News - 07.08.2011

Six partis et l'UGTT en amorce d'un dialogue : comment réussir le 23 octobre

Six partis, Ennahdha, PCOT, Attajdid, Attakattol, CPR et Afek, ainsi que l’UGTT ont amorcé samedi à Tunis, un premier dialogue en vue de réussit le processus électoral. A l’initiative du Forum Al Jahidh animé par Slaheddine Jourchi et du Centre d'Etude de l'Islam et de la démocratie, dirigé par Radwane Masmoudi, Ali Laridh, Hamma Hammami, Hatem Chaabouni, Mouldi Riahi, Samir Ben Amor, et Faouzi Ben Abderrahamane, respectivement au nom des partis, ainsi que Moncef Yaacoubi, pour l’UGTT ont débattu des conditions nécessaires à mobiliser à cet effet, notamment la sécurité, la transparence du financement et le refus de la surenchère et de la diffamation. 
 
De leurs côtés, Kamel Jendoubi, président de l’ISIE et Sadok Belaid, auteur d’un projet de nouvelle constitution y ont apporté leur contribution. Satisfait de ce premier round, Radwane Masmoudi a déclaré à Leaders « qu’il convient à présent de poursuivre et élargir ce dialogue en l’instituant à au moins une rencontre par semaine ce qui contribuera à nous faire avancer tous sur la bonne voie. »
 
Les représentants des partis politiques, des organisations et des personnalités indépendantes, ont appelé le Gouvernement de transition à déployer les moyens logistiques et techniques nécessaires afin d'organiser les élections de la Constituante dans les meilleures conditions, dont en premier lieu le rétablissement de la sécurité dans les différentes régions et l'accélération de la reddition des symboles de l'ancien régime, en consécration de la justice transitionnelle.
 
Les participants à cette conférence ont appelé à la nécessité d'instaurer un dialogue constructif entre les différentes parties de la scène politique nationale qui bannit la diffamation et la récusation et l'atteinte à l'honneur et diffuse les thèmes et les idées favorisant la concrétisation des objectifs de la révolution et rétablit la confiance du citoyen en l'avenir du pays.
 
M. Kamel Jendoubi, président de l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a insisté, à ce propos, sur la nécessité d'instaurer une culture de dialogue entre les partis politiques, d'une part et entre les partis et le gouvernement d'autre part. Il s'agit en outre d'instaurer un dialogue entre ces deux parties et les jeunes, a précisé M.Jendoubi, exhortant les médias tunisiens à assumer pleinement leur rôle dans la rationalisation du discours adopté par les partis, loin de la politique des quotas.
 
De son côté, M. Ali El Aridh, président du comité Constitutif du mouvement "Ennahdha", a estimé que le défi lancé à l'heure actuelle aux partis politiques consiste à faire passer un message rassurant au peuple tunisien devenu craintif à l'égard de l'avenir. Les différentes composantes de la famille politique, le gouvernement de transition, les médias, les composantes de la société civile et l'instance chargée de superviser les élections, doivent s'engager à garantir la réussite des élections du 23 octobre prochain, dans le cadre du respect  des règles du jeu politique et dans la neutralisation totale des lieux de culte et dans le respect des résultats du scrutin sans verser dans la crispation et les tiraillements, a-t-il indiqué.
 
Dans le même ordre d'idées, M. Hatem Chaabouni, membre du secrétariat général du mouvement "Ettajdid" a relevé que l'instauration d'un climat de respect mutuel entre les partis, garant du déroulement d'élections libres, transparentes et démocratiques est la voie idoine pour sortir de la situation actuelle que vit le pays.
Cette thèse a été corroborée par M.Mouldi Riahi, membre du bureau politique du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) qui a proposé l'élaboration d'un code pour la conduite démocratique entre les partis qui institue les bases de la saine émulation lors des prochaines échéances électorales.
 
