Opinions - 14.09.2012

Le Projet de village éco-solaire Zarzis-Djerba : Les énergies renouvelables au service du développement durable

Parmi les nombreux défis auxquels se trouve désormais confronté le monde, ceux de l’énergie et de l’eau se posent avec une acuité et une urgence toutes particulières. Il s’agit en effet de ressources qu’il est légitime de qualifier de primaires, étant indispensables à toute activité humaine et, plus généralement, à toute vie sur terre.

Ces ressources primaires connaitront dans le futur un stress aigu en raison de la conjugaison de trois facteurs principaux: l’augmentation prévisible de la population mondiale qui avoisinera les dix milliards d’individus, à l’horizon 2050, accompagnée d’une aspiration légitime de tout un chacun à une vie meilleure, la croissance de la demande, dopée par des besoins grandissants surtout des pays émergents et la régression des réserves des ressources classiques, notamment les ressources fossiles.

Cette problématique est davantage aggravée par l’impact du réchauffement climatique, aujourd’hui admis par la plupart des scientifiques, et qui induit des modifications perceptibles des écosystèmes dans de nombreuses régions du monde.

L’humanité aura donc de plus en plus besoin   de nouvelles sources d’énergie et d’eau et de nombreux pays, notamment du sud, seront amenés, pour compenser   leurs stress hydriques, à recourir au dessalement de l’eau qui nécessite, à son tour, la disponibilité de l’énergie, à des coûts compatibles avec leurs moyens.
Il existe en effet une interaction forte entre les deux éléments du binôme énergie-eau. L’eau peut être source d’énergie et réciproquement, l’énergie permet de dessaler ou d’épurer l’eau en vue de la rendre consommable.
Le recours aux énergies renouvelables, sous ses différentes formes, semble constituer la réponse la plus appropriée pour relever ces défis redoutables.

Certains objecteront peut-être que les coûts de ces énergies sont relativement élevés et peu compétitifs. Cela est vrai aujourd’hui, mais tout porte à croire qu’il n’en sera pas de même dans un futur proche. En effet, l’évolution technologique obéit rarement à des lois linéaires. Elle s’effectue la plupart du temps par des sauts, dits sauts technologiques, qui se traduisent par une baisse sensible des coûts et une nette amélioration des performances. Ce fut le cas dans le domaine des TIC, à titre d’exemple. Cette baisse des coûts sera en outre accélérée par l’effet d’échelle, compte tenu de la forte demande en  de telles technologies pour les décennies à venir.

La Tunisie, dont une bonne partie du territoire est située dans des zones plutôt arides, se trouve hautement concernée par ce double défi de l’énergie et de l’eau.

 Le projet de village éco-solaire Zarzis-Djerba, en tant que composante du plan solaire tunisien, s’inscrit dans le droit fil des priorités nationales pour le futur.

Il ambitionne de faire des énergies renouvelables un levier pour insuffler une nouvelle dynamique au développement socio-économique du sud tunisien et contribuer à la relève des deux défis majeurs dont on vient de parler.

Il s’agit de créer un pôle de compétitivité dans la région autour d’un technopôle dédié aux énergies renouvelables et l’agriculture biologique.

Il se destine à quatre principaux domaines de compétence :
- Les technologies de production des énergies renouvelables, particulièrement l’énergie solaire,  et l’efficacité énergétique,
- Les technologies de dessalement de l’eau, particulièrement l’eau de mer partant du fait que l’excès d’exploitation des eaux saumâtres des nappes provoque généralement une salinisation et donc une dégradation des sols et des ressources pédologiques,
- l’agriculture biologique et la culture des plantes aromatiques et médicinales, adaptées aux conditions spécifiques de la région,
Ce projet s’articule en outre autour de quatre activités principales, en relation avec les domaines de compétences précités, dans le cadre d’une synergie qui bénéficiera d’une attention toute particulière, à savoir :
- La formation des ressources humaines (formation d’ingénieurs et de techniciens qualifiés)
- La recherche et l’innovation,
- La production industrielle et l’offre de solutions technologiques
- L’expérimentation technologique et agronomique.
La région du sud-est étant connue par l’importance et la qualité de son oliveraie, le parti architectural retenu pour ce projet, dont les études de faisabilité, confiées à une équipe d’experts tunisiens qualifiés, ont été achevées depuis 2011, s’appuie sur le concept de rameau d’olivier.
Ce concept, à forte résonnance symbolique, est illustré par les images des figures 2 et 3 ci-après, la figure 1 indiquant la localisation projetée du projet.

Au niveau des facilités offertes, celles-ci sont conçues en vue de répondre à l’objectif : sitôt installé, sitôt opérationnel ! Autrement dit, toutes les commodités nécessaires pour le démarrage rapide des activités seront mises à disposition : ressources primaires, bien sûr, réseau télécom à haut débit, data-center avec environnement sécurisé, espace de vie, espaces récréatifs, assistance, divers services de facilitation, etc.
Il est à parier qu’une fois réalisé, ce projet ne manquera pas de :
- Promouvoir des solutions innovantes en matière de technologies et de pratiques liées aux énergies renouvelables
- Favoriser la création de nouveaux empois valorisants dans les domaines technologiques et agricoles. Il est prévu qu’il générera environ 4000 emplois nouveaux durant les cinq première années, dans une région qui en a grandement besoin !
- Créer de la valeur ajoutée et promouvoir le développement régional, par l’introduction de nouvelles techniques et de nouvelles pratiques dans des activités compatibles avec les spécificités de la région,
- Offrir des plates-formes d’expérimentation de haut niveau pour les besoins d’entreprises et de centres de recherche tunisiens et en provenance de pays amis de la Tunisie
- Et, d’une manière plus générale, participer à la concrétisation des stratégies nationales en matière de développement durable et d’offre  d’opportunités d’investissements hautement rentables, dans le cadre de l’économie verte qui sera selon toute vraisemblance le moteur de la croissance durant les prochaines décades.
Il est en outre reproductible dans d’autres régions du pays et pourra même constituer, avec les autres pôles similaires, dont en particulier celui de Borj Cédria, un réseau de centres d’excellence, faisant de la Tunisie un fournisseur de solutions dans cet important domaine des énergies renouvelables au service du développement durable.

Ce projet est en attente de l’accord définitif de l’actuel gouvernement, après avoir obtenu l’accord de principe du précédent. Il est à espérer que cet accord définitif ne tarde pas à venir, au risque de voir les investisseurs potentiels s’orienter vers d’autres destinations concurrentes.

A. FRIAA