Après l'inquiétude l'indignation
Après la joie du 14 janvier nous avons été partagés entre la satisfaction et l’inquiétude.
Les motifs de satisfaction ne se comptent pas : par exemple, les salaires de janvier ont été délivrés le 24 janvier, il n’y a eu ni coupure d’électricité ni coupure d’eau dont les relevés sont parvenues à leur date habituelle grâce au travail consciencieux des fonctionnaires qui ont défendu leur institution pour le bien des consommateurs. Merci
Cependant les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Nous dénonçons le lynchage médiatique dont nous sommes informés par la télévision et la radio. La diffamation n’est pas admissible. La liberté d’expression que nous avons gagnée et que nous avons applaudie est une liberté responsable, respectueuse de l’autre et n’a rien à voir avec cette liberté anarchique.
Nous dénonçons aujourd’hui la grève des infirmiers de l’hôpital de Soliman, oubliant leur premier devoir : dispenser leurs soins .aux patients. De quel droit ont-ils usé pour renvoyer le directeur et le surveillant général connus pour leur compétence et leur intégrité ? Nous dénonçons également l’agression par la population du commissaire de police du Kef, un fonctionnaire zélé et efficace, accusé à tort d’avoir giflé une femme qui s’est depuis récusée. Il a été nécessaire de l’hospitaliser pour des lésions graves.
Nous avons exprimé notre inquiétude devant le caractère inattendu et illégal de ces grèves qui ont touché autant les sociétés étatiques que privées ébranlant la reprise du travail qui s’ébauchait.
Alors trêve de laxisme. Que les responsables de ces actes soient pénalisés à la satisfaction des Tunisiens qui souhaitent la remise en marche du pays que la fermeté du gouvernement favoriserait.
Aujourd’hui nous sommes. indignés quand nous apprenons que certains Tunisiens, des extrémistes religieux, semble t il, s’apprêtaient à violer la synagogue de Tunis, alors que la Tunisie a toujours été respectueuse et tolérante à l’égard des religions du Livre et qu’elle a manifesté sur l’avenue Bourguiba, au lendemain et en réaction de cet épisode, en faveur d’une république libérale et laïque. Bravo.
Aujourd’hui nous exprimons notre indignation devant la mort de Marek Marius Rybinski ce jeune prêtre, il n’avait que 34 ans, était un salésien, ce qui signifie, un apôtre de la douceur. Il s’était voué à l’éducation des jeunes en association avec des Tunisiens qui l’appréciaient et admiraient son travail.
L’indignation dans le pays condamnant cet assassinat est unanime réunissant tous les Tunisiens de tous âges, de toutes confessions, et de toutes castes. Un assassinat contraire à l’identité du peuple tunisien, connu, comme il a été dit pour sa tolérance.
Qui l’a assassiné? Le Ministre de l'Intérieur accusant « un groupe de terroristes fascistes aux orientations et appartenances extrémistes", d'être derrière ce crime comme le montrent la méthode de l'assassinat et les investigations menées, à cet effet ».
Pourquoi a-t-il été assassiné? « Pour perturber l'ordre public et engager le pays dans la spirale de la violence et du désordre et semer la terreur dans les rangs des citoyens » répond le Ministre de l’Intérieur. J’ajouterai pour donner une image dégradante de notre pays et de sa révolution.
Ces affirmations méritent d’être confirmées le plus rapidement possible pour arrêter les coupables et connaitre leur motivation. Cette urgence vient d’être soulignée par le gouvernement provisoire. C’était indispensable. Il nous faut rester vigilants et clamer sur toutes les ondes et à tous les acteurs de la société civile « Halte aux assassins ».
Dr. Saadeddine Zmerli