Opinions - 03.10.2016

Monsieur le chef du Gouvernement, réveillez les consciences endormies en assénant le coup de grâce au laxisme et au laisser-faire

Monsieur le chef du Gouvernement, réveiller les consciences endormies en assénant le coup de grâce au laxisme et au laisser-faire

Vous venez tout juste d'être investi d'une responsabilité fondamentale qui consiste à sortir enfin notre pays de cette terrible descente aux enfers socio-économique et politique dans laquelle on l'a plongé depuis cinq ans. Cette mission qui vous est confiée depuis peu est de la plus haute importance et représente l'un des défis les plus difficiles à relever, eu égard à l'état de gabegie dans lequel les différents gouvernements qui se sont succédés ont laissé le pays. Votre tâche est d'autant plus lourde qu'elle s'accompagne d'une obligation de résultats que les Tunisiens, conscients de cette dégradation et ô combien découragés, attendent avec impatience.

Aujourd'hui, votre devoir, Monsieur, en tant que chef du Gouvernement, commande l'honnêteté, la transparence, et par dessus tout, l'action : ce qui a terriblement manqué à vos prédécesseurs. En effet, comme vous avez pu le constater vous-même, les C.V., certes parfois impressionnants, les serments solennels et autres promesses à accent populiste n'ont jamais réussi à faire avancer le pays. Les engagements non tenus ont malheureusement accentué le climat de défiance qui règne. Aussi Les vœux pieux ne nous trompent-ils plus ; notre confiance est épuisée à force d'avoir voulu y croire. Mais sur ce sujet je ne vous apprends rien que vous ne sachiez déjà.

Lors de votre conférence de presse du 28 septembre, vous avez semblé déterminé à donner un grand coup de balai dans la fourmilière, à rétablir l'ordre et à sanctionner le laisser -aller et le laisser- faire : ce que chacun de nous attend.

Il est grand temps de faire preuve de courage, de poigne et d’intransigeance ; il est temps de mettre le "holà" à l'anarchie qui règne dans notre pays depuis si longtemps, même si ce n'est pas chose aisée. Il est temps d'essayer véritablement, vigoureusement, de mettre fin à la crise des valeurs qui sévit chez nos concitoyens, toutes couches sociales confondues, quitte à se débarrasser de tous ceux qui portent atteinte à la sécurité de notre pays et menacent notre mode de vie et notre modèle de société. Il est temps de ne plus céder aux chantages des uns et des autres, quelle que soit leur nature. Enfin, il est temps de faire cesser l'opportunisme et la corruption devenus secrets de la réussite.
Nos appels désespérés à cette fin sont restés vains à ce jour.

Ce chaos qui sévit dans les comportements et les espaces publics a même fini par détruire la beauté de notre pays, autrefois propre et attrayant, aujourd'hui véritable dépotoir d'immondices. Les Tunisiens jadis soignés et élégants ont rompu avec tout ce qui faisait l'éclat d'un paysage et de ses habitants. Les mauvaises manières ont chassé les bonnes. Et en cela, la concurrence bat tous les records. La minorité civile qui continue à se battre pour remettre un peu d'ordre se décourage de plus en plus quand elle ne déprime pas.

Le pays subit au quotidien des injustices de tous genres: des constructions anarchiques, le spectacle nauséabond des poubelles qui jonchent les quartiers, et tous les quartiers sans exception : huppés ou populaires. À l'injustice s'ajoute l'insécurité, qui engendre une peur permanente de devenir une victime du terrorisme ou du banditisme. Et pour finir cette énumération non exhaustive, comment ne pas évoquer les désordres permanents dans nos administrations et les comportements inadmissibles des fonctionnaires, hommes et femmes. Autant de facteurs qui ont détruit le peu qui reste de ce que fut notre République.

Monsieur, permettez que je rapporte justement des situations que beaucoup d'entre nous ont vécues sans pouvoir s'y résoudre, des pratiques inacceptables qui durent et perdurent. Ces situations, vous ne risquez pas de les voir par vous-même Monsieur Chahed parce que pour les hauts responsables comme vous, c'est le tapis rouge qui est déroulé et l'accueil se fait en grande pompe, masquant ainsi les réalités auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement.
En effet, lorsque monsieur ou madame tout-le-monde se présente dans n'importe quel bureau administratif, à quelques exceptions près, les fonctionnaires sont en tenues débraillées parfois à la limite de la propreté , chaussés de tongs et vêtus de teeshirts si ce n'est de chemises déboutonnées dévoilant leur pilosité. Une honte !

Si, par malheur, l'idée vous vient de vous présenter au guichet de l'un de ces bureaux à l'heure des prières, le spectacle est encore plus affligeant : les bureaux se vident comme par enchantement, devant des citoyens qui ont attendu pendant des heures n'osant pas rouspéter de peur d'être accusés de crime de « lèse-divinité ».

Au lieu de retrousser leurs manches et redoubler de travail et d'efforts pour contribuer à sortir le pays de sa profonde crise, certains fonctionnaires retroussent manches et pantalon avec serviette autour du cou pour s'absenter au nom de la prière, parfois même le temps d'aller à la mosquée du quartier. Ce rituel se passe tous les jours de la semaine, au détriment de toute conscience professionnelle et en l'absence de toute autorité. Il est inutile de parler du vendredi où toutes les absences sont permises.
Comme si cela n'était pas suffisant, voilà que ces partisans du moindre effort cumulent les grèves sauvages, non encadrées, non autorisées, et dont la pratique incontrôlée et insensée finit par prendre en otage un village, une délégation, parfois un gouvernorat et réussit ainsi à pourrir la vie des citoyens que certaines revendications partisanes et abusives ne concernent même pas.

Lorsque le mufti pour une fois parle de la gravité des conséquences des grèves sauvages dans un pays qui peine à se redresser, on crie au scandale.
Un rappel à l'ordre imminent devrait être inscrit comme une priorité parmi les objectifs du gouvernement d'unité nationale. Redonner à la valeur travail toute sa place et rétablir l'état de droit contribueront sans aucun doute à installer la paix sociale, condition nécessaire pour  aller de l'avant.

Croyez-vous, Monsieur le chef du Gouvernement, pouvoir redorer le blason de l’Etat et mettre chaque tunisien devant ses responsabilités ? N'est-il pas temps de réveiller les consciences endormies en assénant le coup de grâce au laxisme et au laisser-faire ?  Permettez-nous, Monsieur, d'y croire.

Latifa Moussa

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