News - 11.02.2011

L'ambassadeur d'Egypte à Tunis, Ahmed Chafik Ismail : une grande communion tuniso-égyptienne

« C’est un moment historique que nous vivons en Egypte et partageons joyeusement avec nos frères tunisiens. Nous sommes immensément émus par les marques d’allégresse que nous témoigne le peuple tunisien qui nous submerge de ses félicitations, déclare à Leaders, M. Ahmed Chafik Ismail, ambassadeur d’Egypte à Tunis, dans la première déclaration qu’il fait à la presse, vendredi soir. »

Dès l’annonce de la démission de Hosni Moubarak, les rues de Tunis ont vibré à l’évènement, des cortèges de voitures se sont formés un peu partout pour célébrer cet évènement, à coup de klaxon et de youyous. Une foule compacte s’est également rassemblée devant la chancellerie égyptienne, à Montplaisir. « Si la communauté égyptienne en Tunisie est peu nombreuse, nous avons ressenti que toute la Tunisie communie avec le peuple égyptien », ajouté l’ambassadeur d’Egypte. Des bouquets de fleurs affluent de partout et nous en sommes très touchés. Un très bel avenir attend nos deux peuples. »

Un remake de la révolution tunisienne
 
Il est 17H au Caire : « Compte tenu  des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohamed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner le poste de président de la république et chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays ». Cette annonce du vice président, Omar Souleiman  sur les antennes de la télévision égyptienne est aussitôt accueillie par une explosion de joie par les manifestants de la place Ettahrir, cœur battant de la révolution égyptienne, et partout dans le pays. Ainsi,  la crise ouverte il y a 18 jours, connaît son épilogue avec le départ  de celui qui détient le record de longévité à la tête de l’Etat de tous les gouvernants égyptiens depuis la période pharaonique (30 ans). Une crise que rien ne laissait prévoir, mis à part quelques manifestations du mouvement Kifaya. Le véritable déclic aura été la révolution tunisienne qui a eu un retentissement énorme dans le monde arabe et notamment en Egypte dont la situation présentait bien des similitudes avec notre pays. A peine 11 jours après la fuite de Ben Ali, la révolution éclatait au Caire avant de s’étendre à toutes les villes d’Egypte et notamment à Suez qui aura payé le tribut plus lourd avec des dizaines de morts et de blessés. Pendant, 18 jours, les Tunisiens avaient l’impression d’assister à un remake de leur révolution, avec les mêmes slogans, les mêmes revendications, le même enchaînement des évènements et le même épilogue.

«Les tyrans ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux» : cette phrase de la Boetie, l’ami de Montaigne que les révolutionnaires français reprenaient en chœur en 1789 est plus que jamais d’actualité. Les peuples arabes se sont levés et les tyrans se sont révélés être des nains.  Le printemps arabe n’en est qu’à ses débuts. Plus rien n’arrêtera cette lame de fond née un certain 17 décembre à Sidi Bouzid.