News - 16.07.2016

Leçons du coup d’état avorté en Turquie

Leçons du coup d’état avorte en Turquie

Tard dans la soirée du vendredi 15 juillet 2016, le premier ministre turc avait fait état d’une tentative  de coup d’état  fomenté par une faction de l’armée. Quelques instants  plus tard, le porte parole des militaires putschistes annonçait dans un communiqué publié sur internet que le but de leur action est «d’instaurer la paix et la démocratie ». Vers minuit, le président turc Erdogan s’est exprimé par téléphone sur la chaîne d’information CNN-Turk pour appeler la population à descendre dans les rues pour défendre la nation et  pour dénoncer cet acte de «trahison» qu’il imputa à une «minorité  au sein de l’armée».  Il le qualifia aussi de «soulèvement dans le lequel l’Etat parallèle a également une part»  faisant allusion à son ennemi juré le prédicateur Fethullah Gûlen  exilé aux USA. Samedi, au petit matin, le premier ministre turc a affirmé que la situation était sous contrôle du gouvernement. Le président turc a félicité la population descendue par millions pour s’opposer aux putschistes. Au cours des affrontements, pas  moins 161 tués parmi la police et la popultion civile et 1430 blésses, et près de 1500 putschistes ont été arrêtés ou se sont rendus aux forces de l’ordre. La situation reste confuse en Turquie selon les médias étrangers. Mais quelles leçons peut-on tirer à chaud  de cet événement?

La situation d’instabilité, qui règne sur les frontières de la Turquie, depuis 2003 (guerre en Irak), amplifiée par la guerre civile en Syrie et le conflit kurde  depuis l’avènement du printemps arabe en 2011 et l’entrée en scène  en 2014 de l’Etat Islamique (EI), pourrait être à l’origine des malheurs qui se sont succédé dans  de ce pays depuis le début de cette année. Mais ce  qu’on pourrait retenir de positif  et mettre à  l’actif de la Turquie c’est le leadership de son président et le comportement de la population civile.

Souvent, les malheurs d’un pays sont fécondés chez ses voisins. Les frontières instables génèrent des risques qui avec le temps produisent des dangers et exposent le territoire national  à des dommages et des dégâts incalculables. Ainsi, cette année, la Turquie  a été le théâtre d’une vague d’attentats revendiqués par l’EI ou les rebelles kurdes, faisant un grand nombre de victimes civiles et d’importantes pertes matérielles. Le dernier en date fût perpétré le 28 juin 2016  dans l’aéroport d’Istanbul a coûté la vie à 41 civils et entraîné  de nombreux blessés. Des actes terroristes qui n’ont pas aussi causé moins de préjudices au moral de la population et à l’économie de l’Etat. Des terroristes, à la solde de pays étrangers et ennemis ou d’organisations terroristes, qui traversent une frontière poreuse pour frapper là où ils veulent.  C’est la première leçon que notre pays ne doit pas ignorer. La situation en Libye n’est guère rassurante et la vigilance est conseillée.

La situation d’instabilité des  voisins de la Turquie et la politique du gouvernement dans la  gestion des situations sur les frontières   pourraient être la cause d’un état de mécontentement au sein d’une minorité politisée des forces armées. Un signe qui pourrait être exploité par un parti d’opposition et inciter à la révolte et inciter au coup d’Etat. L’armée turque a une grande tradition guerrière et les militaires vouent un grand attachement à leur patrie. Mais, la politique au sein de l’armée n’est pas souvent salutaire. C’est la deuxième leçon à saisir par les honorables députés de l’ARP et réfléchir deux fois avant de présenter le cadeau empoisonné aux militaires: le droit de vote.

Ce qu’on pourrait aussi retenir du coup d’état  avorté en Turquie, c’est d'abord le leadership politique. Dans une pareille situation, un moment très critique  et difficile, où l’on assiste à une rébellion de l’armée (la situation n’était pas claire au début(on ne savait pas si ce putsch était le fait d'une majorité de l'armée ou d'une faction). la gestion de l’événement demande beaucoup de courage et de calme de la part du président de la république pour prendre les mesures adéquates. Erdogan n’a pas fui le pays, n’a pas demandé l’asile à l’Allemagne et n’a pas pris l’avion pour fuir le pays et regagner les lieux saints. Il a parlé à la population et lui a demandé de descendre pour défendre la nation et pris l’avion pour atterrir à Istanbul au cœur même de la rébellion. C’est la troisième leçon pour nos leaders politiciens, une leçon de courage.

La population a répondu présente à l’appel de son président et est descendue par millions dans les places publiques pour dénoncer le coup d’Etat. Les citoyens scandaient allahou akbar et vive la patrie. Ils ne criaient pas vive Erdogan et ne portaient aucun drapeau autre que celui de la nation. Le comportement de la population était exemplaire et aucun acte de vandalisme n’a été signalé. C’est la quatrième leçon qu’il faut apprendre par cœur.
L'autre enseignements qu’il ne faut jamais perdre de vue c'est que notre pays  possède une armée loyale et le patriotisme de ses chefs est sans faille. Il faut la prémunir du cynisme et ders tentatives de récupération des partis politiques pour ne pas semer les germes de la désintégration au sein de notre chère institution militaire. La situation instable à nos frontières, si elle dure, risque de  causer un état de mécontentement au sein de la population mais aussi au sein des institutions étatiques. Il est urgent de mettre en marche notre économie tout en donnant à l'aspect social l'intérêt qu'il mérite.

Mohamed Nafti