News - 26.10.2011

Le quotidien Al-Moharrir se saborde, le modèle économique de la nouvelle presse est remis en question

Il n’était pas dans les kiosques depuis mardi. Moins de trois mois après son lancement début août, le quotidien Al-Moharrir, fondé par le Dr Abderrahman  Bahloul, dentiste établi en France, avec Abdelatif Fourati et Slaheddine Jourchi a fini par se rendre à l’évidence. Victime des difficultés de diffusion et du tarissement des recettes publicitaires, il a mis fin à sa parution, laissant en rade une quarantaine de journalistes.

Tirant à près de 10000 exemplaires, sa diffusion sur le Grand Tunis s’est limitée à une vente de 3000 exemplaires, soit une recette quotidienne ne dépassant pas les 1200 D, ce qui ne couvre même pas les frais d’impression, alors que les charges mensuelles s’élèveraient, selon certaines sources, à près de 70 000 D. L’éditeur, qui est le principal bailleur de fonds, ne voyant pas de meilleures perspectives, a dû mettre fin à cette aventure, pourtant amorcée sous de bons augures.

La disparition d’Al-Moharrir, premier quotidien post-révolution, pose avec acuité le modèle économique de toute la nouvelle presse. Portés par l’élan de la liberté de la presse et l’octroi automatique des autorisations, des dizaines de nouveaux titres, de diverses périodicités,  ont rapidement enrichi les kiosques à journaux, certains bénéficiant du soutien de formations politiques. Le professionnalisme et l’éthique n’ont pas tous été leurs principales qualités, mais certains s’évertuent à essayer d’inventer la nouvelle presse que le lecteur tunisien attendait avec impatience.

Deux grands problèmes à résoudre

Premier grand problème rencontré par la quasi-totalité des journaux, la messagerie, devant porter les porter dans toutes les régions du pays, avec surtout un système de suivi des ventes, afin d’éviter un taux élevé d’invendus et des paiements rapides pour ne pas grever la trésorerie. L’organisation de la diffusion de la presse et sa modernisation sur des bases professionnelles constitue sans doute une grande priorité. C’est d’ailleurs le même problème vécu en France, à la Libération, et qui avait donné naissance à la création des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP), sous forme de coopérative.

Deuxième grande difficulté, la rareté de la publicité, qu’elle soit publique ou commerciale. Parent pauvre des investissements publicitaires, la presse écrite n’en reçoit que 17%. Selon les estimations de Sigma, sur un montant total théorique de 164 MD en 2010, les journaux n’ont bénéficié que de 27 MD, concentrés d’ailleurs entre La Presse, Ech-Chourouk, le groupe Réalités et quelques autres titres. La chute de la publicité, depuis le début de l’année, qui a amputé leurs recettes de 40% est venue pénaliser l’ensemble des titres. A cela s’ajoute l’absence de publicité publique, jadis gérée par l’ATCE.

Si, pour différentes raisons et motivations, certains journaux parmi les nouveaux-nés notamment, ont essayé de survivre à ces épreuves au moins  jusqu’aux élections du 23 octobre et la formation du nouveau gouvernement, il est à craindre que nombre de publications finissent par se saborder entraînant  la mise au chômage de dizaines de journalistes. Lors de sa récente audience avec le Président de la République, Kamel Laabidi, président de l’INRIC, a soulevé la question de publicité publique, relayant la préoccupation des médias, et sollicité une mesure urgente en la matière.
 

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