Comment les Tunisiens jugent l'action du gouvernement de transition?
Brouillage prononcé quant à la perception du gouvernement de transition, qu’il s’agisse de la notoriété de ses membres (en dehors du Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi), ou encore de l’action menée, un jugement sévère du bilan, mais non sans un minimum de satisfaction: tels sont les résultats d’une étude d’opinion conduite par Médiascan à la demande de Leaders.
Effectuée du 15 au 17 septembre dans le Grand Tunis, sous forme d’interview en face-à-face, auprès d’un échantillon de 1172 individus (âgés de 18 ans et plus, csp : ABCDE), cette enquête laisse attribuer une notoriété quasi-totale (en spontané et assistée) à M. Caïd Essebsi (99.8%). Cette notoriété baisse cependant sensiblement pour les autres membres de son gouvernement.
Celui qui arrive juste après le Premier ministre n’est qu’à 54,9%. Il s’agit de M. Taieb Baccouche qui bénéficie ainsi de son long parcours et de son statut de porte-parole du gouvernement. Les autres ne dépassent pas la barre des 40%.
On notera également une étroite corrélation entre la notoriété du ministre d’une part, son ancienneté dans le gouvernement et le portefeuille dont il a la charge selon qu’il s’agisse d’un ministère technique ou politique, d’autre part. En aucun cas, elle ne signifie donc une appréciation de l’action du ministre. En outre, la confusion est souvent importante entre le nom du ministre et l’attribution au ministère dont il assure la charge. Le taux de réponses incorrectes atteint jusqu’à 60%.
Quant à l’appréciation globale de l’action menée par le gouvernement, les Tunisiens se montrent assez mitigés. Ils ne sont que 15.3 % à la juger bien et très bien, contre 43.8% qui la trouvent passables. Ceux qui la considèrent comme très mauvaise représentent 19.4%, soit un habitant du Grand Tunis sur cinq.
De l’avis des spécialistes en transition démocratique consultés par Leaders, « ce bilan, quoique relatif et encore prématuré, exprime en fait une bonne satisfaction dans l’ensemble, puisque 59.1% de la population interrogée porte plutôt un jugement positif. Les standards généralement observés dans des situations similaires sont nettement plus bas. »
L’étude a essayé, en outre, de recueillir l’évaluation du travail effectué par chacun des ministres. La faible notoriété de la plupart des membres du gouvernement, comme l’explique Hana Chérif, directrice générale de Médiascan, a réduit la base des répondants avec précision (entre ministre et ministère), ce qui n’autorise pas une interprétation fiable des données collectées.
Un seul élément peut cependant être mentionné, ajoute-t-elle, c’est le taux de réponse « passable » qui oscille entre 31% et 66.7%. Mais, à lui seul, cet indicateur, se situant entre « très mauvais » et « mauvais » d’un côté, et « bien » et « très bien » de l’autre, ne reflète pas, pour les analystes, une opinion très nette ».
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