News - 19.03.2012

Coopération technique: comment reprendre pied

Ils ne sont plus que 203 coopérants tunisien exerçant dans les pays d’Afrique subsaharienne, selon les registres de l’Agence tunisienne de coopération technique (ATCT). Près de la moitié d’entre eux sont médecins (notamment 85 en Afrique du Sud), et les autres se répartissent dans différents secteurs, sur une quinzaine de pays. Le rythme annuel des nouveaux recrutements qui avait atteint 110 en 2007 et 98 en 2008 a baissé à 26 seulement en 2011.

Problème majeur rencontré, le financement. Dès la fin des années soixante-dix, la Tunisie avait bénéficié du soutien du Fonds arabe d’assistance technique (FAAT), dépendant de la Ligue des Etats arabes, ainsi que du fonds de l’Agence de coopération culturelle et technique (ATCT francophone) pour dépêcher des missions d’enseignants dans nombre de pays, notamment la Somalie, Djibouti, les Iles Comores et le Niger, en plus de ceux affectés en Mauritanie. D’autres ressources puisées auprès du système des Nations Unies avaient également permis dans les années quatre-vingt de promouvoir une coopération sud-sud très appréciée par les pays bénéficiaires. La Tunisie a d’ailleurs pris le leadership de la coopération technique entre pays en développement (CTPD), présidant de grandes conférences internationales au siège de l’ONU à New York et multipliant l’envoi d’experts et coopérants dans les pays du Sud. Particulièrement active au sein du programme des Volontaires des Nations Unies (VNU), elle avait également offert la possibilité à nombre de jeunes d’aller servir sur le terrain dans des projets de développement. Plus encore, la Tunisie a multiplié les actions de formation sur son sol en faveur de stagiaires africains et engagé l’exécution de projets d’assistance technique dans les pays du Sud. Ces efforts se sont certes poursuivis durant les cinq dernières années, mais les résultats sont restés modestes. Au total, 262 experts et consultants ont été envoyés en missions de courte durée et 569 stagiaires reçus en formation, en cinq ans (2007-2011). Pour l’année 2011, ces indicateurs portent sur 42 experts et consultants et 51 stagiaires, ce qui est bien modeste.

Comment relancer ce dispositif ? Pour M. Hamed Zeghal, longtemps directeur général de l’ATCT durant les années 80, avant de prendre sa retraite, il faut d’abord centrer l’action sur les pays sud - sahariens francophones, connaître la nature de leurs besoins et trouver les financements auprès des sources multilatérales (PNUD, FAAT, ATCT ….) et bilatérales (Japon, pays européens et arabes). Une triangularisation de la coopération peut s’avérer fort utile en associant des organisations multilatérales et des pays amis donateurs.
On peut en effet envisager que des fonds provenant de l’aide publique au développement consentie par des pays du Golfe, européens et autres servent à prendre en charge totalement ou en grande partie les rémunération et frais de séjour de coopérants tunisiens qui seront mis à la disposition de pays africains, dans le cadre de projets d’assistance technique. L’expertise tunisienne est reconnue par sa qualité de haut niveau et les Tunisiens sont appréciés pour leur compétence et leur intégrité.

Un autre facteur est également important, la volonté de servir en Afrique subsaharienne qui doit désormais animer les cadres tunisiens, les incitant à chercher les opportunités de travail dans ces pays et les encourageant à s’adapter utilement aux conditions de vie et de travail. Bref, tout un système à repenser et à déployer.

Répartition des coopérants dans les pays africains par secteur au 31 décembre 2011

Secteur\Région  Afrique du Sud Djibouti Sénégal Maroc Guinée équatoriale Guinée  Congo  Rwanda  Mali Autres pays africains  Total
Education et sport 1 10 2 6   1 1 1   4 26
Santé 84 5   1 9 4     1 1 105
Administration   1   1     3   2 5 12
Transport     2 4             6
 Ingénierie   3 8 2   1 1 3   7 25
Electrique Et mécanique   1 1 1     1 1   4 9
 Agriculture et pêche       1   2 1 2 2 4 12
Informatique       2     1       3
Tourisme    2  2               4
Pétrole et gaz             1       1
Total 85 22 15 18 9 8 9 7 5 25 203

