News - 21.08.2018

Ammar Mahjoubi: Du classement des constitutions à la distinction entre démocratie et ochlocratie

Ammar Mahjoubi: Du classement des constitutions à la distinction entre démocratie et ochlocratie

Depuis Hérodote, au Ve siècle, jusqu’à Polybe, au IIe siècle avant le Christ, le classement des constitutions n’avait cessé de susciter l’intérêt de la pensée politique organisée. Une distinction de trois régimes différents, qui prenait en considération l’extension de la souveraineté, s’imposa dans un premier temps. Le pouvoir était ainsi détenu par un seul individu dans la monarchie ; il s’étendait à un groupe dans l’oligarchie et se généralisait à la souveraineté populaire dans la démocratie. Dans la célèbre discussion qu’Hérodote prête aux chefs perses (III, 80, seq.), Darius affirmait que de ces trois régimes, le monarchique seul l’emportait: «Des trois régimes qui s’offrent à nous, tous les trois étant par hypothèse aussi bons que possible, démocratie, aussi bonne que possible, oligarchie de même, et régime monarchique, j’affirme que ce dernier l’emporte de beaucoup». Jusqu’à Platon qui se réfère à cette trilogie indissociable comme à une évidence au début de la République (338 d) : « Eh bien ! Ne sais-tu pas que les différents Etats sont ou monarchiques, ou démocratiques, ou aristocratiques ?», aucun texte ne semble accuser l’existence d’une autre classification. Mais, parfois, la discussion sur les trois régimes aboutissait aussi à la dépasser.

Dans la pensée politique athénienne, on était ainsi amené à la compléter, par étapes successives, pour aboutir à un classement en cinq, puis en six, auquel se prêtait la division en deux de chacun des trois régimes.

Le plus ancien des noms de régime, en grec, était celui de la monarchie, qui était aussi historiquement un système de gouvernement antérieur aux deux autres; ce fut donc la critique de ce régime qui avait permis de séparer les formes bonnes et mauvaises de la royauté. Si bien que dans les classifications de Platon et d’Aristote, s’introduisait alors, quoique timidement, une scission en deux du régime monarchique; mais en distinguant la royauté de la tyrannie, le «monarque» du «tyran», on n’ajoutait qu’une définition par l’esprit plutôt que par les institutions. Et cette subdivision en deux du régime monarchique n’avait surtout pas tardé à généraliser la tendance en faveur d’une succession de scissions qui allait atteindre les  autres formes de régime.

L’oligarchie, la première, en fut affectée ; ainsi naquit l’idée que le pouvoir dévolu à un groupe s’opérait selon des critères distincts, qui donnaient naissance à des régimes différents. De même que la scission de la monarchie entre royauté et tyrannie, s’introduisait alors la division du gouvernement d’un groupe entre l’aristocratie, ou «régime des meilleurs», et l’oligarchie, ou «tyrannie exercée par le petit nombre». Citons, après Jacqueline de Romilly, ce texte de Platon (Politique, 291, seq.) : « - La monarchie n’est-elle pas une des formes de pouvoir politique que nous connaissons?– Si. – Et, après la monarchie, on mettrait, je pense, le gouvernement d’un petit nombre. – Sans aucun doute. – Quant à la troisième forme de constitution, n’est-ce pas le commandement du grand nombre, qu’on appelle démocratie ?– Absolument. – Ces trois formes n’arrivent-elles pas à en faire cinq, en engendrant elles-mêmes deux nouvelles dénominations ? – Quelles dénominations ? -  En considérant les caractères que présentent ces formes, contrainte et liberté, pauvreté et richesse, légalité et illégalité, on divise en deux chacune des deux premières, et la monarchie offrant deux espèces, on l’appelle de deux noms, tyrannie et royauté. – Evidemment. – Toute cité où la force est aux mains du petit nombre s’appelle soit aristocratie, soit oligarchie. – Parfaitement. – Quant à la démocratie, que la foule y commande de gré ou de force à ceux qui possèdent, qu’elle observe exactement les lois ou les méprise, personne ne s’avise d’ordinaire de rien changer à ce nom».

