Questions à ... - 30.07.2012

Mehdi Majeri : Présentation de l'Ecole Privée d'Ingénieurs (EPI)

Juillet, c’est le mois de l’orientation universitaire pour des dizaines de milliers de nouveaux bacheliers, mais aussi des étudiants qui souhaitent changer de filières ou aller plus loin. Les options ne sont pas nombreuses : l’enseignement public, les établissements privés ou le départ à l’étranger. Le tout avec à la base une double grande interrogation : comment garantir la réussite pour accéder au marché du travail ? Et combien ça coûte si on choisit le privé ou l’étranger ? Deux questions qui constituent en fait la problématique centrale du système.

Avec 42 établissements autorisés, accueillant plus de 17 000 étudiants (dont plus de 4 000 étrangers), l’enseignement supérieur privé tunisien, né il y a à peine 11 ans, connaît une évolution rapide, avec son lot de réussites et d’insuffisances. Réussite de certains établissements qui ont misé sur la valeur scientifique et académique, investi dans le corps enseignant et les infrastructures, faisant fi de toute considération purement commerciale. Insuffisance pour d’autres qui n’arrivent pas à se conformer totalement à la réglementation en vigueur et offrir à leurs étudiants les conditions nécessaires à leur bonne réussite. Le gap risque de s’élargir.

Mais plus, la compétition s’accélère depuis la révolution. Pas moins de 25 nouvelles demandes d’autorisation ont été déposées auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. En plus de certains groupes tunisiens formés notamment par d’anciens enseignants et dirigeants universitaires, de grandes universités internationales, nord-américaines, européennes et arabes (pays du Golfe), envisagent sérieusement de se lancer dans le secteur. La cible visée ne se contente pas des étudiants tunisiens mais s’élargit à des étudiants étrangers de divers pays, en priorité ceux de la Méditerranée, de l’Afrique subsaharienne et de la région arabe. Certaines nouvelles universités se consacreront à l’économie, au management, au marketing et d’autres aux technologies et dispenseront leur enseignement totalement en langue anglaise.
Mais quelles sont...

I - les spécificités distinctives de chaque établissement (filières, modèle pédagogique, enseignants, partenaires étrangers, locaux, frais…) ?
II - Quelles sont les difficultés rencontrées ?
III - Quels sont les conseils que vous donneriez aux futurs étudiants et aux parents pour bien choisir l’université privée à fréquenter ?
IV - Comment promouvoir l’enseignement privé universitaire en Tunisie ? Que doit faire le gouvernement ? Que doivent faire les universités ?  
V - Comment attirer plus d’étudiants étrangers ?

Poursuivant notre tour de Tunisie des établissements supérieurs privés(1), nous donnons la parole cette fois-ci à Mehdi Majeri, Directeur de l'Ecole Privée d'ingénieurs

L’Ecole Privée d’Ingénieurs (EPI) est une Grande Ecole d’Ingénieurs pluridisciplinaire avec des spécialités dans les domaines des Technologies de l’Information et de la Communication, des Biosciences, du Génie Civil, de l’Electronique, de la Mécanique et du Textile.

L’EPI est un établissement privé d’enseignement supérieur (Agréé par l’Etat) dont la mission est de contribuer à former des ingénieurs et cadres techniques (en formation initiale et continue), d’assurer des activités de recherche appliquée et de transfert de technologie, de réaliser des actions de partenariat avec les entreprises et les universités (nationales et internationales) et de participer à la diffusion de la culture scientifique et technologique.

Implantée à Sousse (http://www.commune-sousse.gov.tn) dans un cadre d'étude agréable, notre Ecole offre aux étudiants et enseignants des infrastructures modernes et performantes. L'Ecole dispose de 6000 m² couverts réservés à l'enseignement et à la recherche appliquée (laboratoires, ateliers, amphis, clubs, ...)  et de 2000 m² d'espaces verts et récréatifs. Elle est située à proximité du Pôle Technologique de Sousse (www.technopole-sousse.rnrt.tn), de l'Hôpital Universitaire de Sahloul, de la Cité Olympique, de "Sahloul Parc" (espace de détente et de loisir avec parcours de santé), des Etablissements d'Oeuvres universitaires (Hébergement, Restauration, Activités Culturelles,...) et des Centres Commerciaux.

