News - 15.02.2012

La Ligue des Droits de l'Homme se joint à la dénonciation de Wajdi Ghanim

«La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme ne saurait accepter la recrudescence des prêches extrémistes étrangères qui viennent déchirer des pages entières de l’histoire de la Tunisie musulmane tolérante, inciter à la violence et s’ingérer dans nos affaires internes ». C’est ce qu’a affirmé Belkis Mechri, première vice présidente de la LTDH avant d’ajouter : « nous en appelons aujourd’hui au gouvernement et surtout à ‘Assemblée nationale constituante pour prendre une  position catégorique à ce sujet et mettre fin aux visites de ces prédicateurs ». Intervenant lors de la conférence de presse donnée mercredi matin par le mouvement Kollna Tounès (fondé par Emna Mnif), elle a indiqué que la Ligue s’apprête à publier une déclaration à ce sujet et envisage d’organiser une manifestation ouverte à tous.

Tout en rappelant que la LTDH reste inscrite dans son action droit-l’hommiste, loin de tout engagement politique partisan, Belkis Mechri n’a pas manqué d’exprimer sa surprise et celle des militants de la Ligue de voir que les grands idéaux de liberté et de démocratie qui ont marqué leur combat durant toutes ces dernières années contre la dictature et l’oppression ne sont pas tous partagés et entièrement par le peuple tunisiens. Certains se laissent en effet séduire par des sirènes étrangères à la société tunisienne, ses valeurs et traditions.

Pour Jawher Ben Mbarek (Destourna), « Wajdi Ghanim en soi n’est qu’un épiphénomène, le plus grave c’est l’accumulation d’une série de manœuvres visant à formater la société tunisienne, dans le cadre d’un agenda politique destiné à faire passer une vision particulière dans la Constitution ». Il estime que « les attaques menées contre des établissements scolaires, universitaires, culturels et hospitaliers, ainsi que les tentatives de domestication des médias, s’inscrivent toutes dans un seul et même objectif à savoir préparer l’opinion publique à accepter des dispositions extrémistes, quitte à réduire leur seuil, en ultimes concessions, lors des négociations du texte final de la Constitution. Cette radicalisation du discours extrémiste est au cœur de la bataille pour la Constitution». C’est pourquoi, il lance « un appel urgent à un débat approfondie au sein de l’ANC sur ces tentatives déstabilisatrices » afin de « définir avec le gouvernement, les partis politiques et la société civile à un accord consensuel sur une stratégie commune, tant qu’il est encore temps ». Ben Mbarek considère en effet que « l’enracinement de ces concepts rétrogrades et obscurantistes dans la société tunisienne risque d’être irréversible et impossible à éradiquer si l’on ne s’y prend pas tout de suite ».

C’est la même analyse de Faouzi Maaouia, de l’association Initiative Citoyenne. Si, à ses yeux  « Wajdi Ghanim, simple épiphénomène qui n’a ni la taille, ni la dimension nécessaires pour justifier une aussi forte mobilisation de la société civile, il s’inscrit dans un processus de diversion qui essaye de faire dériver la révolution et d’attenter à ses idéaux ». Autant qu’il considère nécessaire de soutenir le gouvernement Jebali dans son effort de stabilisation du pays et de relance de l’économie, autant il se demande « quelles sont les mesures qu’il compte prendre pour endiguer ces flots extrémistes qui, précisément, viennent s’attaquer aux fondements de la nation ». Sur un ton très émus, Faouzi Maoauia déclare que ceux qui croient que la Tunisie est aujourd’hui fortement affaiblie et blessée peut constituer une proie facile doivent trouver face à leurs manipulations des oulémas éclairés qui leur rappellent la profondeur de l’Islam tunisien et une société soudée. »

Cadrant le débat dès l'ouverture de la conférence de presse, Emna Mnif, avait bien souligné que si les priorités actuelles de la Tunisie sont certes la reprise économique et l’élaboration de la Constitution, les questions des libertés, de la démocratie et des droits de l’Homme ne sauraient se soustraire au débat national de première importance. Après avoir vigoureusement dénoncé le discours de discorde prêché par ces prédicateurs, elle a appelé à « la neutralité des mosquées et à la mobilisation collective pour inviter le gouvernement et les élus de la Constituante à prendre les mesures nécessaires pour arrêter ce fléau destructeur.»

 

 

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