News - 11.01.2012

Béji Caid Essebsi – Ahmed Néjib Chebbi : qui sera le grand rassembleur du Centre ?

La course à la formation d’un grand parti du centre, rassemblant le plus largement possibles les forces démocratiques, progressistes, centristes et même de droite, s’est soudainement accélérée, après la multiplication des rumeurs attribuant au Premier ministre sortant, Béji Caïd Essebsi de s’y lancer. Prenant de court différentes initiatives, le PDP, Afek Tounes et le Parti Républicain ont annoncé mercredi leur fusion qui doit prendre forme à l’issue d’un congrès convoqué les 17, 18 et 19 mars prochain. Un comité préparatoire doit plancher sur l’élaboration des statuts, de la plateforme et des motions à soumettre au congrès.

L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse qui a en fait pris la forme d’un meeting, avec une présence massive des militants des trois partis, mais aussi de dirigeants d’autres partis venus humer l’air du temps, et d’observateurs étrangers. Au centre du podium avaient pris place Maya Jeribi et Yassine Brahim, entourés d’Ahmed Néjib Chebbi, Youssef Chahed et Hammouda Louzir qui prendront tous la parole avant d’inviter leurs autres partenaires, Slim Azzabi et Fethi Touzri à s’adresser eux aussi à la presse et au public.

Dans la salle, des figures du Pôle Démocratique Moderniste (Al Qotb), de l’ANPP (le parti fondé par Al Iskander Rekik) et d’autres formations ont suivi avec attention les différentes interventions. Pour Al Qotb, l’impératif du rassemblement était évident dès le lendemain du 23 octobre. C’est ainsi qu’un « dîner républicain » a été organisé le 29 octobre et sera suivi de deux autres en vue de débattre d’un « Grand Parti Unifié, GPU » à fonder en tant que structure commune accueillant en son sein divers courants et motions. Les échanges n’ont pas cessé depuis lors, mais un ralentissement a été marqué en attendant, d’une part la décision de nombre d’autres partis et formations et, d’autre part, la décision de Béji Caïd Essebsi, cette initiative ne se voulant pas selon nombre de ses promoteurs se positionner en compétition avec les autres, notamment celle pouvant se créer autour de l’ancien Premier ministre.

Ahmed Néjib Chebi et ses partenaires a préféré ne pas s’y arrêter. D’ailleurs, Maya Jeribi dira que les concertations menées avec différentes formations, avaient montré des divergences quant à la structure fusionnelle : s’agira-t-il d’une confédération de partis, comme l’a demandé Attajdid, ou d’un seul parti fédérateur. Optant pour la seconde formule et à l’approche de son 5ème congrès, le PDP a mis le turbo, d’autant plus qu’Afek Tounes y était bien disposé, ayant déjà engrangé le Parti pour le Progrès (Fathi Touzri). Quant au Parti Républicain (Youssef Chahed), il avait lui aussi fusionné avec la Voie du Centre (Slim Azzabi).

Ceux qui connaissent bien le parcours d'Ahmed Néjib Chabbi rappellent de précédentes fusions réalisées avant la révolution, notamment avec le RSP et estiment qu’il est capable d’insérer ses partenaires dans une nouvelle dynamique, alors que ses détracteurs parlent d’absorption pure et simple. Mais, les temps ont changé. Ses amis balayent toute mise en compétition directe avec Béji Caid Essebsi, estimant qu'il y a place dans la centre, lequel pourrait représenter jusqu’à 70 % de l’électorat et plus, pour deux grands partis. « Ce qui nous attend est beaucoup plus important que toute autre considération, dira l’un des orateurs : il nous appartient, à travers nos élus, de contribuer à l’élaboration du projet de la Constitution, d’exercer notre contrôle positif sur l’exécutif et de nous préparer pour les prochaines échéances, en tant que force d’alternance au pouvoir. »

Pour sa part, M. Béji CaÏd Essebsi  se cantonne dans une attitude de « wait and see ».  S’il n’est pas près de prendre sa retraite politique, il n’est pas pressé, non plus, de s’engager, se contentant pour le moment d’observer la scène politique en attendant que la situation se décante. Néanmoins, une chose est sûre : il n’a nullement l’intention de prendre la  tête d’une coalition des partis destouriens  comme certains sites électroniques lui en prêtent l’intention.

 

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