Opinions - 04.11.2011

Quel gouvernement d'union nationale?

La journée historique du dimanche 23 octobre a été une grande victoire de la Démocratie : les Tunisiens ont voté en masse, concernés qu’ils étaient du devenir de leur pays. Le lundi 24 a posé les problèmes de la démocratie. Les responsables politiques doivent être à la hauteur de cette victoire. Ils ont l’obligation d’installer la démocratie et de conduire le pays à la paix, à la stabilité, au développement économique et au progrès social. Ils doivent pour cela unir leurs efforts et se consacrer aux problèmes nombreux et importants qu’il y a lieu de résoudre.

Cette union est aujourd’hui nécessaire et vitale. Trop de troubles de toute nature ont perturbé le demi-siècle qui vient de s’écouler. Les rivalités politiques, les affrontements sociaux ne peuvent que nuire au pays. Il faut les lui épargner pour qu’il puisse progresser.

Le pays, en effet, doit faire face à de nombreuses fragilités et à d’importantes réformes.
Les fragilités concernent principalement l’emploi et la résorption du chômage, le déficit extérieur comprenant un immense déséquilibre dans nos relations économiques et financières avec l’extérieur et enfin le déséquilibre régional et la nécessité de la promotion des régions en retard au point de vue de leur développement.

Ces problèmes détaillés dans l’encadré expliquent pourquoi un gouvernement d’union nationale est nécessaire aujourd’hui. Les problèmes politiques ne sont pas compliqués à résoudre. Le meilleur système de gouvernement à instaurer dans cette phase semble être le système parlementaire que j’ai soutenu dès le mois de janvier 2011, le système présidentiel ayant fait trop de mal au pays. Je constate avec satisfaction que le groupe politique le plus important est de cet avis.

Il restera à s’entendre sur deux ou trois principes fondamentaux : la préservation des acquis sociaux dont principalement le Code du statut personnel, ainsi que la séparation de la religion et de la politique. L’Islam est un facteur de paix, de fraternité et d’amour. Ce n’est hélas pas toujours le cas de la politique qui parfois, sinon souvent, se traduit par l’hostilité, la méfiance, le « combat », la « bataille », l’affrontement. La paix de notre pays appelle la séparation de ces deux domaines, sinon, on ne pourra pas s’occuper sérieusement des problèmes concernant la vie des populations et leur épanouissement ici-bas.

Il restera à se mettre d’accord sur deux points principaux : la durée de cette assemblée et de ce gouvernement. J’ai toujours soutenu l’idée de 3 ou 4 ans. Si l’on doit se limiter à un an, chacun va s’occuper des prochaines élections législatives pour augmenter son avance ou réduire son retard et personne n’aura l’esprit libre ni l’horizon suffisant pour s’occuper des problèmes que l’on vient d’évoquer. Je constate que l’idée fait son chemin et que le président du « Congrès » est de cet avis. Si l’accord est unanime, on bénéficiera d’une plus grande stabilité et si le régime parlementaire est adopté, il n’y aura pas d’élections présidentielles passionnées et agitées et on pourra procéder à des élections municipales qui concernent plus directement la population. On simplifie les choses et toute «overdose», même électorale ; finit par être nuisible.

Un gouvernement d’union nationale est donc nécessaire, une union nationale réellement équilibrée. S’il y a une partie qui domine de manière excessive, elle n’en sera plus une. En face du groupe le plus important, doit se constituer un groupe aussi consistant discutant sur un pied d’égalité. Un noyau d’équilibre existe déjà, ce qui est remarquable.

Il faut lui adjoindre les autres formations moins favorisées par les élections. Elles ont leurs lettres de noblesse et leur légitimité. Il faut aussi associer les nouveaux partis « centristes » qui sont nombreux et qui peuvent se regrouper à cette occasion comme devraient le faire ceux, plus anciens, et devant être aujourd’hui conscients des erreurs commises. Le parti de la Nahdha a pris l’initiative d’appeler à l’union, les formations et les parties concernées doivent y répondre par une égale ouverture, arrêter toutes les hostilités, trouver les compromis nécessaires, ne pas perdre de temps et se mettre au travail. Le pays l’exige. La nation le veut. Ne les décevons pas.

Mansour Moalla