News - 01.08.2011

Pourquoi les Suisses se sentent solidaires de la Tunisie

La célébration de la fête nationale Suisse a revêtu en Tunisie cette année un caractère exceptionnel. La résidence de l’ambassadeur, enclavée dans le périmètre du palais présidentiel de Carthage, et ayant fait l’objet d’un réel différend entre les deux pays, est désormais affranchie de toute contrainte. Faute d’avoir réussi à la déloger, l’ancien régime lui imposait des règles draconiennes de sécurité et de contrôle étendues aux visiteurs. La révolution qui a affranchi l’ensemble du pays a également restauré le libre accès à la résidence diplomatique suisse. L’ambassadeur M. Pierre Combernous, s’en réjouit et n’a pas manqué pas de le fêter. C’est ainsi que pour la réception offerte, à l’occasion de la fête nationale, il n’a pas hésité à inviter Dali Benjemaa , « l’un des artistes tunisiens qui lui aussi contribué à redonner la parole aux citoyens », à chanter avec son groupe le nouvel espoir de la Tunisie.

Dans son discours, il a fait des rappels historiques et surtout expliqué pourquoi la Suisse se sentait aujourd’hui, « lorsque le peuple a repris ses droits, solidaire et concernée. ». Extraits :
«Notre Fête nationale de début août commémore l’Acte fondateur de la Suisse à la fin du XIIIe siècle ; elle témoigne d’un pacte de solidarité entre communautés anciennes, scellant la défense d’intérêts communs envers les aléas d’une époque troublée. Cinq siècles et demi plus tard, en 1848, c’est en quelque sorte une refondation moderne, une mise à jour plus démocratique de cet engagement, qui voit la naissance de l’Etat fédéral, au moment même où l’Europe vivait son « Printemps des peuples ». Cette consécration de la souveraineté populaire et des droits citoyens demeure la pierre d’angle de la Suisse contemporaine, comme le démontre encore la dernière révision totale de notre Constitution, en 1999.

C’est pourquoi, lorsque le peuple de Tunisie, le 14 janvier dernier a repris ses droits et reconquis sa dignité, dans un vaste mouvement spontané qui a inspiré toute une partie du monde, les Suisses se sont tout naturellement sentis solidaires et concernés. Les défis de la transition et le chantier de la refondation républicaine auxquels les Tunisiens se sont attelés forcent le respect et nous interpellent. Voilà pourquoi, au-delà des mots, au-delà des encouragements, c’est de façon très concrète que le Gouvernement suisse a voulu faire montre de son engagement en décidant d’un programme de soutien à la transition dès le mois de mars.
Ainsi, l’Accord bilatéral signé vendredi dernier à Tunis, portant sur une aide en forme de don sur cinq ans a raison de 13 mio de dinars par an, a été étroitement coordonné avec les autorités tunisiennes. Il entend apporter une contribution dans des domaines où les besoins de la Tunisie et la valeur ajoutée de certaines compétences suisses se rencontrent. Soutien à la création d’emploi, apport dans le traitement et de la réutilisation des eaux, transfert de savoir dans le recouvrement d’avoirs spoliés, appui dans le domaine électoral et de la décentralisation, apport au plan humanitaire et de la protection, le programme convenu avec nos partenaires tunisiens est déjà en cours.

Cette solidarité effective avec la Tunisie s’inscrit donc en droite ligne avec les engagements de politique étrangère de la Suisse, que ce soit au plan des droits de l’Homme, des libertés fondamentales, de la démocratie et de la justice, ou de l’aide humanitaire. D’un petit pays à un autre, tous deux situés à un carrefour de civilisation sur son coin de terre ; d’une vieille démocratie à une démocratie en devenir, c’est avant tout dans l’optimisme affirmé d’une nature humaine libre, que nous a léguée le citoyen de Genève Jean-Jacques Rousseau comme patrimoine universel et intemporel, que je souhaite vous adresser mon message ce soir.

Que l’amitié entre le peuple suisse et le peuple tunisien continue de s’épanouir et que la fête de ce soir se nourrisse de notre tradition populaire, où lumières et feux de joie s’allument dans tout le pays, au cœur de l’été. Et pour vous y inspirer, j’invite Dali Benjemaa , l’un des artistes tunisiens qui lui aussi contribué à redonner la parole aux citoyens, à nous chanter cet espoir ».
 

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4 Commentaires
Les Commentaires
Boubaker - 01-08-2011 15:00

Je les félicite pour leur fête nationale, mais puisqu'ils sentent tellement solidaires avec nous, ils feraient bien de nous rendre l'argent du clan mafieux et de ne pas refaire la même politique qu'avec les autres souverains déchus (Marcos par exemple, moins de 5 % de l'argent dérobé était restitué). On a besoin d'actes, assez de discours pompeux et de double langage !!

Dr.Zaiane - 02-08-2011 00:40

<le commentaire précédent /Boubaker) est grosso modo juste. Il est bien évident que les richesses stockées dans les banques suisses sur les comptes du clan Trabelsi-Ben ali représentent des milliards volés au peuple tunisien. On n'a pas besoin d'aller chercher des preuves à cela. Une vraie solidarité serait de restituerces milliards à la Tunisie,sans aller chercher des détours et complications.Les 13 mio de D. pendant 5 ans me rappelle la politique de "la gifle et 'l'òrange"!

zakaria bouker - 02-08-2011 17:06

comment oublier ce courage Suisse unique parmi tous les dirigeants venus assister à la société de l'information. Discours largement commenté par les tunisiens sous le dictât ben Ali. La critique officielle du pouvoir a été la première et la dernière avant qu'elle soit relayée par la révolte de la dignité . La justice Suisse a réagit promptement lors de l'affaire ben Abdallah créant ainsi un précédent unique en Europe.

Matthias Meyer - 03-08-2011 21:11

Merci des commentaires sur l'argent des dictateurs. Rappelez que la Suisse a immédiatement bloqué des valeurs - bien avant l'UE. Mais pour restituer l'argent il faut des jugements officielles des courts en Tunisie qui identifie les montants et demande la Suisse de les restituer. Dans le cas des Marcos, il y a aucun court judiciaire - même aux Philippines - qui a jugé Marcos. En fait, Imelda Marcos ni seulement est retourné aux Philippines - mais elle est devenue entretemps même Senateur au parlament Philippinien. Donc - la Tunisie a déjà accompli des jugements contre Ben Ali et la conséquence sera qu'il y aura une restitution aussi vite que la Loi le permet.

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