News - 29.09.2016

L’électrochoc de Youssef Chahed : Pas de croissance, pas d’augmentation des salaires (Vidéo)

L’électrochoc de Youssef Chahed : Pas de croissance, pas d’augmentation des salaires

Qu’est-ce qui peut inciter Youssef Chahed à prendre ce double pari? D’un côté, convaincre l’UGTT de sursoir jusqu’à 2019 les augmentations salariales déjà contractées pour 2017? Et de l’autre, persuader l’UTICA d’accepter une contribution exceptionnelle de 7.5% sur les bénéfices des entreprises?  Pour le chef du gouvernement, c’est, avec une redistribution fiscale profitant aux revenus les plus bas, un recouvrement intensif des créances de l’État, la lutte contre la fraude fiscale, et la compression des dépenses publiques, l’unique moyen de commencer à réduire le grave déséquilibre des finances publiques. Mais, aussi, d’éviter une inflation galopante et une érosion continue du pouvoir d’achat. Les augmentations salariales consenties depuis la révolution n’ont pas, justifie-t-il, profité au panier de la ménagère.

Pour Youssef Chahed, dans son interview radiotélévisée du mercredi, seule une croissance soutenue autorisera une augmentation des salaires. Tablant pour le moment sur 2% en 2017, l’objectif est d’atteindre 4% et plus. S’il est réalisé, les salaires pourraient être augmentés en 2018. En clair : pas de croissance, pas d’augmentations.

Comment pourra-t-il en convaincre l’UGTT? Le chef du gouvernement mentionne le dialogue, la franchise, la transparence des comptes de la nation qui seront exposés à la centrale syndicale. Le contexte interne de l’UGTT, à la veille de la tenue de son congrès électif, début 2017, offre-t-il la sérénité nécessaire pour accepter pareil sacrifice et y rallier les travailleurs.

L’entreprise, elle aussi, sera appelée à se faire saigner de 7.5% supplémentaires de ses bénéfices, déjà obérés par une grande crise économique. Comment le lui expliquer? Au titre des sacrifices partagés et de l’intérêt national? Il en faudrait plus pour le supporter.

Les mesures d’accompagnement et les annonces ne manquent pas dans l’interview radiotélévisée mercredi soir de Youssef Chahed. Crédits logement à des taux bonifiés, contrat Al Karama pour l’emploi de 25000 jeunes, projet de loi moralisant la vie publique, pas d’amnistie fiscale, les malfrats en prison, etc. Ou encore, des équipements d’enlèvement des ordures pour les municipalités, rénovation des routes, stations mobiles de désalinisation de l’eau, etc.

 
Le plus dur pour Yousef Chahed, ce sont les partenaires sociaux à convaincre et, partant, les Tunisiens, qu’ils soient salariés ou employeurs. Cette difficulté se trouvent aggravé par l’absence de relais politiques suffisamment forts et crédibles à même d’expliquer les enjeux et de défendre la stratégie du gouvernement. Sur qui Youssef Chahed peut-il effectivement compter pour convaincre les Tunisiens?
Tout dépendra de sa capacité à rallier à sa cause l’ensemble des composantes partenaires et à mobiliser l’opinion publique autour de son projet.
Mais, en fait, quelles seraient ses options alternatives?