News - 30.01.2017

Désignation de Délégués proposés par des partis : Une faute grave de Youssef Chahed !

Désignation de Délégués proposés par des partis : Une faute grave de Youssef Chahed !

Qui a poussé Youssef Chahed, plus qu’à l’erreur, à la faute ? En acceptant de désigner plus d’une centaine de Délégués, sur proposition des partis politiques de la coalition au pouvoir, il marque un manquement à l’engagement républicain de tenir l’Administration en dehors des nominations partisanes. C’est une question de principe et non le fait du Prince !

Longtemps, la Tunisie a souffert de l’emprise du népotisme et de la dictature des partis qui ont mis la main sur l’appareil de l’Etat, plaçant les leurs aux postes de commandement. On en connaît les dégâts ! Plus que ses prédécesseurs, on attendait de Youssef une fermeté intransigeante à ce sujet. Le voilà succomber à d’inacceptable pressions et se livrer à un jeu d’équilibre aux multiples risques.

L’Etat est-il à ce point stérile stérile qu’il en devenu impuissant de fournir à son Administration dont il a besoin ? L’exécutif est-il devenu à ce point fragile qu'i doit  cèder au harcèlement des partis ? Même si 95% des nouveaux délégués alignent un diplôme universitaire comme nous le confie un ministre concerné, la question est ailleurs. Avant même de considérer les biographies, c’est le principe-même de « la répartition du gâteau » que les Tunisiens croyaient à jamais révolu ! Ceux qui connaissent Youssef Chahed, ses valeurs et son parcours se refusent à admettre le voir distribuer les prébendes de la République.

Un contexte qui demande indépendance et expérience

Les risques sont multiples. L’obédience de ces désignés ne sera pas leur hiérarchie, mais leurs partis. Eux-aussi, seront sous la pression de ceux qui les avaient proposés et manœuvrés pour l’aboutissement de leurs candidatures. Cette fragilisation s’ajoute à la complexité du contexte local dans chacune des 365 délégations du pays. Outre le climat d’instabilité et la force des revendications sociales, l’imminence des élections municipales, puis régionales, attisera sans doute les confrontations entre familles politiques mais aussi acteurs de la société civile. Une administration à 100% indépendante, l’expérience et la sagesse sont plus que jamais de rigueur, en plus de la capacité à gérer le développement local. 

Une exposition très fragilisée

Placé en première ligne de contact avec la population dans son périmètre, directement exposé aux attentes et aux humeurs de ses administrés, le Délégué se trouve seul à incarner et assumer le pouvoir. Dans son excellent ouvrage « Les Gouverneurs », Abbes Mohsen, a retracé l’historique de ce corps au fil des siècles et des régimes, et appelé à sa refonte totale. Il y écrivait notamment: "La Tunisie est un pays de tradition administrative ancienne. Elle a su faire de son mode de gestion du territoire l’expression de sa politique et un levier fondamental de l’Etat." Nous risquons de nous retrouver aujourd’hui dans le sens inverse.

Davantage de République dans l’Etat

Soustraire le chef du Gouvernement des pressions, et l’en prémunir, préserver l’Administration des intrus partisans, et l’en protéger, imposer aux partis politiques le respect de la neutralité des corps de l’Etat : autant d’impératifs auxquels nous devons tous veiller. Il faut mettre plus de République dans l’Etat. Quelque soient les arguments et circonstances qui peuvent être invoqués, Youssef Chahed ne doit pas céder.
 
Taoufik Habaieb
 

 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Nejib AMMOUS - 30-01-2017 16:49

C'est bien calculé et bien ciblé , il s'agit de la préparation des partis aux futures échéances électorales . Confier les municipalités à ces Délégués sous l'emprise des partis en phase électorale est une erreur ! Il semble que le retard mis pour voter la loi électorale soit destiné à arranger l'intérieur de la maison . Tawafak n'est pas complaisance.

Rached Mahbouli - 06-02-2017 03:13

Effectivement, il est important de relever cette grave faute du chef du gouvernement. Le pays a trop souffert auparavant de l'emprise du parti au pouvoir, et c'est pour cette raison que depuis janvier 2011, nous nous croyions débarrassés de l'amalgame partis-gouvernement. Nous revoilà hélas dans "une république bananière des copains et des coquins". La Tunisie ne peut pas évoluer avec de telles pratiques.

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