News - 08.10.2016

Slim Riahi: L’outsider qui revient?

Slim Riahi: L’outsider qui revient?

Calé dans un large fauteuil au milieu d’un salon somptueux de sa résidence à Gammarth, hautement gardée, le chef de l’UPL, Slim Riahi, parle cash. Recevant Leaders quelques jours après l’entrée en fonction du gouvernement Youssef Chahed, il s’empresse d’ajouter: «Cela n’entame en rien mon soutien, d’ailleurs de longue date, au président Béji Caïd Essebsi». Et il l’expliquera. Caressant un imposant chien-loup qui se tient docilement à ses pieds, Riahi revient sur les dernières péripéties de la formation du gouvernement et son coup de poker perdu, sans regretter particulièrement de voir son parti non représenté dans la nouvelle équipe. Et d’évoquer ses projets et la nouvelle trajectoire qu’il entend donner à l’UPL.

«Si Béji le sait très bien, tient-il à souligner. J’ai toujours tenu ma parole à son égard et il m’a toujours trouvé à ses côtés dans les moments difficiles. Jamais mon soutien ne lui a fait défaut. Lorsqu’il a avancé le nom de Youssef Chahed pour former le nouveau gouvernement, j’ai fermement approuvé son choix et dû intervenir plus d’une fois pour couper court à d’autres commentaires peu favorables. J’ai eu par la suite des entretiens approfondis avec Chahed quant à l’architecture du gouvernement et sa composition, demandant un droit de regard sur la dernière version avant son approbation».

Slim Riahi confirme à Leaders qu’il n’a jamais remis à Chahed une liste formelle de candidats de l’UPL pour faire partie du gouvernement. «Cela ne sert à rien de proposer des noms pour que les tout derniers figurant sur la liste soient retenus et les autres écartés en m’imputant la responsabilité. A force d’insistance, j’ai dû répondre que j’étais moi-même candidat. Mais, c’était évidemment une échappatoire, pour demander à garder la main, avec les autres premiers partis, sur la composition du gouvernement. L’UPL, il ne faut pas l’oublier, fait partie des quatre premiers partis élus. Il mérite d’exercer son poids et se doit d’assumer sa responsabilité vis-à-vis de ses électeurs.»

Laissé en rade

Quitte à rompre ! C’est ce qui a d’ailleurs fini par se passer. Le poker menteur dont l’accusent ses interlocuteurs d’en face n’a pas fonctionné cette fois. Riahi laisse entendre que lors de la dernière ligne droite, il avait « évoqué » des noms avec Chahed. Mais, le chef du gouvernement a, selon lui, tout court-circuité. Prenant les devants, il s’était empressé, après consultation, de précipiter l’annonce de son équipe, laissant Riahi en rade. «Contrairement à ce qui a été propagé, je ne m’étais pas plaint durant les négociations à Carthage et n’ai jamais demandé alors à voir le président Caïd Essebsi, essuyant un refus courtois. C’est archi-faux, affirme Slim Riahi. C’est plus tard que je me suis entretenu avec le chef de l’Etat qui m’a assuré que le malentendu était dissipé !».

Le chef de l’UPL ne paraît pas particulièrement affecté par  l’absence de ses représentants au gouvernement, même si ses anciens ministres en sont inconsolables. Il a d’ailleurs pris soin de leur remonter le moral. Ils ne sont plus, en fait, que deux : Mohsen Hassen (Commerce) et Néjib Dérouiche (Environnement). Les deux autres étaient déjà en rupture. Maher Ben Dhia (Jeunesse et Sports) était écarté et Hatem Elleuchi (Domaines de l’Etat), très attaché à la participation sans conditions, au gouvernement, démissionnaire non sans fracas.

Rebondir

«Tout compte fait, laisse tomber philosophiquement Slim Riahi, pareille pause ne peut qu’être salutaire pour le parti après cinq années très intensives. Nous avons été crédités d’au moins 200 000 voix lors de la présidentielle en faveur de BCE. C’est un capital précieux que nous devons entretenir et fructifier pour les prochaines échéances électorales. La priorité aujourd’hui est à la restructuration du parti, l’approfondissement de notre plateforme programmatique, l’extension de notre implantation dans les 365 municipalités du pays... De grands chantiers nous attendent!» Les ponts ne sont pas coupés entre Riahi, Carthage et la Kasbah.

Des contacts sont pris, des noms sont sollicités pour des nominations à divers postes. «Vous savez, fait remarquer le chef de l’UPL, je n’ai que 43 ans (il est né le 13 juillet 1972), et guère pressé pour quoi que ce soit. Je dois m’occuper à la fois de mon parti, de mon club (Africain), de mes affaires et de ma famille restée à Londres. Et je le fais avec un égal plaisir!».


 

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