News - 31.01.2016

Clôture du 26e Sommet de l'Union Africaine

Clôture du 26e Sommet de l'Union Africaine

Addis-Abéba, de l'envoyé spécial de Leaders Abdelhafidh Harguem - Les travaux du 26e Sommet de l'Union Africaine ont pris fin dimanche à Addis-Abéba, au terme de débats dominés par les problèmes récurrents de paix et de sécurité, la montée de la menace terroriste sur le continent, la position à adopter face à la Cour Pénale Internationale (CPI), et les sources de financement de l'Agenda 2063, programme d'action pour les 50 années à venir, ayant comme objectif la construction d'une "Afrique intégrée ,pacifique, dirigée par ses propres citoyens et présentant une force dynamique sur la scène internationale".

Le thème central du Sommet, à savoir "Année 2016, année africaine des droits de l'Homme, avec un accent particulier sur les droits de la femme" n'a été abordé, en fait, que dans les discours de la présidente de la Commission Africaine et des chefs de délégation ainsi que dans les volumineux documents préparés pour la circonstance, abondant tous dans un même sens: agir en vue de promouvoir les droits de l'Homme selon une approche globale, assurer l'autonomisation de la femme et combattre les inégalités entre les sexes. Il aura servi d'annonce aux festivités et différentes manifestations qui marqueront toute l'année 2016 autour des droits de l'Homme et des droits de la femme en Afrique.

Paix et sécurité

Le Conseil Paix et sécurité, formé de 15 membres élus devait débattre,la veille du Sommet ,au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement ,de la situation politique et sécuritaire dans certains pays, et notamment au Burundi.

Depuis des mois, l'Union Africaine tente de trouver un règlement à la crise au Burundi  provoquée par l'amendement constitutionnel qui a permis au Président Pierre Nkurunziza de remporter un troisième mandat. Face à la multiplication des violences et l'exode massif de Burundais vers le Rwanda voisin et invoquant les répressions sanglantes (certains médias Occidentaux parlent de"génocide), l'Union Africaine s'est dite disposée à envoyer dans ce pays une force de stabilisation, pouvant aller jusqu'à 5000 Hommes.

C’est tout d’abord le Burundi,élu récemment membre du Conseil Paix et Sécurité de l'Union,qui empêche le déploiement de cette force militaire. Le Gouvernement burundais a même menacé : « Si les troupes de l’UA venaient sans l’aval  du gouvernement, il s’agirait alors d’une force d’invasion et d’occupation ».

L’UA n'étant jamais intervenue sans l’aval des autorités locales, les chefs d'Etat et de gouvernement devait trouver une sortie à cette impasse. La décision qu'ils ont adoptée est en fait un non sens et pure phraséologie.C'est que beaucoup de pays sont tout simplement contre l'envoi de cette force, particulièrement le Rwanda.

Selon cette décision,une délégation de haut niveau sera dépêchée à Bujumbura pour entreprendre des consultations au sujet de la mission de stabilisation de l'UA.

Au cas où les autorités burundaises accepteraient de recevoir sur leur territoire cette force armée, celle-ci aura pour tâche de désarmer les milices, récupérer les armes détenues de manière illégale, assurer en coopération avec les forces de police locales la protection des populations et faciliter les missions des organisations des droits de l'Homme. Ce sera peine perdue.Les autorités du Burundi s'obstineront à refuser une telle mission.

D'ailleurs, Leaders apprend de source informée que le Vice-President du Burundi a indiqué que seules les consultations allant dans le sens de l'encouragement d'un dialogue politique inclusif entre Burundais seraient les bienvenues.

La montée du terrorisme

Sujet de préoccupation, le terrorisme est désigné comme "un mal général" atteignant même les pays qui ne sont pas visés par ce fléau. Ses effets néfastes et dévastateurs sur la stabilité, la sécurité et l'économie des états Africains sont mis en exergue par nombre de chefs de délégation. Le terrorisme frappe au Nigeria dont les progrès dans la lutte contre le nébuleuse "Boko Haram" sont salués,mais aussi dans la région du Sahel, en Somalie, en Égypte, en Libye, en Tunisie et dans d'autres pays du continent.

Une plus grande coopération inter africaine dans la lutte antiterroriste est fortement recommandée par plusieurs intervants, apprend Leaders, notamment en matière d'échange de renseignement sur les réseaux terroristes.

Le ministre des affaires étrangères Khemais Jhinaoui qui représentait la Tunisie au Sommet a mis en relief les dangers de ce phénomène transnational, rappelant les actes terroristes dont le pays a été la cible.

Il a souligné que la Tunisie a adopté une approche globale dans son combat contre le terrorisme en s'employant à l'extirper à ses racines,à démanteler ses réseaux et à faire tarir ses sources de financement.

La CPI 

La CPI est devenue un sujet récurrent dans les débats des instances de l'Union Africaine depuis les poursuites engagées par cette Cour contre le Président soudanais Omar Al Bachir qui, en faisant le déplacement à Addis-Abéba, savait qu'il ne vivrait pas le cauchemar de Johannesburg, l'Ethiopie n'étant  pas un État partie du Statut de Rome portant création de cette juridiction permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l'humanité, de crime d'agression et de crime de guerre.

C'était l'occasion pour le Soudan et d'autres États solidaires de Al Bachir de dénoncer l'attitude de la CPI, accusée d'appliquer une politique du double standard en ne focalisant son attention que sur l'Afrique.
Lors d'une brève conférence de presse à la clôture du Sommet, le Président tchadien Idriss Déby, président en exercice de l'UA a même parlé d'acharnement de la CPI contre l'Afrique, cette juridiction continuant à fermer les yeux sur des actes graves commis dans d'autres continents. Il a fait savoir que la position des États africains serait adaptée à la conduite de la CPI à l'égard de l'Afrique.

Les sources de financement

Comment financer les programmes d'action de l'Union Africaine, et notamment ceux inscrits dans le cadre de la mise en œuvre de l'Agenda 2063, projet fort ambitieux couvrant les différents domaines, en dehors des cotisations des États membres?Comment mobiliser pour le budget de 2016 des fonds s'élevant à près de 440 millions de dollars pour la réalisation des projets de l'Union? Quelles sources de financement alternatives faut-il envisager pour atténuer la dépendance de l'Union Africaine vis à vis des partenaires et des bailleurs de fonds ( Europe, Chine, Japon...)?

Telles sont les questions sur lesquelles se sont penchés les ministres des affaires étrangères pendant leur retraite qui avait précédé la réunion du Conseil Exécutif puis les chefs d'Etats et de gouvernement lors de leur séance à huis-clos.

Une réunion spéciale des ministres africains des finances est proposée pour trouver des solutions pratiques au problème de financement des programmes de
l'Union.

L'année des scrutins

Après Addis-Abéba, rendez vous est pris en juin prochain à Kigali, la capitale du Rwanda pour le prochain Sommet. D'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts.17 pays connaîtront cette année l'effervescence des élections présidentielles et législatives dont certaines auront lieu au cours de ce premier semestre.

Souvent en Afrique, les scrutins sont porteurs de crises (manipulations constitutionnelles, fraudes électorales, affrontements sanglants...). L'Union Africaine y dépêchera des observateurs. La démocratie triomphera -t- elle, ou bien verra - t-on s'allonger la liste des crises sur le continent?

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