1 - Quelles sont les spécificités distinctives de votre établissement (filières, modèle pédagogique, enseignants, partenaires étrangers, locaux, frais…)


L’EPI est une Ecole d’Ingénieurs Privée agréée par l’état. Elle a pour mission de former des ingénieurs (5 ans après le bac) et d’assurer des activités de recherche appliquée et de transfert de technologie. Implantée à Sousse, notre école bénéficie d’un environnement favorable réunissant des compétences de haut niveau scientifique et technologique : enseignants, experts et cadres d’entreprises. Nous rejoindre c’est choisir d’être pris en charge par une équipe pédagogique performante qui a fait ses preuves aussi bien dans l’enseignement public que privé pendant plus de vingt ans. Les activités de formation et de recherche de nos enseignants sont bien visibles à l’échelle nationale et internationale.

En adéquation avec des besoins évolutifs des entreprises, nos spécialités offrent davantage de choix et d’opportunités à ceux qui ambitionnent des diplômes de haut niveau leur permettant de meilleures perspectives d’emploi. Ainsi, notre projet pédagogique s’articule autour de trois grands domaines de formation :

- Ingénierie de Construction, des Composants et des Systèmes (ICCS)
- Technologie de l’Information et de la Communication (TIC)
-  Ingénierie des Procédés Chimiques et Biologiques (IPCB)

Les programmes sont élaborés à partir de ces trois grands domaines et mènent progressivement (par le biais de différents parcours) vers plusieurs spécialités de l’ingénieur.
La formation après le Bac débute par un premier cycle de préparation intégrée de deux ans : une première année commune à tous les étudiants et une année de pré-orientation dans les trois grands domaines. La finalité de la première année est de donner aux élèves une formation de base qui leur permet de poursuivre leurs études, quelle que soit la pré-orientation choisie en seconde année. Celle-ci familiarise l’étudiant avec les disciplines de l’ingénieur et le prépare à rejoindre l’une des spécialités présentes à l’école (année 3, 4 et 5).
Les trois années du second cycle sont consacrées à la spécialisation tout en poursuivant une formation en Sciences Humaines, Langues, Gestion et Conduite de Projets.

2 - Quelles sont les difficultés rencontrées ?

La difficulté majeure rencontrée concerne l’attribution par la Ministère de l’Enseignement Supérieur des agréments relatifs aux programmes des différentes filières de formation ingénieur déposés au ministère.
Ces programmes sont élaborés par des équipes pédagogiques réunissant des compétences de haut niveau scientifique et technologique : enseignants, experts et cadres d’entreprises. Ils permettent à l’école de jouer pleinement son rôle de vecteur de développement au service de l’entreprise.

Cependant, nous notons une certaine lenteur au niveau des commissions d’évaluation des programmes et une absence de critères d’évaluation clairs. Nous n’avons toujours pas reçus de rapport d’évaluation concernant plusieurs de nos programmes déposés au ministère depuis plus de 17 mois.

3 -  Quels sont les conseils que vous donneriez aux futurs étudiants et aux parents pour bien choisir l’université privée à fréquenter ?


Tout d’abord, aussi bien les parents que les futurs étudiants ne doivent pas avoir peur de tenter l’expérience de l’enseignement supérieur privé, de plus en plus répandu en Tunisie et de part le monde. Ils ne doivent pas hésiter à comparer les différentes écoles d’ingénieurs privées de la place en tenant compte du cadre pédagogique, des locaux, des équipements mis à disposition…

L’appui des formations par le Ministère de l’Enseignement Supérieur ayant accordé son agrément garantit la conformité des programmes pédagogiques aux standards en vigueur dans les établissements publics du pays. Par ailleurs, le suivi régulier et constant par le ministère de l’évolution de ces programmes demeure un garant de cette conformité.

