News - 28.07.2017

Tunisiens, réveillez-vous !

L’imbroglio tunisien

C’est le débat houleux du 27 juillet à l’ARP qui rend mal à l’aise ce qui m’a poussé à écrire cet article.

L’ARP a curieusement bien travaillé ces deux derniers mois qui ont vu pas mal de projets de loi votés. Il y avait un retard à rattraper pour justifier le départ en vacances comme si le pays a besoin de vacances.

La loi relative à la violence contre les femmes nous a révélé la collaboration de tous les députés de ce texte important et avant gardiste.

Les débats relatifs à l’amendement du règlement intérieur ont largement atténué les reproches qu’on pouvait faire au sujet de la lenteur des travaux et des absences des députés et ce au vu des nombreuses propositions d’amendement  relatives aux commissions, aux conditions de travail des députés, aux interventions des députés en séance plénière ou en commission, aux visites sur le terrain, aux absences justifiées  ou non, aux interpellations des ministres et du chef du Gouvernementet j’en passe.

J’ose espérer que le nouveau règlement intérieur donnera au temps sa valeur, introduira plus de souplesse et d’efficacité sans peser outre mesure sur le temps de l’exécutif et prévoira des sanctions à l’encontre des absences notoires et non justifiées de quelques députés.

Le débat du 27 juillet sur le projet de loi relatif à la ratification d’une convention d’emprunt de 500 millions d’Euros auprès de l’Union européenne a été des plus houleux et a été émaillé par les interventions très virulentes d’une certaine opposition. Elle n’a pas ménagé le ministre des Finances par intérim qui était  absent et sur qui on a tiré à boulets rouges sans justification et avec des appréciations inacceptables.

Quelqu’un  avait commencé par montrer une image sur son portable qui montrait le ministre en train d’accorder une interview à une radio locale alors que cette importante convention d’emprunt était en discussion à l’ARP.

Le président  de séance a fini par demander au ministre de se présenter. Il s’est avéré ensuite que ce ministre était venu à l’ARP à l’heure convenue le matin, mais comme la séance a été reportée, il a quitté les lieux pour présider la commission tuniso-saoudienne qui ne s’est pas réunie depuis plusieurs années!

J’ai tremblé à l’idée que la convention d’emprunt  auprès de l’Union européenne de 500 millions d’Euros ne soit pas ratifiée, mais le Ministre a bien fait de leur dire que le compte du Trésor est au rouge et que sans les 200 millions d’Euros qui seront versés immédiatement, l’Etat n’aura pas de quoi payer les salaires et les pensions d’aout et de septembre !le reliquat de 400 millions sera versé une fois certaines conditions remplies par la partie tunisienne.

Ce coup de semonce a remis les pendules à l’heure et la convention a été finalement ratifiée avec 118 voix sur 139!

Comment peut-on admettre qu’un ministre soit trainé dans la boue alors qu’il aurait suffi de faire sa petite enquête pour savoir que cette absence ne lui était pas imputable ? Qui pourrait accepter dorénavant le poste de ministre?

Ne peut-on pas nous dispenser de pareils incidents qui portent préjudice à l’ARP et au pays?

Cet incident révèle le piteux état de nos finances publiques et donc de notre économie.

Depuis le 14 janvier 2011, notre pays donne l’impression qu’il fait du surplace surtout en matière économique.

Le constat amer est là. La perte de temps est manifeste.

L’investissement n’a pas encore repris de manière significative de manière à réduire le nombre des chômeurs  dont les heureux nantis d’un diplôme universitaire continuent à êtrerétribuer à 400 dinars par mois si jamais ils trouvent un emploi et de surcroit précaire. C’est insoutenable pour l’universitaire et sa famille.

L’Etat se démène mais les faits sont têtus.

