News - 11.04.2018

Ghazi El biche: Y a-t-il un leader en la demeure ?

Y a-t-il un leader en la demeure ?

« L’énergie est contagieuse .Si tu veux voler avec les aigles, tu devras arrêter de nager avec les canards. »                    
T. Harv. Eker

De quoi se soucient nos « leaders » et dirigeants ? 

Sept années d’une vision politico-socio-économique brumeuse, sept longues années d’une interminable instabilité et d’incertitudes, de gouvernance au pif, de navigation à vue. Un scepticisme populaire qui va grandissant face à l’incurie des pouvoirs exécutif, législatif voire judiciaire et une absence de programmes salvateurs et de réformes structurelles destinés à sortir le pays de l’ornière où on l’a sciemment engagé. Le tout sur un fond de crêpage de chignons, de vitupérations de toutes sortes, d’algarades, de brouilles qui finissent invariablement par des injures et des empoignades dont les auteurs ne sont autres que nos élus, chargés de défendre l’intérêt des citoyens qui les ont portés au pinacle. Des élus préoccupés, selon toute vraisemblance, par leur image, soucieux pour leurs privilèges et quasiment détachés des attentes du peuple ou des mesures salvatrices d’une économie sinistrée. Egalement des gouvernants d’une frilosité excessive, sous le joug de partis arrogants et dominateurs.

« La Tunisie ne sera trahie que par ses propres enfants »

Est-il interdit, dès lors, de penser, à l’instar de tout citoyen, que notre Tunisie, la Verte, naguère grenier de Rome, est aujourd’hui soumise à  une mise à sac généralisée,  un pillage systématique, presque institutionnalisé. Et ce sont ses propres enfants qui en sont les incitateurs, initiateurs, inspirateurs, instigateurs. Confirmant, ce faisant les mots historiques de Bourguiba  que « la Tunisie ne serait la victime que de ses propres enfants ».

La Tunisie une vache à lait tarissable

Un sentiment collectif s’impose selon lequel la Tunisie est une vache à lait dont chacun tire sur les pis à l’en tarir. Sans se soucier un moment qu’une fois asséchée de son lait, une vache n’est bonne qu’à l’abattage. Ce qu’une telle éventualité ne semble nullement inquiéter nos gouvernants d’aujourd’hui qui continuent à faire la sourde oreille face aux conclusions des experts. abdication des forces vives.

Abdication des forces vives

Les conséquences en sont pour les Tunisiens une certitude d’un avenir incertain voire nébuleux, d’un repli sur soi, d’un comportement davantage égocentriste, d’une attitude strictement corporatiste ou communautariste dont le corollaire dommageable pour le pays est une abdication de ses forces vives et donc un taux de croissance négatif.

En tant que Tunisien, et comme tout Tunisien inquiet du devenir de ses enfants et qui ne voit rien venir, l’on me donne à observer sur les différentes chaînes TV et à entendre sur les radios, quotidiennement, presque sans discontinuer et à mon corps défendant, je dois le dire, une horde de personnes s’arrogeant plusieurs droits dont celui de s’imposer en « leaders historiques et charismatiques » dans le seul dessein est de « berner » les gens, par des analyses alambiquées sur l’état de la Nation, sans jamais convaincre ni faire renaître le moindre espoir.

Leaders de fortune

Ce qui caractérise ces leaders de fortune, c’est l’absence flagrante de vision prospective, une incompétence affligeante sinon celle d’une politique politicienne étroite, partisane et impressionniste.  Il semble inutile de s’attarder sur les causes et origines conjoncturelles de la mauvaise qualité avérée de leadership que nous sommes entrain de subir. A contrario, il me paraît d’une particulière urgence de déterminer le profil de leader dont la Tunisie a besoin dans le cas présent.

Un besoin de recadrage urgent

Dans le monde moderne, on parle de plus en plus de LEADER proactif, de leader inspirant, de leader cognitif, de leader communicatif, de leader empathique, gérant de succès, ouvert aux changements, assertif….

Dans un pays où l’anxiété et la déprime ont atteint un niveau  intenable, force est de demander à nos honorables chefs de partis politiques, syndicalistes, chefs d’organisations et d’entreprises de suivre quelques règles essentielles pour un Leadership efficace.

Qualités d’un bon leader

Ce qui peut faire un vrai leader incontesté c’est d’abord une capacité à définir les objectifs à court terme générateurs de victoires préliminaires qu’il faut savoir orienter afin d’atteindre des objectifs plus importants. C’est la gestion des succès qui trace le chemin vers les triomphes. 

Un leader efficace doit également savoir mobiliser une équipe, comprendre ses besoins et ses préoccupations. C’est ce qui est désigné par le terme « empathie »,  qualité très demandée dans le domaine du leadership. En fait, une absence d’empathie entraîne incompréhension, mal-être et rupture. 

