News - 08.10.2011

En meeting à Tunis, le PDP tend la main à Ettakatol, au PDM et à Afek, appelant à « une coalition moderniste » à la Constituante

Evoquant l’après 23 octobre et la question des rapprochements à la Constituante, Ahmed Néjb Chebbi et Maya Jeribi, les deux dirigeants du PDP ont, lors d’un meeting tenu vendredi après-midi à El Menzah 7, tendu la main aux formations du bloc démocratique et moderniste, et invité Ettakatol, le Pôle / Ettajdid et Afek Tounes à former ensemble une coalition démocrate progressiste. « Aujourd’hui, nous sommes en compétition, c’est la loi de la démocratie, mais demain, nous avons vocation à être alliés, a déclaré Ahmed Néjib Chebbi. Sur les institutions et sur le projet de société, ce qui nous rassemble est bien plus important que ce qui nous sépare.»

« Cette clarification intervient au bon moment, estime Samy Ghorbal, conseiller politique du leader du PDP. Il y a plusieurs mois de cela, nous avions suggéré un programme commun pour la Constituante. Aujourd’hui, nous allons plus loin et nous parlons de coalition (koutla). Nous  devons dépasser les malentendus et les querelles futiles. L’enjeu est trop important. Le temps n’est plus à l’ambiguïté et aux messages à demi-mots. Les électeurs vont voter librement pour la première fois de leur vie. Ils ont besoin de clarté pour se prononcer en toute connaissance de cause le 23 octobre. Ils doivent être renseignés sur les programmes mais aussi sur les alliances envisagées par chacun. Le camp moderniste doit se rassembler. »
 
En fait, sous le feu roulant des critiques pendant tout le mois de septembre, le parti d’Ahmed Néjib Chebbi et de Maya Jeribi retrouve des couleurs depuis le lancement de la campagne officielle et enchaîne les meetings réussis. Après Sfax, le 2 octobre, Sousse, le 4, Mahdia, le 5, le Parti Démocrate Progressiste avait donné rendez-vous vendredi en fin d’après-midi à ses militants du Grand Tunis, à El Menzah 7. Ils ont répondu présent en nombre : un peu plus de 1500 personnes, massées dans la grande salle de l’établissement, mais aussi sur les escaliers et aux balcons, dans une ambiance de kermesse. « L’affluence a dépassé nos prévisions, se réjouissait Sadri Sancho, le coordinateur de la campagne du PDP sur Tunis 2. Nous avions la pression. Le Grand Tunis, c’est un gros morceau : cinq circonscriptions, les deux de la capitale, Ben Arous, l’Ariana et la Manouba. Cela représente 42 sièges à la Constituante, et presque 30 % des inscrits. Ce soir, nous avons réussi notre examen de passage ! Cela va donner de l’allant à nos militants, qui se dépensent sans compter depuis des semaines. »
 

Il faut dire que le plateau était relevé, avec l’état-major du parti presque au grand complet. Le régional de l’étape, Issam Chebbi - tête de liste à l’Ariana -, Maya Jeribi, la secrétaire générale - tête de liste à Ben Arous -, et Ahmed Néjib Chebbi, le fondateur et leader historique du parti - candidat à Tunis 2 -, se sont donc succédés à la tribune. «La séparation des pouvoirs est la condition de la démocratie et de l’Etat de droit, a martelé Issam Chebbi. La refondation de notre République passe par l’instauration d’un régime pluraliste fondé sur la séparation des pouvoirs, dans lequel les députés mais aussi le président seraient élus par le peuple au suffrage universel. Un régime doté d’un tribunal constitutionnel véritablement indépendant, soustrait aux influences partisanes ». Maya Jeribi, pour sa part, a mis l’accent sur la nécessité de protéger et défendre les acquis de la femme, consacrés dans le Code du Statut Personnel et qui constituent aujourd’hui une des dimensions fondamentales de l’identité moderne du peuple tunisien. Réitérant son attachement à l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, elle a également insisté sur l’importance qu’il y avait de tenir la religion à bonne distance de la politique.   
 
Ahmed Néjib Chebbi, lui, a plaidé pour une profonde réforme de l’organisation territoriale, afin d’instaurer la décentralisation, l’équilibre entre les régions et la participation du citoyen. « L’excessive centralisation de notre Etat a conduit à une Tunisie à deux vitesses. Elle a fait le lit des injustices et a conduit à une Tunisie à deux vitesses. Les municipalités, les gouvernorats et les régions doivent être dotées d’exécutifs élus démocratiquement, qui impulseront le développement régional en concertation avec l’Etat ».