Success Story - 04.11.2011

Me Lazhar Karoui Chabbi Ministre de la Justice

Concilier justice transitionnelle, réponse à toutes les atten¬tes de tous, et respect des droits des justiciables : à force de chercher la bonne équation, le ministre de la Jus¬tice, Me Lazhar Karoui Chabbi, n’a pu s’empêcher de se retrouver, à plusieurs reprises, au coeur des tiraillements. Entre ceux qui réclament une justice expéditive, par des instances d’exception, au nom de la révolution, et ceux qui prônent la primauté de l’Etat du droit, dans sa séré¬nité, la position n’était pas aisée à trouver. Encore plus, s’agissant de « l’épuration du corps de la magistrature », sans pour autant fournir des preuves irréfutables contre les charrettes de noms mis à l’index, ou avec les conflits d’intérêts entre certaines professions lors de l’élaboration du nouveau statut des avocats, finalement adopté.
Pour l’ancien bâtonnier qui, par deux fois, avait été porté par la confiance de ses confrères à la présidence du Conseil national de l’Ordre des avocats, accepter le 15 janvier 2011, de renoncer à sa quiétude, pour diriger le ministère de la Justice, alors assailli par les nouveaux manifestants de l’après-révolution, relève du courage et du patriotisme.

En oeuvrant dès le premier jour à consacrer le principe de l’indépendance de la justice, il savait qu’il allait se dépouiller lui-même de tout pouvoir d’ingérence dans les affaires, dès l’ouverture des instructions, s’exposant ainsi aux accusations de lenteur et de laxisme, comme s’il en était responsable. Sans le vouloir, ni pouvoir y échapper, le ministre de la Justice s’est trouvé au coeur de cette révolution des palais de justice, tous acteurs confondus. En charge aussi de l’administration pénitentiaire, il se devait de gérer, en plus, toutes les fuites, tous les incidents parfois très graves, survenus.

Combien de fois lui était-il quasi impossible d’accéder à son bureau assiégé par des plaignants, des protestataires, des manifestants et des grévistes? Et combien de fois avait-il dû s’armer de patience, de sagesse et de profonde croyance en Dieu, pour surmonter des crises d’une rare intensité qui auraient pu l’ébranler et faire vaciller l’ensemble de la justice.
Les reproches à son égard ne manquent pas. Mais, ceux qui travaillent à ses côtés et vivent au quotidien une gestion de crise instantanée rapportent d’autres témoignages.
Au lendemain du 14 janvier, la transition de la justice n’est pas une mince affaire. Avec son aura de bâtonnier, sa longue expérience et son attachement à l’équité, Me Lazhar Karoui Chabbi y a-t-il réussi ? Ses réponses fournissent de premiers éléments pour en juger.

Quelle est la mesure que vous avez prise et dont vous êtes le plus fier ?

L’engagement de bonnes pratiques de relation entre l’administration de la justice et les juridictions consacrant dans les faits une réelle indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif.

Et celle que vous n’avez pas pu prendre et en êtes resté frustré ?

C’est de ne pas avoir gravé dans le marbre cette indépendance du pouvoir judiciaire par une refonte des textes portant statut des magistrats et du Conseil supérieur de la magistrature.

La volonté des organisations professionnelles des magistrats en a malheureusement voulu autrement, ils auraient été mieux inspirés d’y contribuer. En dépit de cet environnement non facilitateur, je continuerai à oeuvrer pour l’accès à de nouvelles réalisations à même de contribuer à consolider l’indépendance de la magistrature qui est aujourd’hui un fait réel.

Y a-t-il une décision que vous regrettez ?

Convaincu de tout ce que j’ai fait, je dirais «rien de rien, je ne regrette rien ».

Quelles sont les principales réalisations de votre mandat ?

S’agissant des principales réalisations durant mon mandat, je citerais à titre indicatif :

• Ma participation active à l’élaboration du décret- loi portant amnistie générale promulguée le 19 février 2011 qui a contribué au rétablissement de centaines de Tunisiens impliqués dans des affaires à coloration politique dans leurs droits ;

• L’amnistie promulguée par le décret–loi du 26 avril 2011 qui a permis à des centaines de Tunisiens condamnés ou poursuivis pour émission de chèques sans provision de reprendre leurs activités professionnelles sans pour autant porter préjudice aux droits des bénéficiaires de ces effets de commerce;

• La mesure prise en faveur des condamnés à mort et qui étaient en rupture totale avec le monde extérieur et que, dans le cadre d’une approche humanitaire, j’ai autorisé à renouer des contacts avec leurs familles ;

• Les différents projets de textes juridiques élaborés dans le but de rétablir la confiance entre l’autorité de tutelle et les parties prenantes telles que le corps des greffiers et les officiers et agents de la direction des prisons et de la rééducation et dont les statuts ont été refaits avec leur entier accord et leur adhésion totale ;

• L’élaboration d’un texte de loi portant modification de certaines dispositions du code pénal et du code de procédure pénale tendant à élargir le champ d’application de l’article 101 bis du code pénal relatif à la répression de la torture et à mettre notre législation en conformité avec la convention internationale sur la torture et les traitements inhumains. La notion d’imprescriptibilité de l’action publique est désormais chose acquise;

• L’élaboration d’un texte de loi portant modification de la loi n° 75 /2003 relative à la répression du terrorisme et tendant à restreindre son champ d’application afin d’éviter toute menace des libertés individuelles.
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Libertin - 05-11-2011 13:57

si vous devenez ministre de la Justice ,allez vous en PREMIER lieu vous attaquer a la CORRUPTION des juges???????? merci de répondre si possible.

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