De son côté, M. Hamma Hammami, secrétaire général du parti Ouvrier communiste tunisien (PCOT) a fait assumer au gouvernement de transition la responsabilité entière de la dérive sécuritaire que connaît certaines régions du pays, et la flambée des prix, déclarant qu'il ne peut y avoir d'élections démocratiques dans un climat marqué par la dérive sécuritaire et la montée des tendances régionalistes et tribales et sans demander des comptes aux responsables de l'ancien régime.
 
La terreur est de retour en Tunisie, a-t-il dit, dénonçant la torture exercée contre nombre de militants politiques et des partisans de droits de l'homme dans les postes de police, appelant à exercer une pression sur le gouvernement pour changer cette situation de stagnation politique.
 
Le représentant du "Congrès pour la République", Samir Ben Amor, a critiqué le gouvernement de transition pour n'avoir pas garanti les conditions politiques nécessaires pour le déroulement d'élections constitutionnelles et démocratiques. Il l'a appelée à assainir les structures sécuritaires et juridiques des restes de l'ancien régime et oeuvrer pour en finir avec l'état de crise vécu par le pays, à la suite de l'insécurité, dans certaines régions et le retard dans le jugement des symboles du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
 
Pour sa part, le représentant du parti "Afak", Faouzi Ben Abderrahmane, a appelé à trouver un consensus politique, social et économique, qui rétablit la sérénité chez les citoyens et aide à l'instauration d'un dialogue politique sérieux, loin du langage de la violence, de la haine et de toutes formes d'insultes et de diffamation, ce qui est la même demande du représentant de l'organisation "Awfya", Kamel Gharbi.
 
A propos de l'impact de la situation sociale et économique sur le déroulement des élections de l'Assemblée constituante, le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Moncef Yaakoubi, a considéré que le règlement de la question du chômage, de la cherté de la vie, des problèmes sociaux et de la réalisation de l'équilibre régional sont au cœur du processus de transition, en Tunisie, surtout que la révolution est basée, essentiellement, sur des revendications sociales.
 
Sur un autre plan, le président du "Forum Al Jahedh", Slaheddine Jourchi, a expliqué que l'argent politique et l'absence de transparence dans le financement des partis politiques sont les deux plus grands défis auxquels font face les élections de la Constituante.  Il a appelé, à cet effet, à s'éloigner des visions partisanes restreintes qui ne servent pas les intérêts nationaux et à faire face aux phénomènes du tribalisme qui est apparu sur la scène, récemment.
 
De son côté, le professeur de droit constitutionnel, Sadok Belaïd, a posé des conditions préalables à la garantie du succès de l'échéance électorale du 23 octobre 2011, notamment, la nécessité pour chaque partie d'exposer sa conception du projet de constitution attendue, la fixation de la période de travail de l'Assemblée constituante, ainsi que l'instauration d'une déontologie commune, entre les partis pour le rejet de la violence, l'appel au respect du droit à la différence et la transparence des transactions financières des partis politiques.
 
L'orateur a, d'autre part, ajouté qu'on doit définir une mission bien déterminée pour l'Assemblée nationale constituante, en déterminant si elle sera chargée de préparer seulement un projet de constitution, ou si elle  va diriger les affaires du pays, au cours de l'étape transitoire, exactement comme la situation vécue par la Tunisie, durant la période après l'indépendance, entre 1956 et 1959.
 
Il a, dans ce sens, mis en garde contre le cumul de pouvoir par l'Assemblée constituante au cas où elle est chargée de l'élaboration de la nouvelle constitution ainsi que du choix du président provisoire et d'un gouvernement de transition.
 
Belaïd a, en outre, appelé à fixer les prérogatives de l'Assemblée constituante dès maintenant et les limiter "à l'élaboration d'une nouvelle constitution, seulement, et non sa promulgation, afin qu'elle soit présentée au peuple qui doit donner son avis, à travers un référendum populaire".
 
Il a expliqué que tous les partis politiques doivent avoir conscience de la nécessité de l'instauration d'une nouvelle constitution pour le pays, dans les meilleurs délais, afin qu'il soit possible, par la suite, de s'intéresser aux autres préoccupations nationales et, en premier lieu, la situation économique et sociale.