C’est donc maintenant le principe d’une répartition en quatre ou cinq qui est désormais admis, avec cette liste des cinq régimes qu’on trouve dans les Lois (712 c) : «As-tu en vue une démocratie, une oligarchie, une aristocratie, ou une monarchie? Car tu ne parlerais pas sans doute de tyrannie, selon notre opinion tout au moins». Son caractère en quelque sorte officiel est confirmé par Aristote, dans la Politique (IV, 5, 1299a, 40 seq.) : «On reconnaît quatre constitutions, la monarchie, l’oligarchie, la démocratie, et, en quatrième lieu, celle qu’on appelle l’aristocratie…». De même, dans la Rhétorique (I, 8, 1365 b) : «Il y a quatre constitutions, la démocratie, l’oligarchie, l’aristocratie, la monarchie ». En ajoutant : «La monarchie est, comme l’indique son nom, celle où un seul homme est maître souverain de toute chose. Elle a deux formes: celle qui est soumise à un certain ordre est la royauté ; celle dont le pouvoir ne connaît point de limites est la tyrannie». Tout en précisant que dans la démocratie, on se partage les magistratures par le sort, dans l’oligarchie, d’après le cens, et, dans l’aristocratie, en raison de l’éducation.

Cette nouvelle classification n’était pas, cependant, aussi claire que la première, et posait la difficulté d’une définition du ou des deux régimes nouveaux. Le texte de la Rhétorique d’Aristote justifiait la distinction entre aristocratie et oligarchie de l’extérieur, par le mode de recrutement de l’élite ; mais dans celui du Politique de Platon, la justification est intérieure, par l’esprit animant les élites, et légitimant leur différenciation entre un «gouvernement des meilleurs», et une «tyrannie exercée par un groupe». La différence est donc importante entre ces deux justifications : dans le premier cas, chez Aristote, il s’agit d’une structure, et dans le second, celui de Platon, d’une simple intention, le respect des lois et la préoccupation du bien public. Platon, de même qu’Isocrate, pensaient donc que la distinction extérieure des structures politiques n’était pas le moyen le plus valable pour classer les régimes. Tous deux étaient prêts à admettre que l’esprit comptait plus que les structures extérieures. Leur successeur, Aristote, finit par admettre à son tour la primauté de la qualité morale d’un régime. Seule la vertu  permettait de lui assigner une place à part. Il entendait appliquer au régime démocratique la subdivision d’ordre moral qui avait différencié, dans la monarchie, royauté et tyrannie, et dans le gouvernement d’un groupe, aristocratie et oligarchie.

La démocratie devait donc, pour Aristote, et en tant que gouvernement de la masse, se subdiviser à son tour entre un «régime constitutionnel», censitaire, qu’il appelle politeia, c’est-à-dire «constitution», et qu’il définit comme un gouvernement qui s’exerce en vue du bien commun, dans une considération stricte de la loi, et un autre, qui garde le nom de démocratie, mais qui ne concerne plus que les gens sans ressources. Cette nouvelle subdivision porte ainsi le nombre des régimes à six : royauté et tyrannie, aristocratie et oligarchie, «politeia» et démocratie, pour Aristote. Mais Polybe (VI, 4, 6), beaucoup plus tard, décidait de garder au nom démocratie son acception favorable, et décidait d’adopter, pour la «mauvaise démocratie», le nom d’ochlocratie, ou «gouvernement de la multitude».

Ce nouveau classement en six régimes, qui faisait intervenir des notions d’intention et d’orientation difficiles à contrôler, ne permettait pas cependant des identifications aussi faciles que le classement des trois régimes initiaux ; d’autant plus que l’analyse des régimes multiples et des constitutions diverses, ainsi que le caractère mouvant, flottant, de l’histoire politique, étaient loin de faciliter le choix des critères de qualification. Alors que le classement initial était extérieur, formel, le nouveau, qui tentait d’épouser plus ou moins étroitement la réalité n’avait pas tardé, en fait, à rester incapable de cerner toutes ses nuances ; il devenait ainsi nécessairement un classement idéal, dont aucune composante ne se retrouve dans la réalité à l’état pur.