Une des compétences la plus demandée pour un bon leadership, c’est sans conteste la capacité à communiquer, de façon efficace et claire. Cela implique nécessairement celle de savoir écouter, car une prise de décision appropriée est sous-tendue par cette compétence de communication.

Est-il nécessaire de rappeler une qualité importante pour un leadership efficace, celle de vouloir, savoir et pouvoir s’adapter aux changements, ceci favorise l’émergence d’idées innovantes génératrices de bénéfices pour l’entreprise, pour l’organisation, pour la communauté…

Cependant, il semble que la capacité à motiver soit perçue comme la plus importante de toutes les compétences. Tant il est vrai que sans motivation l’équipe, la communauté, le peuple ne fonctionne pas. Il est vrai qu’il appartient au leader de savoir extraire de l’équipe la force nécessaire pour réaliser un travail, une tâche.

Plusieurs autres qualités sont requises pour être le leader recherché, estimé. L’on citera l’aptitude à développer de nouvelles habiletés, des traits de personnalités optimistes et positives. Altruisme, don de soi, compassion envers l’individu, envers le groupe, l’entité, la cité et la communauté.

La sincérité, le sens de la justice, la valeur personnelle, la gratitude, la reconnaissance doivent supplanter la haine, l’insulte.

Le respect de la diversité, l’instauration de la justice sociale, l’établissement de relations positives et constructives sont également les vertus éminentes d’un bon leader tout comme l’humilité ou l’audace, ….Des valeurs pourtant si simples, si enracinées en nous, mais que nous tardons à adopter. 

A preuve, ceux de nos responsables qui s’affichent comme des  leaders historiques et qui occupent outrancièrement notre paysage politico-économique imposent l’image culturellement admise de leaders du pessimisme, de la critique destructive, voire nihiliste, des vecteurs de haine et de mépris.
On râle, on se crie mutuellement, on s’insulte avec une formidable déperdition des énergies créatrices et un amoncellement de nuages sombres dans notre ciel autrefois bleu toutes ces gesticulations, toutes ces chicanes, employées dans la défense de sujets souvent sans rapport évident avec les intérêts vitaux du pays et du peuple, vident nos cerveaux évaporent nos rêves et freine nos élans.
Nos dirigeants ont besoin de recyclage.

La recette juste est de donner la main à tout ceux qui sont ouverts, respectueux, optimistes, ceux qui travaillent, s’affairent, s’activent, qui cherchent, qui découvrent, innovent,  entreprennent et créent la richesse. Nous assistons, hélas, aujourd’hui, et de plus en plus, à des fermetures, par des manifestants, d’unités de production qui font travailler les gens qui procurent les recettes pour les caisses de l’état. Le fait-on par inconscience ou par préméditation ? Le problème engage, selon moi, la responsabilité de nos leaders qui devraient prendre des cours de perfectionnement afin de s’adresser à ces personnes, et  convaincre les mécontents par un discours recevable, franc, transparent, sincère, étayé d’arguments persuasifs.

Malheureusement, il semble clair que nos dirigeants, à quelque niveau du pouvoir qu’ils soient placés, sont occupés à satisfaire leur narcissisme primaire en pensant détenir la vérité vraie. A partir de là, ils ne cessent de se gargariser de formules éculées qui ne touchent plus personne.

Pas de leader parfait, mais….

Il existe dans notre pays plus de personnes positives que l’on ne pense. Mais il est bien naïf celui qui pense qu’il existe sur terre le LEADER parfait. Cependant, dans ce monde professionnel et ce monde socio-économique instable voire déstabilisé, où le leader est parfois traité de manière injuste et inéquitable ,où les repères sont aujourd’hui brouillés, où les itinéraires mènent vers les voies de garage, où les horizons se trouvent bouchés et les perspectives menaçantes se profilent,  nos leaders, ou ceux qui s’attribuent ce titre, doivent envisager de se doter des moyens sus-décrits  et des valeurs de combativité, de courage, de patriotisme, d’humilité…celles-là mêmes qui font les grands hommes, meneurs d’hommes.

Ghazi El biche
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Mongi - 12-04-2018 07:40

Bravo, Si Ghazi. J'aime bien vos articles et votre attitude positive. Notre formation en Allemagne, nous a enseigné, qu'on peut construire quelque chose si banale soit-elle et ne pas montrer du doigt les autres, mais de commencer par soi-même. Oui, je partage votre avis : la Tunisie est victime de son propre peuple.

Mohamed Mzah - 12-04-2018 21:50

On a envie de voir Ghazi El Biche avec d'autres compétences du même tonneau sortir le pays de l'l'ornière.Les bonnes volontés comme il le dit si magistralement sont au coin de la rue pourvu qu'on y mette du nôtre .Volontariste réaliste et rêveur réaliste c'est El biche à l'oeuvre.Olé y Olé diraient ses ancêtres andalous.

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