Opinions - 10.06.2016

Que faire pour booster l’investissement?

Que faire pour booster l’investissement?

Notre pays a perdu, suite à la révolution, de très nombreuses entreprises qui ont migré pour la plupart vers un pays voisin, certains avançant même le chiffre de mille ou mille cinq cents unités, avec les conséquences qui en découlent quant à l’augmentation du nombre de chômeurs. Pour y remédier, on doit concevoir, un code qui doit être le plus attrayant, le plus avantageux et le plus captivant de la région. C’est cela et uniquement cela qui peut attirer et encourager les investisseurs locaux et étrangers.

Cependant, ce code qui tarde à voir le jour car notre ARP semble ne pas tenir compte de cette compétition internationale, de cette course contre la montre, pour présenter le meilleur produit et les plus attrayants avantages imaginés et inventés par les compétences tunisiennes. D’ailleurs, une simple étude critique du Code de certains pays concurrents, peut nous orienter à améliorer sensiblement les privilèges que nous pouvons accorder aux investisseurs. Cela n’est certaineement pas suffisant car, indépendamment des avantages, essentiellement financiers, que doit proposer tout code d’investissement, il y a certainement l’environnement général des affaires et les procédures qui peuvent influencer, inciter et même stimuler tous ceux qui cherchent à fructifier leur investissement. Cet environnement concerne des facteurs décisifs  relatifs à la sécurité, à la stabilité politique, à la paix sociale, à l’existence d’une infrastructure adéquate, à la qualification, et au rendement des personnels sans oublier le degré d’efficacité, les procédures ou la lourdeur et les tracasseries administratives.

Il va sans dire que ces facteurs, essentiels et déterminants quant à la relance de l’investissement, concernent et l’Etat et certaines organisations sociales ainsi que les citoyens, surtout en ce qui concerne la sécurité.

A-La sécurité

c’est l’élément primordial qui préoccupe tout investisseur potentiel avant même de décider de l’éventualité d’une visite de prospection et d’intéressement quant à la destination *Tunisie* pour un hypothétique investissement. Aussi, l’Etat, les Organisations Nationales à caractère social, les partis politiques, le Peuple Tunisien sont concernés par ce facteur essentiel relatif à l’élimination totale du terrorisme de notre pays sans laquelle rien ne se fera quant au développement économique et social. Sans l’entière éradication du terrorisme, le chômage continuera à s’implanter et à s’amplifier dans notre pays et les régions de  l’intérieur ne verront pas ce rayon de soleil qui donnera cet espoir à la jeunesse qui a fait et réussi la révolution mais qui attend, depuis, la concrétisation des promesses reçues. Sans le retour d’une totale sécurité, telle que le pays avait connue durant des décennies malgré toutes les difficultés économiques et politiques rencontrées, notre pays ne pourra pas reprendre la place qui était la sienne, celle de l’exemple et du modèle. Dans ce domaine, le rôle du citoyen est capital car il est le premier policier, le premier garde national, le premier douanier, le premier soldat qui, gardien de cette terre généreuse, jaloux quant à la liberté et l’indépendance de son pays, fier de son histoire, est, là où il se trouve, le guetteur et le soldat d’avant-garde toujours en éveil et en permanence aux avant postes pour renseigner et informer nos forces de défense les plus proches, de toute présence suspecte ou de tout  étranger arrivé dans la région.

B- La stabilité politique

Il est inutile d’insister sur le fait que s’il n’y a pas de stabilité politique dans notre pays, s’il n’y a pas un gouvernement fort et apprécié qui tient bien le gouvernail du navire, qui rassure les nationaux et les étrangers, nous ne pouvons pas espérer voir les investisseurs se bousculer pour venir risquer leurs fonds dans un pays incapable de garantir sa stabilité politique, de rassurer et tranquilliser. Sur ce plan, la Tunisie fait des pas, quoique lents, mais assez sûrs.

