News - 15.09.2017

Leaders Arabiya : pleins feux sur la corruption et l'égalité dans l'héritage

Parution du 21ème numéro de Leaders Arabiya

Dans sa livraison de septembre -octobre 2017, actuellement en kiosques, le mensuel d'expression arabe "Leaders Arabiya" braque la lumière sur une question toujours d'actualité : la corruption et la malversation ainsi que sur deux sujets fort controversés, à savoir l'égalité dans l'héritage et le mariage de la musulmane tunisienne avec un non-musulman. Après avoir traité dans un précédent numéro de la stratégie mise en place par Youssef Chahed et son gouvernement pour lutter contre la corruption et la malversation, le magazine, docuements à l'appui, monte en épingle cette fois-ci certaines affaires dont s'est saisie l'Instance Nationale de Lutte contre la Corruption (INLUCC) parmi celles - près de 200 au total- qu'elle a transmises au Parquet, de mars 2016, jusqu'à nos jours. De fortes présomptions existent quant à l'implication des personnes qui y sont citées dans différents crimes et délits : détournement de deniers et de biens publics, dont des médicaments pour une valeur s'élevant à des milliards, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, falsification de documents financiers, pots de vin, infractions aux règlements régissant les marchés publics ...

Fait troublant : la corruption prend de l'ampleur

L'enquête sur ces affaires révèle un fait troublant : l'ampleur de la corruption sous toutes ses formes qui ronge l'Etat et l'extension tentaculaire de ce fléau à divers secteurs d'activités et entreprises publiques, durant les dernières années, le système mafieux ayant exploité la dégradation de la situation sécuritaire et la faiblesse de l'Etat pour élargir son champ d'action et imposer sa loi dans les domaines politique et économique ainsi que dans les médias.
Outre cette enquête, Leaders Arabiya publie une interview de Chawki Tabib, président de l'INLUCC dans laquelle il met en exergue la contribution de cette instance à la lutte contre la corruption, juge les étapes franchies jusque-là par Chahed et son gouvernement dans la guerre livrée à ce phénomène et énumère les conditions devant être réunies, selon lui, pour assurer à l'action gouvernementale en la matière efficience et pérennité.

"L'héritage et les questions du temps bloqué "

Collant, par ailleurs, à l'actualité, le magazine ouvre ses colonnes à d'éminents penseurs et universitaires pour enrichir le débat sur deux questions ayant suscité une vive polémique en Tunisie après les initiatives annoncées par le Président Beji Caïd Essebsi dans son discours le 13 août dernier : l'égalité dans l'héritage entre homme et femme et le mariage de la tunisienne musulmane avec un non- musulman. Dr Hmida Ennaifar, président de la ligue pour la culture et le pluralisme en Tunisie analyse les réactions controversées aux initiatives présidentielles dans un article intitulé :" l'héritage et les questions du temps bloqué" avant de souligner que " les questions de l'héritage et du mariage de la femme , les nouvelles problématiques posées ainsi que les solutions et les alternatives proposées pour les appréhender nécessitent, par-delà  l'effort des individus, des groupes ou des instances officielles, une pluralité au niveau des pistes de réflexion et du débat sociétal. Et pour les traiter , le besoin pressant d'une institution de référence spécialisée dans son action, ses recherches et sa réflexion en matière de valeurs en général et des affaires religieuses en particulier se fait toujours sentir.

Revoir les paradigmes de "l'immuable" et du " changeant" dans le texte religieux

Dr Taoufik Ben Ameur, prend fait et cause, arguments à l'appui, pour le principe de l'égalité des deux sexes dans l'héritage et pour le droit de la femme musulmane à épouser un non-musulman, analysant le concept d'"el ijtihād" en islam (effort de réflexion). Il appelle à la révision des paradigmes de " l'immuable " et du " changeant " dans le texte religieux. Et d'expliquer que " le problème ne concerne pas le texte coranique en lui- même mais la manière de l'approcher, de le traiter, de le lire et de le comprendre. Ce sont là des questions sujettes à réflexion, et guère sacrées, pouvant être revues pour faire avancer le système d'el ijtihād, et l'habiliter à être l'instrument d'une nouvelle lecture du texte , adaptée aux thématiques de notre temps".

L'égalité droit universel

L'article de khedija Moalla, universitaire et militante au sein la société civile, est une violente diatribe contre l'islam politique et sa vision rétrograde de la cause de la femme. Elle rappelle que l'égalité est un droit universel et non une concession offerte à la femme, faisant observer que, les droits de l'homme étant universels et indivisibles, l'égalité ente homme et femme ne saurait être dissociée des autres droits civiques, politiques, sociaux, culturels et économiques. Les femmes libres de Tunisie ne revendiquent pas plus de droits que l'homme mais n'accepteront jamais d'en être moins nanties. La religion relève d'Allah et la patrie est pour tous. Citoyens et citoyennes sont égaux devant la loi, sans quoi la citoyenneté perdra tous ses attributs et le patriotisme toute sa signification. D'où le risque de se sentir étranger sur le sol de sa patrie", écrit-elle.

Un riche menu

Dans les autres rubriques de la revue, Chedli Klibi , avec sa remarquable plume, gratifie les lecteurs d'un portrait  saisissant d'Ahmed Loghmani, "poète du combattant suprême et Abou-Firas de Tunisie", comparé dans le titre au poète et prince hamdanide du Xe siècle, connu pour ses éloges dédiés à son cousin le sultan de Syrie Sayf - al Dawla.

Dr Habib Dridi nous raconte, quant à lui, avec son style attachant, les manigances de Mustapha Ben Ismail, grand vizir de Sadok Bey qui a dévalisé les caisses de l'Etat tunisien et contribuė par ses actes inqualifiables à l'établissement du protectorat français en Tunisie, avant de s'enfuir à Istanbul où il finira par mourir dans la grand dénuement.

Autres matières à découvrir dans ce nouveau numéro de Leaders Arabiya : les pertinentes analyses de Rachid khechana, Mohamed Brahim Hssairi, Hanen Zbiss, Ameur Bouazza (Doha) et Ezzeddine Anaya (Rome) , la satire de Adel Lahmar et le billet de  Sahbi Ouhaibi

Bonne lecture !