Ghannouchi : S’attaquer au chef du gouvernement, c’est s’attaquer au peuple tunisien tout entier
Le chef d’Ennahda Rached Ghannouchi a fermement condamné l’envahissement de l’allée du palais de la Kasbah, par des éléments de syndicats sécuritaires qui ont scandé des slogans hostiles à leur directeur général et au chef du gouvernement, appelant à leur départ. « Aucune revendication sociale, aussi légitime qu’elle puisse l’être, ne saurait tolérer l’atteinte à l’autorité de l’état. S’attaquer au chef du gouvernement, c’est s’attaquer au peuple tunisien tout entier », a-t-il martelé. Donnant le coup d’envoi des congrès régionaux de son parti, samedi après-midi à Tunis, Rached Ghannouchi était visiblement fort outré par ce qui s’était passé à la Kasbah. Prompt à monter personnelement au créneau, il a condamné ces actes et apporté le soutien de son mouvement à Habib Essid, mettant en garde contre "pareils débordements inacceptables".
Face aux atermoiements
Les propos sont perçus comme un message clair adressé aux initiateurs de cette « fronde». Jusque-là, nombre de dirigeants d’autres partis politiques se sont confinés dans des termes laconiques. De son côté, le gouvernement a fait preuve de retard et de mollesse dans sa réaction, se contentant de saisir la justice. Quant au ministère de l’Intérieur qui a mis trois jours pour réagir, il se contente d’annoncer "l’engagement de mesures règlementaires contre ceux dont responsabilité sera établie". Point de suspension du moins de ceux qui ont cédé le passage aux manifestants ni de ceux qui ont violé les dispositions de l’état d’urgence! Un ton très conciliant qui ne correspond pas à la gravité des actes commis et n’incarne guère l’autorité de l’État. Ghannouchi, lui, use alors de son magistère pour lancer une mise en garde à peine voilée.
Sous le signe de la Réforme
Ghannouchi devait dans son discours faire rôder les thématiques du prochain congrès d’Ennahdha dont la date officielle n’est pas encore fixée (avant le ramadhan, probablement). En le plaçant sous le thème de la Réforme : réforme du parti et réforme de l’État, il augure de la nouvelle mutation que doit accomplir le parti. « Ca sera un parti moderne, dédié à l’action politique, affirmera-t-il. Notre mouvement est fier de ses réalisations, mais n’est pas pour autant exemplaire. Il a besoin de davantage de réformes et mises au point pour coller encore plus à la réalité ».
Rached Ghannouchi a rappelé à ses troupes que la « bataille de l’identité a été déjà tranchée». «Nous sommes alignés sur notre grande Constitution, a-t-il souligné, et notre islam est l’islam modéré». La réforme de l’Etat constitue selon lui le grand défi à lever pour entretenir la flamme de l’espoir et faire triompher les idéaux de la révolutions ».
Sur un autre registre en mode le grand pardon, qui a cependant enflammé les réseaux sociaux au sujet de ce meeting, la présence au podium d’un « envoyé de Nidaa Tounès ». Prenant la parole, il a présenté « les excuses de les plus plates à tous les membres d’Ennahdha pour les peines subies et les souffrances endurées sous les deux régimes précédents successifs ». Qui l’a mandaté pour porter ce message et que valent ses propos? se sont demandé les internautes.