C- La paix sociale

C’est là où le bat blesse car l’investisseur qui vient dans tout pays offrant une main d’œuvre supposée être  qualifiée et d’un rendement certain, n’est pas intéressé par les revendications sociales à tord et à travers, par les arrêts de travail anarchiques, pour n’importe quel motif, par des grèves pas souvent justifiées , et par des sit-in non règlementaires pour des prétextes futiles et surtout causant des pertes considérables au trésor du pays.

Les organisations sociales et elles sont nombreuses n’ont pas joué, suffisamment, le rôle qui est le leur, après la révolution, en vue de soutenir les entreprises qui faisaient travailler des dizaines de milliers de nos concitoyens, hommes et femmes, n’ont pas su encadrer leurs personnels pour veiller au maintien et au développement de ces entreprises, à la protection de celles-ci durant les premiers jours  de la révolution, à interdire tout arrêt de travail et toute revendication inappropriée survenant alors que le pays était en ébullition. Le résultat de cette indifférence, de ce laxisme, de ce désintérêt, de cette fuite en avant et de ce populisme qui ne sert et n’a servi à rien, ne s’est pas fait longtemps attendre et nous l’avons payé comptant puisque de nombreux investisseurs, dont énormément de tunisiens, sont partis entreprendre sous d’autres cieux, offrant des milliers de postes d’emploi à ceux qui ont cette *kanaa* que nos concitoyens ont, malheureusement, perdue depuis fort longtemps.

D’ailleurs la plus ancienne des organisations sociales s’occupant des travailleurs, celle qui prétend être la plus puissante par son amour pour la patrie, son intérêt au bien-être du citoyen, son soutien et appui à l’Unité du Peuple, par sa conviction de l’Union Sacrée de tous les Tunisiens, et par tout ce qui renforce notre pays et le rend invulnérable*, a-t-elle joué son rôle historique, suite à la révolution,  pour:

  1. interdire, durant quelques années et en attendant que le pays retrouve son calme, sa sérénité, sa quiétude et la plénitude de ses moyens, tout mouvement de grève abusif,
  2. encadrer les personnels des entreprises employant des dizaines de milliers de tunisiens et de tunisiennes pour plus de sérieux et d’abnégation en vue d’améliorer leur productivité,          
  3. veiller à rassurer les investisseurs qui ont fait confiance à notre pays en vue d’éviter tout arrêt de travail injustifié et ne pas profiter du désordre de la révolution pour présenter toute sorte de revendication sociale inappropriée étant donné la conjoncture,
  4. préparer l’ambiance et assurer l’investisseur *Peugeot* venu prospecter les lieux pour installer une grande usine en Tunisie offrant plus de vingt mille emplois permanents et qui est reparti, aussi vite qu’il n’était venu, s’établir non loin de chez nous, étant donné le constat qu’il a fait sur le milieu ambiant régnant en Tunisie ; et de cela, il semble qu’on n’aie tiré aucun enseignement;

Cependant, il faut être très fort pour ne pas tenir compte des rendez-vous électoraux, que ce soit dans les organisations sociales ou les partis politiques où le populisme, le laisser-faire et l’intérêt personnel l’emportent sur l’intérêt général, ne permettant pas aux responsables d’avoir le courage de prendre les décisions qui s’imposent.

D-Le savoir faire

En collaboration avec le Ministère de la Formation et de l’Emploi, pourquoi les syndicats ne pensent-ils pas encourager l’investisseur en lui proposant d’organiser des stages de formation ou de perfectionnement de quelques semaines, au profit des employés qu’il compte recruter, en attendant la fin des règles de procédure et le démarrage du projet ? Ceci peut-être considéré comme un plus offert à l’investisseur!!

E-La rentabilité : C’est dans ce domaine que le rôle des organisations sociales est capital car elles doivent donner à la culture du travail l’importance qu’elle mérite. En effet, il faut instaurer la culture du travail qui est destinée, essentiellement, au développement de la valeur du travail, cette valeur tant importante pour booster le développement social et économique, gagner le défi de l’emploi et protéger le capital humain, les institutions et les entreprises publiques et privées. D’autre part, la culture du travail est la clé de la réussite, tant aux niveaux personnel que professionnel, car elle est le premier facteur de motivation et de bien-être.