Ainsi, la création de l’EPI nous a imposé certains critères simples, communément admis. Il s’agit notamment de la diversité des spécialités offertes, des passerelles entre ces spécialités, des options prévues en fin de cycle, de l’emplacement et de l’adaptation des locaux, des équipements et du matériel employés pour une formation technologique, de la compétence et de la disponibilité de l’équipe pédagogique, de l’organisation et de la gestion administrative, de l’insertion professionnelle et des liens avec les entreprises, du cursus international et de la sélection des candidats à l’admission. Ces critères et d’autres encore, ont été retenus pour servir de fondements et de références lors de la conception et la réalisation du projet EPI et ainsi garantir une formation des plus complètes dans les meilleures conditions.

4 - Comment promouvoir l’enseignement supérieur privé universitaire en Tunisie : que doit faire le gouvernement ? Que doivent faire les universités ?

La Tunisie compte environ 23000 ingénieurs (estimation 2009). Le ratio est de 2,2 ingénieurs pour 1000 habitants. Ce ratio atteint 4 pour les pays émergents et 10 pour les pays développés. Le nombre d’ingénieurs formés actuellement (établissements publics et privés) est de l’ordre de 3000 par an alors que les besoins pour l’économie sont estimés à 7000 dont le tiers en Technologie de l’information et de la communication (TIC).
Face aux exigences technologiques et économiques, les ingénieurs et cadres techniques, par leur autonomie et flexibilité, leur créativité, leurs relations humaines et leur sens des responsabilités, sauront combler le vide et trouver leurs places pour relever les défis imposés par le développement durable.

Ainsi, pour combler ce manque en ingénieurs, bien que les écoles nationales d’ingénieurs du pays contribuent par la formation de cette élite, il est du devoir du Ministère de l’Enseignement Supérieur de contribuer à la promotion et au développement des écoles privées d’ingénieurs, à l’image de certaines grandes écoles d’ingénieurs privées en France. Cette action du Ministère peut se manifester à travers :

- L’octroi de bourses aux meilleurs élèves qui choisiraient de poursuivre leurs études dans des écoles d’ingénieurs privées
- L’homologation des filières de formations ingénieurs dans le secteur privé selon des cahiers de charges préétablis, en passant par des commissions nationales d’évaluation à l’instar des commissions nationales sectorielles pour le régime L.M.D et des des délais prédéfinis.
- L’autorisation pour certains universitaires de bénéficier des détachements ce qui permettrait aux écoles privées d’ingénieurs de profiter de leur expérience dans leurs divers domaines de compétence

5 - Comment attirer plus d’étudiants étrangers ?

En participant aux divers salons internationaux pour étudiants, les Ecoles Privées d’Ingénieurs peuvent aller au contact des futurs étudiants étrangers désireux de poursuivre leurs études en Tunisie. La formation universitaire en Tunisie, bien que souffrant de certaines lacunes, est capable d’attirer les étudiants de tout bord et ne cesse de le prouver à la fois dans le domaine de l’ingénierie ou de la santé. Et dans ce cadre, nous recommandons la subvention par la CEPEX des meilleures écoles privées d’ingénieurs pour leur promotion sur le continent Africain.

(1) A lire aussi les interviews de :

  Ridha Gouiaa, directeur de  l'APBS (Avicenne Private Business School),  Farouk Kammoun directeur de SESAME, Ridha Ferchiou, président de l'Institut Tunis-Dauphine, Tahar Ben Lakhdar, président du groupe Esprit et Naceur Ammar directeur scientifique et  M. Mahmoud Triki, Directeur de MediterraneanSchool of Business (MSB).