News - 28.05.2012

Les agressions salafistes : une entreprise de déstabilisation

Comme attendu, les agressions commises la semaine dernière par les jihadistes dans plusieurs villes du pays ont eu un effet immédiat : une floraison d’articles dans la presse internationale où la Tunisie n’est pas présentée, c’est le moins qu’on puisse dire, sous son meilleur jour. Déjà, les autorités suisses et belges conseillent à leurs ressortissants « désireux de se rendre en Tunisie de faire preuve de la plus grande prudence compte tenu de la situation sécuritaire dans le pays ». Paradoxalement, Ennahdha si prompte à se défausser de ses fautes sur les autres, se tait. Va t-elle encore une fois pointer du doigt un de ces boucs émissaires qu’elle a pris l’habitude de désigner à la vindicte publique (journalistes, opposition, ex RCDistes,notamment) ? Devrions-nous nous contenter, une fois de plus, de ces formules alambiquées dont elle a le secret où l’agresseur et l’agressé sont renvoyés dos à dos ? Ou bien, se résoudra-t-elle, enfin, à condamner sans ambiguité ces agissements ? Car, les choses sont à présent on ne peut plus claires. On est bien en présence d'une tentative de déstabilisation. On peut tout reprocher aux  jihadistes sauf de  ne pas assumer leurs actes. Cette stratégie de la tension, ils la revendiquent depuis longtemps dans leurs écrits et dans leurs discours. Elle s’inscrit dans le droit fil de la réislamisation du pays, entamée depuis un an par l’afflux de tout ce que le monde arabe compte de prédicateurs obscurantistes avec la bénédiction ou du moins la passivité bienveillante du mouvement de Rached Ghannouchi.

Les actions auxquelles on assiste aujourd’hui constituent en quelque sorte la mise en pratique des cours intensifs pris dans les lieux de culte, transformés pour l’occasion en centres de rééducation au sens où on les entendait dans la Chine de la révolution culturelle ou chez le Viet Minh dans les années 50 et 60.

Premier secteur touché par cette stratégie, le tourisme qui n’en est pas la victime collatérale, mais bel et bien son cœur de cible, car cette activité qui fait vivre près d’un million de personnes renferme aux yeux de nos jihadistes toutes les tentations et les dangers qui risquent d’éloigner un bon musulman de sa religion : «la mixité et son corollaire obligé, la tentation de la chair, l’ouverture sur l’autre, la tolérance», autant de facteurs qui ne peuvent selon eux que détourner le bon musulman de sa religion.

En l’absence de riposte énergique de la part des pouvoirs publics, les scènes auxquelles on assiste depuis quelque temps déjà dans nos villes risquent de paraître de simples jeux d’enfant par rapport à ce qui nous attend pendant la saison estivale.