Arrêtons-nous, toutefois, à ce terme d’ochlocratie, qui, dans la typologie des gouvernements politiques de Polybe, désigne la dégénérescence de la démocratie, sa perversion, qui fait accéder au pouvoir la partie la plus pauvre et la moins éclairée de la cité. L’ochlocratie s’oppose ainsi autant à la sophocratie de Platon, le pouvoir exercé par les sages, qu’à l’anarchie, qu’elle ne fait cependant que préfigurer. Terme péjoratif, elle fait écho au sort de la démocratie athénienne, et explique l’origine du mépris séculaire de cette forme de gouvernement, incapable de se rétablir et de s’amender, inapte surtout à assurer le respect de la loi, clef de voûte de son fonctionnement. Si cette notion d’ochlocratie est aujourd’hui rarement utilisée, sinon frappée d’obsolescence et tombée en désuétude, l’explication selon le «Traité de science politique» de G. Burdeau (Tome V, 3e édition, p. 144) «tient sans doute à ce que, à partir du moment où la démocratie  fut érigée en valeur  transcendante, il a paru opportun de ne pas nommer la forme caricaturale qui guette sa dégénérescence, et l’accompagne, comme jadis le fou du roi singeait la puissance du monarque».

Par son étymologie même, cependant, l’ochlocratie devait obligatoirement indisposer la démocratie. Les deux mots sont forgés à partir du verbe grec kratein, qui implique l’idée d’un pouvoir détenant en lui-même sa source, et qui est détenu, en conséquence, de façon absolue. A l’encontre des mots monarchie et/ou oligarchie, formés sur archein, un verbe qui exprime le commandement sur un autre. L’ochlocratie embarrasse ainsi les démocrates, en leur contestant l’usage monopolisé d’un pouvoir souverain, et en revendiquant une conception double de la souveraineté, scindée entre une souveraineté nationale ne pouvant être accaparée, et une souveraineté « populaire » qui peut l’être. Grèves, manifestations, sit-in, ne sont-ils pas licites, autorisés par la loi ? Avec parfois d’autres agissements, il est vrai illicites comme le blocage des routes, n’en fait-on pas usage pour contester les décisions du gouvernement et des députés élus ? En somme, sont-ils employés pour fléchir les décisions gouvernementales, ou bien pour les plier aux injonctions, voire aux diktats de la foule ?

Par ailleurs, les tentatives politiques pour rapprocher, ou même confondre ochlocratie et démagogie, sont vouées à l’échec. L’étymologie même du terme démagogie, formé à partir du verbe grec agô, et du nom agôgos, qui signifient «conduire»  et « conducteur», ne peut renvoyer à une forme de gouvernement. Il s’agit uniquement d’une autorité morale exercée sur les détenteurs réels ou supposés du pouvoir. Certes, l’ochlocratie peut être soumise un temps à une tutelle démagogique ; comme elle risque surtout, dans ce cas, de sombrer au profit d’une oligarchie ou d’une tyrannie. Mais ce type de gouvernement souffre essentiellement de sa brièveté : il ne saurait donc, pense-t-on, constituer une alternative crédible à la démocratie représentative.

Si le mot ochlocratie est grec, et date de l’Antiquité, il ne s’introduisit dans la langue française qu’en 1566, et ne devint d’usage courant qu’en 1568. Oscar Ferreira, dans un article où il étudie l’historique en politique du concept d’ochlocratie , indique que Jean Bodin, dans son Methodus ad facilem historiarum cognitionem, avait en 1566, en se référant à Polybe et à Cicéron, porté une attaque virulente contre la démocratie, parce qu’elle dérive obligatoirement en ochlocratie, puis en anarchie, terreau des guerres civiles. Farouchement hostile envers la populace, assimilée à une bête sauvage, il accablait l’ochlocratie avec un argumentaire qui, par la suite, n’avait cessé d’être invoqué. Ferreira remonte à l’époque des guerres de religion, pendant lesquelles l’emploi du mot visait à blâmer et à jeter l’anathème sur les protagonistes qui s’entredéchiraient. L’emploi du mot servait surtout à charger les protestants en stigmatisant en particulier leurs prétentions démocratiques, génératrices des troubles portés à l’ordre public.

