News - 07.12.2017

Sihem Bouzgarou Ben Ghachem: Enfin, j’ai vu le film La Belle et la Meute !

Sihem Bouzgarou Ben Ghachem: Enfin, j’ai vu le film La Belle et la Meute !

Je l’ai vu et j’ai été, tout au long de la projection, émue, bouleversée, et j’avais l’estomac noué! Maintes fois, j’ai été au bord des larmes, en proie à une émotion indescriptible! Maintes fois, j’ai été révoltée par le sort qui nous a fait naître femmes dans une société patriarcale, dominée par la figure de l’homme, du patriarche ! Maintes fois, j’ai souhaité être aux côtés de cette victime innocente, coupable d’avoir aimé, dans une société régie par la loi du mâle!

J’ai imaginé le calvaire que la jeune Meriem a vécu cette nuit funeste, à marquer d’une pierre noire! Noire comme le cœur de ces policiers sans foi ni loi qui ont commis leur forfait sans état d’âme, ni scrupule! Noire comme la nuit qui a étouffé, telle une chape de plomb, les cris et les supplications de la jeune fille éplorée qui a subi la pire des violences ! Noire comme l’encre des journaux de bas-étage dont les journaleux  ont humilié, insulté, vilipendé la victime impuissante de cet acte infâme !

Son seul tort c’est d’avoir été accompagnée de son amoureux et de s’être retrouvée sur le chemin de ces bourreaux peu scrupuleux qui ont profité de leur pouvoir pour la malmener et la violer !
Quelle honte! Quelle ignominie!

Ceux qui auraient dû la défendre, la protéger, l’accompagner ont fait fi de l’éthique et de toutes les règles élémentaires de leur métier pour obéir à leurs bas instincts bestiaux ! Ils ont jeté aux orties les principes élémentaires qui font qu’ils doivent respecter et assister les âmes en peine!

Quand je me remémore les yeux hagards, égarés et larmoyants, les gestes maladroits de la jeune actrice essayant de couvrir sa poitrine, je ne puis m’empêcher de me révolter contre le sort que l’on réserve aux victimes d’agressions sexuelles  qui ont « l’outrecuidance » de porter plainte contre leur agresseur ! Selon une vision réductrice, celles-ci devraient se contenter de se rhabiller, de rentrer chez elles, de se doucher, de tout oublier, et surtout de porter leur croix, seules ! Au lieu d’être soutenues, aidée, assistées par un soutien psychologique, pour retrouver leur estime de soi et un équilibre, aussi précaire qu’il soit ! Comme si cette violence innommable est inhérente à sa condition de femme!

En réalité, la question que je me pose est : La femme jouit-elle de la liberté de disposer de son corps à sa guise, dans nos sociétés? La réponse est incontestablement négative ! Cette liberté lui est déniée, catégoriquement refusée ! La société arabo-musulmane maintient sa mainmise sur le corps féminin, elle le contrôle en incitant tacitement les jeunes célibataires à se marier, ou d'une manière plus intrusive, et même coercitive, en lui imposant de le voiler, de le nier puisqu'il est la source de tous les désordres, de la fitna. En d'autres termes, cette société phallocratique s'arroge le droit de contrôler la sexualité féminine, ses mécanismes sont régulés par les conventions sociales, les lois, les us et les coutumes, par les lois sociales qui, même si elles ont été modernisées et mises au goût du jour, lui imposent de se plier aux exigences intransigeantes et inflexibles de la loi du Père, du Patriarche!

Sihem Bouzgarou Ben Ghachem