News - 08.05.2016

Il faut sauver Sfax, capitale de la Culture arabe !

 Il faut sauver Sfax, capitale de la Culture arabe !
A quelques semaines seulement du coup d’envoi en juillet prochain des manifestations célébrant Sfax, capitale de la Culture arabe, le comité d’organisation, conduit par Samir Sellami, décide dans sa majorité de jeter l’éponge. Une démission, que Sellami explique comme un "cri d’alarme" contre « un contexte magmatique » et une « multiplication d’interférences », en plus du manque d’appui indispensable. En allumant ces de feux de détresse, les démissionnaires affirment qu’ils ne se dérobent guère de la responsabilité qui leur a été confiée, mais ne sauraient l’assumer et la réussir dans les conditions actuelles. Laissant la société civile et les bonnes volontés s’y débattre toutes seules, les autorités régionales n’ont pas réussi ni à anticiper la rupture, ni à renouer les fils. 
 
"Le gouverneur qui s’est déjà distingué par son inaptitude à désamorcer les crises (Hôpital de Sfax, Petrofac, etc.) était plutôt à la manœuvre par ailleurs, souligne à Leaders un proche du dossier. A Sfax, poursuit-il, le temps est loin de celui de grands gouverneurs comme Ezzine Mohsen, les Bellamine et autres Ameur Ghedira, et de grands Maires de la Ville, à l’instar d’un Tijani Makni, qui volaient au secours de la moindre manifestation, pour colmater les brèches, renforcer les rangs et mobiliser les énergies en grand appui". "Une fois de plus, la région est plutôt victime d'un clanisme attisé à dessein" souffrent nombre d'habitants, interrogés par Leaders.
 
Animée d’une grande volonté de réussir cette célébration, la ministre de la Culture et de la Préservation du Patrimoine, Sonia Mbareks vu ses multiples tentatives de repêchage encore loin d'aboutir à une sortie de crise effective. Pourtant, tous, à Sfax, comme à Tunis, et ailleurs, sont à la recherche des solutions appropriées.

Des principes directeurs à respecter

Sollicités par la Ministre Mbarek pour favoriser le dénouement de la situation, des figures emblématiques, notamment Mansour Moalla, Abdessalem Kallel et autres ont essayé d’y voir clair. Les constats sont multiples, mais ce sont leurs recommandations qui sont pertinentes à retenir pour recadrer la manifestation et la relancer :
  • Il s’agit d’une manifestation nationale, et non régionale, qui a pour foyer la Ville de Sfax, devant rayonner sur l’ensemble de la région (toutes les délégations) mais aussi l’arc des gouvernorats avoisinant, allant de Mahdia à Gabès, en passant par Kairouan et Sidi Bouzid. 
  • Cette manifestation doit être portée par une institution, sous forme d’une association légalement constituée, avec des statuts, un règlement intérieur, des organes de gouvernances, à commencer par un comité directeur.
  • Dans ses opérations et gestion, l’association s’appuie sur une administration, indépendante de l’appareil du ministère de la Culture qui sera cependant mis à contribution, avec notamment un directeur exécutif, des directeurs délégués, un Inspecteur des Finances et un Contrôleur des dépenses. La direction exécutive sera soutenue, sur le plan technique et opérationnel, par les représentants des différents ministères et organismes concernés par le déploiement du programme et l’organisation des manifestations (Intérieur, Défense, Affaires locales, Tourisme et Artisanat, Transport, Environnement, etc.)
  • La manifestation comprend des infrastructures à réaliser (par l’Etat et d’autres concours) et des programmes à concevoir, en lançant un large appel à la société civile, aux institutions et entreprises culturelles, compagnies artistiques, musicales, théâtrales, d’animation et tout artiste-peintre, sculpteur, poète, nouvelliste, romancier, historien, chercheur, créatif, designer et autre. Un principe clair doit être adopté pour fixer la prise de participation à engager dans le financement de chaque action retenue et un contrat est nécessaire à signer.
  • Un effort marketing est à entreprendre pour organiser un club de partenaires, avec diverses catégories de sponsoring, parrainage, fournisseur officiel, etc.
  • Un budget est indispensable à élaborer et faire valider par le ministère de la Culture (quitte à créer un fonds de concours alimenté par d'autres ministères et organismes, le conseil régional, la municipalité, etc.) qui précisera contractuellement le montant de ses engagements financiers et les modalités de leur déblocage.
Ces recommandations soulignent en grande partie les carences relevées, notamment l’absence d’une structure institutionnelle légale, organigramme avec un comité directeur, une direction exécutive, etc., un budget validé, un calendrier de déblocage des crédits, etc.
Sans désespérer, la ministre de la Culture, reprend ses contacts. La base de la solution se trouve dans les recommandations énoncées. Mais, à qui transmettre le flambeau pour faire aboutir le projet et dans quelles conditions?

Ne gâchons pas la Fête

Il est évident qu’il n’est guère acceptable de faire triompher un clan par rapport à l’équipe sortante (qui reste à remercier pour l'effort fourni) ou d’imposer une solution administrative concoctée à Tunis. Tout doit redémarrer à partir de Sfax et reposer sur la société civile dans un contrat de partenariat public-société civile. Les bonnes volontés, de grande sagesse, mais aussi des mécènes généreux, ne manquent pas dans la région. Elles répondront sans doute présent pour écouter les parties concernées, examiner le dossier en profondeur et trancher afin de concevoir le plan urgent de relance et se prononcer sur la nouvelle équipe de concordance et d’efficience.
 
Le grand défi sera le temps : les délais sont en effet très courts. Mais, Sfax, libérée de toute tutelle, nous a habitués à de grandes performances en très peu de temps. La Fête sera alors totale, ne la gâchons pas.
 
Taoufik Habaieb
 
 
 
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