Durant la période révolutionnaire, le terme, même s’il restait généralement péjoratif en France, fut surtout employé sous la Convention, lorsque l’association «Ochlocratie-Convention» devint un lieu commun de la pensée française. Cette assemblée, qui détint le pouvoir du 21 septembre 1792 au 26 septembre 1796, fut ainsi qualifiée de «démocratie radicale allant jusqu’à l’ochlocratie», en renvoyant donc à une forme politique, pervertie ou non, insérée dans une typologie des gouvernements. On releva cependant une exception de taille : celle, élogieuse, de Billaud-Varenne, qui vanta les mérites de l’ochlocratie, en l’associant à l’héritage intellectuel des Grecs. Défendant lui-même un projet de réforme agraire, qui s’opposait à l’accaparement par une minorité de l’essentiel des terres, et de la production agricole, ce conventionnel ultra-révolutionnaire se plaçait ainsi dans la succession de ces réformateurs romains, tenants eux aussi d’une réforme agraire ; leur projet, au IIe siècle avant le Christ, retirait aux grandes familles romaines une partie des terres du domaine public (l’ager publicus), qu’elles avaient accaparée, et paraissait annoncer à Rome l’avènement d’une démocratie politique et socioéconomique. Billaud-Varenne en appelait donc à «l’empire salutaire des lois ochlocratiques», face au «règne exécrable de l’arbitraire et des abus». Ainsi, à l’époque de la Convention, le mot n’offusquait personne, contrairement au terme «anarchie» ; il présentait une connotation sociale, visant à améliorer le cadre de vie de l’ensemble de la population. Mais cette exception, qui présentait l’ochlocratie sous un jour favorable, n’arrivait pas à écarter l’idée redoutée d’une souveraineté de la médiocrité, avec un pouvoir remis aux masses.

Aux Etats-Unis, vers la même époque, le mot ochlocracy apparut en 1787, au moment où les Pères fondateurs  discutaient de la Constitution fédérale ; mais il fut rapidement traduit par le néologisme américain mobocracy, le terme mob désignant littéralement la foule. Les fédéralistes adhéraient alors à une vision élitiste des institutions : la société se composant pour eux d’individus homogènes, elle pouvait donc se contenter d’être représentée par ses élites. Alors que les anti-fédéralistes proposaient un régime mixte, susceptible d’intégrer les éléments populaires, en particulier au niveau local, car la société ne pouvait tirer sa force que de l’interdépendance, et de la complémentarité  de ses diverses composantes. La grille de lecture de la sociologie américaine affirmait, quant à elle, que chacun des régimes politiques préconisés pouvait être appliqué, y compris l’ochlocratie. Mais que tous pouvaient être pervertis par l’absence de vertu des gouvernants. Seules la Ú
Úsouveraineté de la loi et la solidité des institutions étaient à même d’empêcher l’arbitraire, et de fixer un point d’arrêt au cycle infernal de Polybe, et à la dégénérescence inéluctable des gouvernements qu’il implique.

Toutefois, l’ochlocratie, contrairement aux autres régimes, présente une spécificité particulière. Elle ne désignera jamais un type de société, un état social. Et faute de correspondance sociale, le terme devait se borner à désigner un concept abstrait, incapable d’incarner un régime politique susceptible d’unir, de façon indissociable, une forme de société et un gouvernement en qui elle pouvait se refléter. C’est cette mue que finit par réussir le mot démocratie, ainsi que son concept, repensé par Tocqueville.

«La souveraineté ochlocratique se définit donc comme un pouvoir que cherche à accaparer tout ou partie d’un peuple réuni en masse, de façon symbolique ou réelle, dans le but de faire triompher sa volonté, ses préjugés, ses intérêts, en recourant au besoin à la contrainte. Ses manifestations multiples et évolutives, parfois insaisissables, ne comprennent que des droits, et aucun devoir: droit de vote, l’électeur n’exerçant pas une fonction, mais une faculté employée  à des fins égoïstes qu’il veut imposer aux autres… droit de pétition, afin de faire entendre à ses représentants et au gouvernement ses doléances particulières, au sein de l’assemblée que le citoyen ne respecte pas… droit de manifestation, et droit de grève, toujours dans la logique de faire entendre la voix et les desiderata de la masse». Revendication donc d’une liberté totale, d’une liberté devenue licence, consacrant le droit des masses à imposer un modèle socioéconomique et politique uniforme, imposant à tous, en définitive, une égalité et un nivellement par le bas.

