Opinions - 15.11.2011

Une vision gagnant-gagnant du développement régional

Messieurs les gouvernants, maintenant que vous y êtes, vous avez obligation de résultat et pas de droit à l'erreur, surtout dans la vision du développement régional. Vous avez une année pour donner plus que des signes. Les régions sinistrées savent depuis longtemps (et les investisseurs aussi) que le développement est têtu et ne s’accommode pas de la gesticulation. Les investisseurs privés et même publics ayant obligation de résultats ne viendront pas réellement avant l’Etat. Ils ne viendront pas sans une feuille de route et un budget sérieux pour créer l’environnement propice à l’investissement et aux affaires. Ici, un ''Plan Bouazizi'' gagnant-gagnant redresserait la situation tout en donnant du travail à toute la Tunisie. Aussi consistant que le ''Plan Marshall'' qui a reconstruit l'Europe il y a 60 ans et dynamisé par la même occasion l'économie américaine. Aussi, pour chacune des régions, et sur 20 ans pas moins de 10 à 15 milliards de dinars sur les cinq années à venir, puis une moyenne de 5 milliards de dinars par quinquennat seront la plancher des besoins. Encore faudrait-il affiner et cibler. L’environnement propice c’est :

1. Une infrastructure de transport, logistique et communication digne d’une Tunisie nouvelle et une économie de conquête et non de subsistance,

2. Un cadre de vie attractif (logement, santé, éducation, loisirs et environnement de qualité) d’abord pour retenir les compétences de la région mais aussi pour attirer les cadres et top management qui piloteront les projets d’avant-garde en général IDE qui viendront en premier dans une période transitoire,

3. Une université et des écoles d’ingénieurs et centres de recherche de nouvelle génération plus collés à la demande du développement conçus et outillés pour attirer de bons étudiants et de bons professeurs,

4. Un système d’incitation à l’investissement exceptionnel qui complète et soutient les aspects cités précédemment.

De plus, de grâce, cessez de considérer que les régions oubliées sont définitivement confinées dans l’économie fondée sur les ressources naturelles (agriculture, mines et carrières) dans sa version préhistorique et que l’économie fondée sur le savoir est l’apanage des régions élues de dieu. La vision du développement de régions sinistrées doit s’intégrer obligatoirement dans la vision du développement de toute la Tunisie (sinon, les déséquilibres seraient déplacés et perpétués). Les poches de sous développement sont nombreuses et partout en Tunisie, elles constituent en réalité autant de gisements de croissance et d’emplois pour toute la Tunisie, si l’on s’y prend à temps et intelligemment. Nous serons avec vous et jugerons sur les actes.

Bahri REZIG,
Professeur à l’ENIT.