News - 18.03.2011

Une Fête nationale … sans voeux payants

Pour la première depuis 55 ans, les journaux paraissant le 20 mars ne comporteront probablement (c’est du  moins ce qu’on souhaite) ni publi-reportages, ni  insertions consacrés aux vœux des entreprises « au président, son épouse…et au peuple tunisien ». Ce serait une petite révolution qui se situerait dans le droit  fil des évènements qui ont abouti le 14 janvier au départ de l'ancien président quand on sait que les entreprises publiques et privées étaient pratiquement rackettées à chaque fête nationale ou religieuse. Des dépenses engagées en pure perte,  que  les entreprises consentaient à leur corps défendant, pour ne pas s’attirer des ennuis, mais une manne pour les publicitaires chargés de recueillir les insertions et  les journaux qui se voyaient parfois « acculés » à réduire la partie rédactionnelle à la portion congrue au mépris de la loi, pour pouvoir « accueillir » toute cette publicité. Les journaux du « parti » en étaient même submergés au point d’étaler ces insertions  sur 3 ou 4 jours avec une pagination qui nous rappelle l'édition dominicale du New York Times !

Espérons que sur ce plan aussi, plus rien ne sera plus comme avant. Car il s’agit de pratiques à la fois contre-productives pour l’entreprises et immorales au regard des sacrifices consentis par des générations de Tunisiens, puisque la célébration d’une fête nationale est détournée de son objectif initial (renforcer le sentiment d’appartenance à une nation),  pour devenir de simples  actes d’allégeance et de flagornerie envers le prince et une occasion en or (c’est le cas de le dire) de faire du fric.

Puisse la célébration du  20 mars, cette année, constituer une rupture avec le rituel auquel  on nous avait  habitués depuis un demi siècle - une variété indigeste à la télévision, des éditoriaux de style soviétique et …une orgie  d’insertions publicitaires - pour se hisser au niveau de l’évènement et aider  le Tunisien à puiser dans son histoire et les hauts faits de ses martyrs les raisons d’aimer encore davantage son pays.

HB