Cette souveraineté des masses, extrême sinon totalitaire, tend ainsi à imposer le règne de la médiocrité et de l’uniformité dans tous les domaines. Afin d’apaiser le ressentiment d’une population délaissée, insatisfaite de son sort, ou misérable, elle cherche à établir une uniformité, qui ne se contente pas de réduire l’autre à la condition commune, mais se propose d’ériger cette condition commune en dogme. Cette perception de la souveraineté, que présente l’ochlocratie, s’oppose surtout à la souveraineté de la loi. Elle est ainsi définie par opposition à la souveraineté de l’Etat. Hegel précise ainsi que «Le despotisme définit, de manière générale, l’état d’absence de la loi, celui où la volonté particulière comme telle, que ce soit celle d’un monarque ou celle d’un peuple (dans l’ochlocratie), vaut comme loi, ou plutôt vaut en lieu et place de la loi».

A.M.

1 - Nous devons beaucoup à l’article de Jacqueline de Romilly intitulé « Le classement des constitutions d’Hérodote à Aristote », paru dans la Revue des Etudes Grecques, tome 72, fascicule 338-343, janvier-décembre 1959, pp. 81-99.
2 - O. Ferreira, «La démocratie dans toute sa pureté. Une longue histoire de la sortie en politique du concept d’ochlocratie (1780-1880)», Revue de la recherche juridique. Droit prospectif, PU d’Aix-Marseille, 2013 (147). Article qui constitue notre source principale pour l’historique du terme ochlocratie.
3 - O. Ferreira, art. cit., pp. 35-36.
4 - G.W.F. Hegel, Principes de la philosophie du droit, Paris, PUF, traduit par J.-Fr. de Kervégan, p.375.

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1 Commentaire
Les Commentaires
Mohamed M'HADHBI - 21-08-2018 23:14

Merci au Professeur Ammar Mahjoubi pour cet article plutôt théorique mais dont la référence à la situation actuelle en Tunisie n’en demeure pas moins claire. Peut-on cependant nous interroger sur les causes profondes de cette « ochlocratie » ? Trois causes sont probablement à prendre en considération pour comprendre les facteurs qui ont faussé le jeu et transformé un le « rêve » démocratique en un « cauchemar » : 1) L’influence extérieure qui a représenté toujours un facteur important dans le façonnement du système politique régnant en Tunisie, et ceci probablement depuis 1815 (quelle est la part de l’influence extérieure dans la proclamation du Pacte fondamental en 1857 ou de la Constitution de 1861, ainsi que dans le sort réservé au régime de Ben Ali, sans parler de nos Constitutions influencées, tour à tour, par celles des Etats Unis (1959), de la France (Amendements des années 70) ou du Présidentialisme exercé dans plusieurs pays du « Tiers monde » ( Amendements de 1989), ou enfin de la dernière (« inspirée » largement de la Constitution portugaise) ?. Faudrait-il également parler de la réussite de l’ »Occident » à imposer la « démocratie », dans le débat intellectuel, comme « horizon indépassable » pour l’humanité entière. 2) La réaction aux abus du régime Ben Ali ( en particulier la corruption , l’absence de perspectives politique en dehors de l’ancien président et de sa famille, etc.). Comme toute réaction, il s’agit d’une réponse souvent excessive, « irrationnelle » et désordonnée. 3) La paupérisation croissante de la population qui détruit la base sociale de la stabilité politique, à savoir une large classe moyenne (condition soulignée déjà dans la Politique d’Aristote). Il reste aussi vrai que cette tendance à l’ »ochlocratie » semble représenter un phénomène international avec la percée du « populisme » dans plusieurs pays à travers le monde y compris le pays jadis cher à Tocqueville. Mais ne sommes-nous pas à l’orée d’une nouvelle époque gouvernée par de nouveaux paradigmes politiques tout à fait différents de ceux qui ont marqué « l’ordre libéral » (comme nommé par certains politologues Américains) édifié à l’issue de la deuxième guerre mondiale ?

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