Nos enfants bardés de leurs diplômes quittent leur pays natal que d’autres cueillent comme un fruit mûr pour développer leurs économies. A ce jeu, les Etatsétrangers qui dispensent, parcimonieusement, leurs aides gagnent largement au change et ont le « culot » d’exiger une catégorie de profils ( les ingénieurs, les médecins, les meilleures crues…)

Sur le plan de la démocratie, Kasba 1 et Kasba 2 nous ont donné une assemblée constituante qui a mis deux ans à mettre sur le papier, au forceps, une nouvelle constitution et un régime politique mi-figue, mi-raisin, qui dans les faits a montré que le pays est difficilement gouvernable et que si ce régime était maintenu, il assurerait difficilement la pérennité de l’Etat.

Actuellement, il ne tient qu’à la politique du consensus assez contestée et dont les initiateurs sont des personnes âgées qui ne sont  pas éternels.

La Tunisie est un véritable chantier béant. Il suffit de gratter. Tout doit être revu et corrigé. Hélas, le temps presse mais l’économie n’attend pas.

Si l’investissement ne reprend pas, c’est que l’environnement ne s’y prête pas. L’investisseur local et étranger a encore peur mis à part certains.

Il faudrait que le cadre juridique qui assure une justice équitable soit renforcé. Il faudrait que l’Administration bouge et gagne la bataille du numérique. Il faudrait que le citoyen et l’entreprise paient leurs impôts pourvu qu’ils soient justes.il faudrait que la bataille contre la corruption soit gagnée. En un mot, il faudrait que la confiance revienne.

Il faudrait aussi que le chef du Gouvernement pense à revoir la structure de son staff non en fonction des pressions partisanes ou des CV mais en fonction des programmes concrets que lui présenteraient ses ministres en poste ou nouveaux.

L’Etat est au four et au moulin comme on a coutume de le dire. La lutte contre le terrorisme coûte cher et ampute le budget de sommes faramineuses. L’instabilité en Libye  ne favorise pas nos exportations et ne favorise guère les flux touristiques et de santé.Nos entreprises cumulent des stocks qu’elles n’arrivent pas à écouler telle  que ceux de la CPG et du groupe chimique nous dit-on. Les revendications légitimes des populations concernant le droit à un environnement sain viennent grever leur budget.

A cela s’ajoute les revendications salariales quoique légitime mais qui ne peuvent coexister avec un chômage incompressible.

Que peut faire l’Etat et peu importe celui qui aspire à êtreprématurément à sa tête?

On lui demande d’avoir un plan d’actions, des idées claires, des mesures concrètes, des échéances, un nouveau modèle de développement. Cela est exigible dans un Etat où règnent la Paix, la sécurité, la paix sociale, la concorde et l’esprit de sacrifice et non la politique de «chacun pour soi et Dieu pour tous».

Tous les Etats sont disposés à nous aider. Toutes les institutions financières internationales manifestent concrètement leur intérêt pour notre pays en y déversant des sommes conséquentes.

Mais il y a là une limite si de notre côté nous ne faisons rien et que de surcroit nous tirons à boulets rouges sur des organismes auprès desquels nous nous sommes adressés, de notre plein gré, pour obtenir des financements nécessaires à notre survie.

Dans cette ARP je n’ai pas entendu notre opposition appeler ce peuple au travail bien fait.

Dans notre pays je n’ai pas vu une organisation syndicale enfourcher le cheval du travail, de la productivité, de la formation professionnelle, de la mobilité dans le travail et de la croissance.

Dans notre écrasante majorité, nous vivons au-dessus de nos moyens  et la volonté du sacrifice est quasi absente lorsqu’on touche certaines catégories sociales.

Sans ce changement, l’Etat ne pourra que procéder à des fuites en avant,à des replâtrages comportant essentiellement la recherche de financements pour boucler un budgetde l’Etat à l’état exponentiel.

Tunisiens, de grâce,reveillez-vous,parlez moins, travaillez plus et mieux, payez vos dettes et vos impôts, unissez vos efforts, abandonnez les idéologies désuètes car notre Etat n’arrive plus aujourd’hui à régler même ses dépenses courantes!!!

De quoi demain sera-t-il fait ? j’ai vraiment peur.

Mokhtar el khlifi

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