les citoyens à mettre une sourdine à leurs revendications, le temps pour le pays d'opérer son redressement économique. Coïncidence :  le même jour, le gouverneur de la BCT présentait un tableau peu reluisant de la situation économique. 

On notera également son soutien aux institutions sécuritaire et militaire et l’hommage appuyé à Ali Larayedh, ministre de l’intérieur qualifié « d’homme d’Etat », ainsi que sa condamnation de la violence d’où «qu’elle vienne», refusant qu’elle soit attribuée aux seuls salafistes. Il a excipé des faibles moyens dont disposent les forces de sécurité pour justifier la ratés de leur réaction à la prise d'assaut de l'ambassade des Etats unis. 

Pas un mot sur la crise de Dar Essabah, mais Jebali a réitéré son attachement à la liberté de la presse, tout en déniant aux syndicats le droit de désigner les responsables des institutions de presse qui « relève du pouvoir exécutif». On peut regretter que la politique étrangère n'ait pas été évoquée alors qu'il y avait beaucoup à dire à ce sujet, comme sur l'entrisme pratiqué par Ennahdha dans l'administration,  l'instrumentalisation des mosquées à des fins politiques, la lutte contre la corruption, la justice transitionnelle, les rapports dificiles entre la Kasbah et Carthage alors que le renchérissement du coût de la vie a été à peine effleuré. 

Un mot sur les interviewers : il faut regretter le ton convenu des questions ainsi que la tendance à se poser parfois en donneurs de leçon. Nos confrères auraient dû également rebondir sur certaines questions pour demander des précisions ou pour porter la contradiction à Hamadi Jebali  à propos de certaines réponses peu convaincantes. 

 

 

 

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