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Fatah Hadj Mohamed Fatah - 21-03-2012 00:30

je profites de l'occasion bien heureuse qui m'est offerte ici pour saluer Mr Hamed Zghal et de lui serrer bien fort la main tout en lui espérant une longue et meilleure vie. Ancien coopérant au Niger et aux Comores , ayant honorablement servi et fidèlement mon pays , les 2 pays hôtes et la Ligue Arabe , en tant que professeur et surtout en tant que représentant officiel de l' A T C T en 1978-1979 , je me permet d'apporter le témoignage suivant : 1 - L'année 1979 a vu le transfert à Tunis du siège de la Ligue Arabe , alors qu'un de ses organismes a du fairer autrement , préférant garder domicile au Caire , tel par exemple le " Fond Arabe de l’Assistance Technique " . 2 - Une telle situation s'est avérée par la suite peu compréhensible et bien bizarre , lorsqu'il était devenu question du renouvellement et de la reconduction du contrat tri-latéral signé à la fois par la Tunisie , le Niger et le " Fond Arabe de l’Assistance Technique " ( permettant pour l'année scolaire 1979/1980 , le renvoi au Niger des 7 professeurs coopérants ) . Le Caire m'avait écrit , en tant que chef de fils du groupe enseignant coopérant au Niger , pour me demander d'agir auprès de mes collègues afin de savoir qui parmi eux manifeste alors son désir de prolonger son séjour au Niger pour une 2 eme année . En allant vite en besogne , j'ai du consulter Tunis : l'A T C T ( en la personne de son directeur , Mr Hamed Zghal ) , puis la Ligue Arabe ( en la personne de son Secrétaire Général Adjoint , Mr Less ad ) : 1 - Quoique la réplique de Mr Zghal était étonnante ( " en tant que A T C T , je ne suis au courant de rien..", le responsable a eu le mérite , et à ma demande express , de m'accorder l'autorisation de contacter la Ligue arabe . 2 - Quant à la position de Mr Less ad , elle me laisse encore ( et depuis 32 ans déjà ) bien ébahi , surtout en ce qui concerne la question du devenir des intérêts du monde arabe en Afrique ... ce qui m'a conduit à l'époque à lui adresser un rapport écrit concernant la future situation politico-stratégique arabe en Afrique noire pendant les années 80 ( se rapportant au risque réel d'un expansionnisme israélien dans la région ... ) . Revenons aux problèmes qui touchent la coopération technique en Tunisie . cette question est soumises à deux séries de facteurs . I - Facteurs intérieurs et d'ordre national : 1 - La nécessite absolue d'instituer dans le domaine de la coopération technique : A - Une politique financière claire et à long terme ; financée, plus particulièrement , par les instances publiques (financement des programmes par prélèvements annuels , effectués sur les budgets octroyés aux différents organismes de l'Etat : les ministères , la présidence de la République , le Parlement ... ) ; mais aussi par toute entreprise publique , semi étatique ou privée ( toutes celles qui bénéficient de valeurs économiques et financières réalisées à l'extérieur , à l'import comme à l'export ; concernant l'ensemble des matières premières brutes ou semis finies , des produits finis et des services ) . Le financement se fera selon un cota bien déterminé, suivant l'importance des programmes adoptés par chaque organisme . B - Une politique globale dépassant le cadre technique étroit et traditionnel , alliant les aspects socio- culturels ( réciprocité des échanges ) aux aspects économiques ( au sens le plus large du terme ) . C - Une politique multidirectionnelle , allant à l'encontre de tous peuples , aussi bien occidentaux ,qu'asiatiques et latino-américains ; afin de ne plus center l'action sur uniquement les pays sud - sahariens francophones et de quelques pays du golfe arabo-persique . 2 - La nécessité de poursuivre une politique de grande envergure : A - Afin d'absorber le flux estudiantin de plus en plus croissant , celui fourni plus particulièrement par les facultés des sciences humaines , politiques et juridiques , initié des langues latines , russe et chinoise . B - Réviser le régime douanier se rattachant au retour définitif ( F C R ) II - Facteurs intérieurs et d'ordre international : 1 - Diversifier d'avantage les sources de financement unilatérales , bilatérales et multilatérales ( autres que les canaux classiques : le FAAT , l'ATCT francophone ) tel la BAD , la Banque Mondiale , les gouvernements et associations des pays industriels , le PNUD , l'Unesco , l 'AFO ... 2 - Encourager le volontariat tunisien en s'inspirant du model VNU , mais aussi faire adopter le service militaire dans le cadre de la coopération .

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