News - 26.04.2012

Pourquoi cette fixation des dirigeants d'Ennahdha sur le JT de 20 heures ?

Comment expliquer la fixation des dirigeants d’Ennahdha sur le journal télévisé de 20 heures ? A peine le sit in de 50 jours devant le siège de la télévision a-t-il été levé que les journalistes de la télévision nationale doivent faire face à un tir groupé des principaux dirigeants du mouvement. Sur Expressfm,  le leader d’Ennahdha, a souligné que l’opinion publique n’est  pas sûre que « ce service public fonctionne de manière objective et impartiale. Il existe aujourd’hui  un sentiment  unanime de colère et d’impuissance face à la ligne éditoriale suivie par la  première chaîne qui consiste à passer sous silence certains évènements et à exagérer les points négatifs comme les sit-in et les manifestation ». 

Abondant dans le même sens, le chef du gouvernement  qui présentait jeudi la loi de finances complémentaire 2012 a invité les journalistes à «se réconcilier avec la révolution et le peuple » et demandé aux médias publics et privés de «faire preuve d’impartialité dans le traitement de l’information». Mercredi soir, le débat télévisé sur El Watatniya à propos de l’information sur la chaîne publique a donné lieu à un dialogue de sourds. Car Ameur Larayedh, qui avait déclenché la polémique sur la privatisation de la télévision, était venu avec des idées préconçues et des arguments qui relevaient pour la plupart du procès d’intention (il y aurait des forces occultes au sein de l'équipe du journal qui chercherait à nuire à Ennahdha et à ses dirigeants). Comment convaincre si Ameur de la bonne foi des journalistes ? Ces derniers s'y sont employés en lui expliquant les critères de choix des informations, leur hiérarchisation selon des critères précis. De toute évidence, il n’était pas prêt à écouter. Sûr de son bon droit, il tenait absolument à ce que ses interlocuteurs fassent amende honorable pour des fautes qu’ils n’avaient pas commises, tout en agitant, à tout propos, la menace de la privatisation.

Au terme de près de 90 minutes d‘échanges stériles, le rédacteur en chef, Saïd Khzami  a bien résumé la situation en s’adressant à M. Larayedh en ces  termes. « Au fond, votre souci majeur en tant qu’hommes politiques et partis est de paraître le plus souvent possible sur le petit écran dans la perspective des prochaines élections ». En quelques mots tout est  dit et bien dit. Tout le reste est littérature.

 

PS : jeudi, le chef du gouvernement  a eu droit  à plusieurs heures d'antenne sur El Wataniya 1 à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances  complémentaires 2012, tandis que l'un de ses ministres était sur la 2. Est-ce la télé qu'ils appellent de leurs voeux ?