F-Les procédures administratives et les textes

Pour que notre pays puisse s’imposer parmi les pays les plus attractifs, les procédures de création d’entreprise ne doivent pas dépasser les trois ou quatre jours car si cela est possible ailleurs, il doit absolument l’être chez nous. A nos Grands Commis de l’Etat, et il doit y en avoir encore de brillants, de faire preuve d’ingéniosité pour alléger démarches, formulaires et autorisations administratives  car  tout cela peut être fait, en partie, à postériori, une fois le projet lancé. D’autre part, le livret du  nouveau Code d’Investissement doit être complet. Toutes les références et les textes d’application mentionnés dans le code doivent lui être joints et cela en vue d’éviter, à l’investisseur, perte de temps, ambiguité, embarras, incompréhension et découragement synonyme  d’abandon et de départ.           

Enfin l’investissement, créateur de richesses et moteur de l’économie, est désormais, un impératif. Mais que devons-nous faire pour être attractifs ? D’abord, créer un environnement propice à l’investissement et accorder aux investisseurs de meilleurs avantages qu’ailleurs, ensuite abréger les démarches administratives de création d’entreprise et enfin, les Tunisiens doivent  reprendre le travail et mettre fin aux mouvements sociaux anarchiques qui ne mènent nulle part et qui ont coûté cher à une économie déjà fragilisée  par la fuite des capitaux, la réticence des investisseurs et la délocalisation des multinationales. Pire encore, la Tunisie n’attire plus les investisseurs, qu’ils soient tunisiens ou étrangers. Ces derniers préfèrent d’autres destinations « plus sûres et plus rentables ».

Les partenaires sociaux, notamment les deux centrales syndicale et patronale, doivent assumer et jouer pleinement leur rôle constructif loin des escalades et des bras de fer, car il s’agit purement et simplement de l’avenir du pays, de sa souveraineté et de son indépendance.

Dans un pays où on s’endette pour créer des emplois improductifs, où les salariés désertent leurs lieux de travail et revendiquent de plus en plus des augmentations salariales alors que la croissance économique avoisine le zéro ou le un pour cent, nous n’avons plus d’autre choix que de retrousser nos manches, retravailler le samedi matin, interdire, par l’ARP si elle a le courage, les grèves durant au moins trois ans tout en essayant de faire baisser les prix des produits de première nécessité tels que ceux du couffin de la ménagère sinon bloquer ces mêmes prix.

Dans un pays où, pour la centième fois peut-être, une dizaine de jeunes demandeurs d’emploi, dont nous comprenons le désarroi et les difficultés mais qui ne justifient, en aucune manière, pareil comportement, sont capables d’arrêter la production  du champ minier de Metlaoui avec toutes ses conséquences, mettant en chômage forcé des milliers de travailleurs et occasionnant à l’Etat des pertes financières fort importantes, sans que le Gouvernement n’aie appliqué, immédiatement et sans perdre une minute, la Loi avec toute sa rigueur en traduisant, aussitôt , les fauteurs de trouble, devant la justice, alors…….je suis terriblement déçu et …...malheureux pour mon pays dont les valeurs peuvent être trainées dans la boue par n’importe qui et dont les règles ne sont respectées par personne . Je suis déçu par ce que le comportement de ces jeunes qui ont décidé, sans être inquiété le moins du monde par les pouvoirs publics, et défiant les autorités régionales et nationales, et s’en fichant de la Loi qui interdit d’arrêter les outils de production de la richesse, et que les médias internationaux l’ont certainement signalé aux quatre coins du monde.Il va de soit que cela n’encouragera aucun investisseur à venir se hasarder dans un pays où quelques jeunes peuvent, à leur guise, y faire la loi parce qu’ils se croient plus forts que l’Etat et son Gouvernement.

Quel environnement social allons –nous offrir à ces investisseurs ? A quoi a servi l’exemple de Petrofac ? Soyons sérieux et regardons les choses en face…..

Que Dieu veille et protége notre pays, la Tunisie Eternelle, qui mérite beaucoup mieux que cela.

Boubaker Benkraiem
Ancien Gouverneur

 

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