Success Story - 04.04.2010

Sonia Mabrouk, la Star tunisienne du journal télévisé en France

Elle cartonne à l’écran et grâce à elle, la chaîne TV Public Sénat et son journal télévisé de 22H (heure française) enregistre depuis ces derniers temps des pics d’audience significatifs. Non seulement en France, mais aussi dans les pays francophones. Sonia Mabrouk, cette journaliste tunisienne devenue rapidement star Tv séduit par son intelligence, son aisance et son professionnalisme. Nous l’avions connue à Jeune-Afrique, découverte et coachée par Béchir Ben Yahmed. Et la voilà, «recrutée» par Jean-Pierre Elkabbach, qui lui avait bien recommandé: «Tu ne dois pas faire une carrière mais construire un destin».

Un grand destin qui se dessine, clouant chaque soir des dizaines de milliers de téléspectateurs à l’écran pour suivre son journal.

Qu’il s’agisse de la soirée électorale des régionales, ou de la conférence de presse de Sarkozy-Obama, en direct de Washington, et autres moments forts de l’actualité, elle officie en vraie papesse de la télé et de l’info. Le ton direct et fluide, les questions percutantes et le sens de la répartie. De quoi faire honneur à sa génération, mais aussi à ses compatriotes. Première tunisienne à prendre l’antenne sur une chaîne française et, qui plus est, en journal télévisé, Sonia Mabrouk exerce son art, son talent et son charme… irrésistible.

En exclusivité pour Leaders, cette monastirienne, très attachée à ses racines tunisiennes, mais ouverte sur le monde, livre pour la première fois son jardin secret.
 

"Au départ, le métier que j’envisageais c’était l’enseignement. J’ai donc eu, de ce point de vue, un parcours classique : DESS, DEA, thèse à la Sorbonne à Paris. J’ai ensuite enseigné pendant deux ans au sein de l’établissement où j’étais étudiante, HEC Carthage.

Je crois que le fil rouge pour la suite du parcours, c’est l’écriture. J’ai toujours aimé écrire. A partir de là, le journalisme et d’abord la presse écrite sont apparus comme une évidence pour moi.

Et puis il y a eu la rencontre, importante, avec Béchir Ben Yahmed. Il a été le premier à me donner ma chance. Je me souviens  de ses mots lors de notre premier entretien dans les locaux de Jeune Afrique : « Vous avez 3 mois pour me prouver que ça vaut la peine de vous garder ». Je suis restée 3 ans.

Sonia MabroukIl n'y a rien de plus injuste qu'un journal télévisé ?!!

Et un jour, le téléphone sonne. Au bout du fil, Jean-Pierre Elkabbach. Il avait lu l’une de mes interviews et voulait m’en parler. La rencontre a duré moins de 10 minutes dans les couloirs du Sénat où se trouvent les locaux de la chaîne de télévision politique Public Sénat.

Moment déterminant. D’abord parce que c’est la rencontre avec un personnage hors normes, un géant des médias doté d’une énergie et d’une intelligence rares. Et ce qui est encore plus rare dans ce milieu, beaucoup de simplicité

Moment déterminant aussi car il décide tout de suite de me donner ma chance. Une semaine après, je suis à l’antenne, en direct, face aux plus grands de la politique française. La chance du débutant ou de la débutante, tout se passe bien, je fonce…

Il n’y a rien de plus injuste qu’un journal télévisé ! Un JT c’est une demi-heure d’antenne pour des heures et des heures de travail et de lecture en amont. Il faut être informé de tout, tout de suite. Alors chaque matin, je n’y échappe pas, pendant deux bonnes heures je parcours tous les quotidiens. L’objectif n’est pas de tout savoir, heureusement, mais de sentir l’humeur d’un pays, de tenter de deviner ce qui sera à la Une demain. Voilà pour le côté pile. Le côté face, c’est l’endurance.

Pour faire un journal tous les soirs, il faut avoir la banane comme on dit. Alors, qu’il neige ou qu’il vente, jogging obligatoire au Champ de Mars chaque matin. La suite de la journée se passe en « rédac ». La salle de rédaction d’une télé, c’est terrible…essayez de vous concentrer avec une dizaine d’écrans allumés autour de vous parlant toutes les langues, des journalistes tous ou presque au bord de la crise de nerfs, voilà notre quotidien !!

"Appelez-moi Reza..."

Mais heureusement, il y a aussi le côté magique de ce métier. Incontestablement, ce sont les rencontres que l’on fait lors des interviews. Je me souviens d’un entretien avec le fils du Shah d’Iran, Reza Pahlavi. Je l’attendais tranquillement à l’entrée du studio en peaufinant mes questions lorsque j’ai vu arriver une dizaine de « men in black » avec talkie et oreillettes. Ils avançaient telle une masse compacte et ont envahi le studio. J’ai eu beau expliquer qu’avoir des gardes du corps plantés dans mon dos ne me facilitait pas le travail, rien à faire !   Sous leur regard noir, j’ai donc commencé l’interview : « Comment doit-on vous appeler ? Altesse ?». «Appelez-moi Reza», répondit tout simplement le fils du dernier Shah d’Iran dont le faste de la cour avait fasciné tout l’Occident.
Emotion aussi face à Robert Badinter. Comment ne pas être impressionnée quand vous devez interviewer celui qui a fait du combat contre la peine de mort, le combat de sa vie…Enorme personnage !

Et puis bien sûr, il y a les « risques » du direct. Un panneau qui tombe et qui vous rate de peu en pleine émission, un fou-rire qui ne vous lâche pas, un invité qui a eu un dîner trop arrosé avant le journal et qui ne se souvient plus trop pourquoi il est là…Tout ça arrive et arrivera encore…C’est ça aussi qui fait le charme de ce métier.

Aujourd’hui, comme on dit je suis addict, j’aime ce métier, c’est une passion. Enormément de travail, beaucoup de préparation et puis une grosse montée d’adrénaline juste avant le « 4, 3, 2,1, à vous pour le direct » !

Mais toujours une constante : avancer, progresser. Comme me le rappelle régulièrement Jean-Pierre Elkabbach : « Tu ne dois pas faire une carrière mais construire un destin ».