News - 16.04.2018

La performance des banques aux dépens de l’économie

La performance des banques au dépend de l’économie

La BCT a augmenté ces derniers mois le taux d’intérêt directeur et  ce pour prendre en considération l’évolution de l’inflation au niveau des taux d’intérêt. Cette augmentation du taux d’intérêt directeur a eu comme conséquence l’augmentation du TMM.

Cette mesure d’un point de vue théorique est bonne dans la mesure où les banques vont pouvoir impacter l’effet de l’inflation au niveau des intérêts prélevés sur crédits qu’ils accordent à leur clientèle.

Toutefois, si nous faisons une analyse des bilans des banques tunisiennes, nous pouvons remarquer que le recours au marché inter bancaire  ne représente qu’un pourcentage inférieur à 7% et ce suivant les derniers bilans au titre de l’exercice 2016 publié par un échantillon de banque que nous avons choisi.

De ce fait, la principale ressource actuelle pour une banque tunisienne est constituée par les dépôts à terme et les dépôts à vue (rémunéré à un taux de 2%).

Nous pouvons conclure que le coût des ressources d’une banque tunisienne est inférieur au TMM puisque les majorités des ressources sont rémunérées à un taux inférieur au TMM. De ce fait, une banque tunisienne bénéficie du taux plancher du TMM fixé lors de l’octroi de crédit à la clientèle.

Par ailleurs, si nous faisons une analyse d’un point de vue banquier cette mesure incite les banques à accorder des crédits. Toutefois le fait d’augmenter le taux d’intérêt directeur et corrélativement le TMM va rendre le coût de la dette pour un bénéficiaire très élevé, ce qui diminue la demande de crédit pour une banque.

Notons également que d’un point de vue investisseur, ce dernier avec ce nouveau TMM devra dégager par son investissement un taux de marge brute au minimum de 20% voir plus. Dans l’état actuel de l’économie Tunisienne, ce taux de marge brute ne peut être réalisé que par les activités commerciales. Ainsi par cette mesure, la BCT contribue à la diminution de l’investissement industrielle créneau de croissance et de l’emploi.

Cette situation peut améliorer les performances des banques tunisiennes, toutefois elle lèse toute l’économie tunisienne dépendante face au recours bancaire et engendre une diminution de la consommation, de l’investissement et un aggravation de l’inflation par l’effet cout de la dette.

Atef Hannachi
Expert Comptable Mémorialiste